Brownlee Thomas, de la firme Forrester Research, estime que l’inclusion des dispositifs personnels au travail sera plus prononcée au cours des prochaines années. Inévitablement, les projets de convergence des communications devront englober les appareils mobiles.
Dans le cadre d’une conférence spéciale du regroupement sectoriel Réseau Action TI-Montréal, Brownlee Thomas, analyste principale à la firme de recherche Forrester Research au Canada, a affirmé que les impacts de la mobilité sur les pratiques commerciales des organisations seront aussi importants que ceux causés par Internet.
Mme. Thomas a indiqué que les besoins liés aux appareils et aux applications mobiles variaient selon les groupes d’employés au sein d’une organisation, tout comme le niveau de soutien qui est fourni à cet effet. D’une part, des travailleurs de l’information sont soutenus par le département informatique et des exécutants de tâches ont leurs appareils mobiles et leurs applications dédiés. D’autre part, des travailleurs intéressés utilisent leurs appareils mobiles au travail sans soutien informatique formel tandis que des « non-conformistes » (mavericks) choisissent, achètent et utilisent des appareils et des applications avancées pour le travail.
En parallèle, les décideurs, les employés et les responsables des TI d’une organisation ont des exigences différentes en matière de mobilité. Par exemple, ces personnes préfèrent respectivement des appareils productifs, des appareils « tendance » et des appareils standardisés.
Voir la vidéo : Appareils mobiles en entreprise : Trois défis à considérer
consumérisation croissante
Surtout, Mme Thomas a souligné que l’approvisionnement, la planification, l’exploitation et la gestion des technologies de l’information au sein des organisations devenaient plus compliqués en raison de laconsumérisation des TI. Les employés, qui s’intéressent de façon personnelle aux appareils pouvant être liés au Web, à l’infonuagique, aux logiciels et aux services en ligne grand public, aux réseaux sociaux et au contenu multimédia, aimeraient bien que leurs employeurs en fassent tout autant…
En conséquence, Mme Thomas a affirmé que l’inclusion des dispositifs personnels aux fins du travail, selon l’approche nommée bring your own device en anglais, fera partie de la stratégie des organisations face à la consumérisation des TI. L’analyste a indiqué la firme Forrester Research avait prédit qu’en 2016 350 millions d’employés à travers le monde utiliseraient des téléphones évolués, mais que 200 millions d’entre eux utiliseraient leurs appareils personnels pour le travail.
« 8 % des décideurs au niveau des technologies s’attendaient à ce qu’un programme “apportez votre dispositif personnel” soit implanté d’ici la fin de 2012, alors que 18 % disaient avoir établi une stratégie liée à la présence d’appareils personnels au sein de leurs organisations », a indiqué Mme Thomas, en évoquant un sondage réalisé en 2011.
À l’aide d’un autre sondage réalisé cette fois-ci auprès de décideurs en TI au Canada, Mme Thomas a indiqué que des organisations, à divers niveaux soutenaient déjà divers systèmes d’exploitation mobiles pour la fourniture à leurs employés du courriel et de calendriers, de certaines applications commerciales de collaboration ou d’accès par réseau privé virtuel. Également, 58 % de ces mêmes décideurs s’attendaient à permettre aux employés d’utiliser leur propre téléphone évolué au travail en 2012 et que 15 % envisageaient une forme similaire de permission pour les ordinateurs personnels.
« À l’échelle mondiale, 25 % des appareils utilisés par les employés pour le travail sont des téléphones évolués ou des tablettes électroniques. Également, 37 % des appareils mobiles et des ordinateurs personnels qui sont utilisés par les employés aux fins du travail ne sont pas de l’environnement Windows », a noté Mme Thomas.
Soutien variable des appareils personnels
Toutefois, le niveau de soutien pour les appareils mobiles personnels des employés varie d’une organisation à l’autre et d’un secteur d’activité à l’autre. Lors d’un sondage nord-américain qui a été réalisé en 2011 auprès de décideurs en TI par Forrester, 18 % des entreprises du secteur de la fabrication, 15 % des entreprises du secteur des services financiers et de l’assurance et 12 % des organisations du secteur public et du secteur de la santé ont dit que tous les types d’appareils mobiles de leurs employés étaient soutenus officiellement par le département informatique.
D’autre part, 8 % des entreprises du secteur de la fabrication, 9 % des entreprises du secteur des services financiers et de l’assurance et 12 % des organisations du secteur public et du secteur de la santé auraient indiqué qu’un soutien limité était fourni de façon informelle pour certains types d’appareils mobiles des employés.
Toutefois, 21 % des entreprises du secteur de la fabrication, 30 % des entreprises du secteur des services financiers et de l’assurance et 29 % des entreprises du secteur public et du secteur de la santé auraient indiqué qu’aucun soutien n’était fourni pour les appareils mobiles des employés.
Enfin, 8 % des entreprises du secteur de la fabrication, 14 % des entreprises du secteur des services financiers et de l’assurance et 6 % des organisations du secteur public et du secteur de la santé auraient indiqué que l’utilisation d’appareils mobiles personnels était interdite de façon explicite dans leur politique liée aux TI.
La convergence des communications et la mobilité
Mme Thomas a informé l’auditoire que l’évolution des technologies de communication et la consumérisation des appareils mobiles créeront ensemble de nouveaux défis de nature technologique au sein des organisations.
L’analyste a confirmé que la convergence était la voie de l’avenir au niveau des communications, avec une évolution au niveau de la voix et de la collaboration qui est fondée présentement sur les postes de table. « La mobilité constitue un élément central des initiatives de convergence », a souligné Mme Thomas.
Mme Thomas a indiqué que le sondage réalisé auprès de décideurs en TI d’entreprises canadiennes avait révélé que 29 % des organisations avaient implanté ou réalisé en 2011 un projet pilote de convergence des communications et que 7 % envisageaient de réaliser une convergence au cours des douze mois suivants. Or, respectivement, 17 % et 3 % des organisations interrogées auraient dit être actives en matière de convergence mobile.
« 26 % des organisations interrogées ont dit que l’absence d’une intégration transparente sur plusieurs appareils constituait un grand défi en convergence mobile. Aussi, 21 % des répondants ont dit que la non-possession par les employés d’un téléphone évolué constituait un défi important », a indiqué Mme Thomas.
En fin d’allocution Mme Thomas a mentionné quelques solutions que les organisations doivent considérer lors des projets de convergence des communications au moyen d’appareils mobiles, dont l’adoption d’un numéro unique, l’uniformisation des fonctions sur tous les appareils technologiques des employés et le recours à des appareils bimodes qui basculent d’un réseau mobile à un réseau local et vice versa.
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Jean-François Ferland est rédacteur en chef adjoint au magazine Direction informatique.