Alain Lemieux, président-directeur général de la firme Epsilia, est la personnalité du mois d’octobre 2010 en TI au Québec.
Fort d’une longue expérience des technologies de l’information, Alain Lemieux n’a mis que quelques années à faire de son entreprise un leader de la traçabilité, dont la réputation dépasse les frontières du Québec.
En 2007, la firme trifluvienne Epsilia se voit confier un projet par l’abattoir bovin Colbec, situé à Saint-Cyrille-de-Wendover. La firme est alors chargée de concevoir un système de traçabilité permettant à un client japonais de l’abattoir – une chaîne de 3 000 restaurants – de connaître la provenance précise de ses pièces de viande et l’âge des bêtes concernées. Au bout d’une année et demie de recherche, Epsilia accouche d’une solution que le client s’empresse d’accepter.
Ce projet suscite beaucoup d’intérêt. La multinationale Motorola mandate une équipe pour étudier la solution, et le RFID Journal, qui fait autorité en matière d’identification par radiofréquence, publie un reportage sur le sujet et demande à Epsilia de présenter la solution lors d’un congrès à Orlando, en Floride. Cette visibilité met en lumière le travail de l’entreprise trifluvienne qui, déjà, fait figure de leader de la traçabilité au Québec, travaillant auprès d’entreprises de divers secteurs.
Le succès d’Epsilia s’est traduit par une croissance de 28 % lors du dernier exercice financier. Selon les projections de la direction, la croissance de l’entreprise devrait se maintenir entre 25 % et 35 % au cours des trois prochaines années. Impressionnants, ces chiffres le sont d’autant plus qu’Epsilia n’a débuté dans le domaine qu’au début des années 2000.
Des communautés religieuses à la traçabilité
Au départ, rien ne destinait le président-directeur général d’Epsilia, Alain Lemieux, à mener une carrière dans la traçabilité. Natif de la région de Shawinigan, il débute au sein même de cette entreprise en 1985 en tant que programmeur-analyste puis, trois ans plus tard, achète la firme qui l’emploie. Jusqu’en 1997, cette dernière travaille principalement auprès des communautés religieuses, pour qui elle conçoit des outils de gestion.
« Mon université à moi a été les communautés religieuses, considère-t-il. Être informaticien est une chose, mais apprendre les rouages des affaires, c’en est une autre. »
Collaborant avec Samson Bélair Deloitte Touche, qui vérifie les états financiers des communautés, il apprend à connaître à fond le monde de la gestion.
À la fin des années 1990, un ingénieur qui travaille pour un abattoir de porcs lui propose de se lancer dans la traçabilité. Étudiant les possibilités offertes par ce domaine, Alain Lemieux constate que ce secteur est porteur, de nombreuses organisations de tous les secteurs éprouvant le besoin d’intégrer à leurs processus des solutions permettant de suivre leurs produits à la trace. Il réalise aussi que les normes ISO accordent une grande importance à ce concept.
Forte d’une longue expérience des TI et d’une solide réputation, Epsilia entreprend ainsi des activités de R&D en traçabilité dès 2001. La décision s’est avérée payante. Cela paraît évident avec le recul, mais il fallait quand même une certaine dose de témérité pour se lancer corps et âme dans un secteur inconnu au départ.
« Je suis un entrepreneur, un fonceur et j’aime innover, explique-t-il. Je me considère comme un généraliste. Aussi, lorsqu’un grand nombre de concurrents peuvent offrir le même produit que moi, et que seul le prix est un différentiateur, je me dis que je perds mon temps et mon énergie. »
Il estime avoir été beaucoup aidé par le fait que le gouvernement du Québec ait établi Agri-Traçabilité Québec au début des années 2000 .
« Il n’y a aucune autre structure de traçabilité aussi évoluée au pays, dit-il. Le modèle québécois fait référence dans le monde. » Aussi, Epsilia et Agri-Traçabilité travaillent-ils conjointement à mettre en place les éléments nécessaires pour faire reconnaître davantage l’expertise québécoise en traçabilité et l’exporter à travers le monde.
À cet égard, Epsilia vise d’abord le marché canadien hors Québec et, en deuxième lieu, l’Amérique du Sud avec qui, en tant que Québécois, nous partageons des affinités culturelles, estime Alain Lemieux, qui a déjà participé à titre d’expert à un colloque sur la traçabilité au Chili. Les perspectives d’avenir paraissent très bonnes. Le PDG entend maintenir les efforts de l’entreprise en matière de R&D de façon à conserver l’avantage concurrentiel qu’elle s’est donné. Sa confiance est palpable, car pour lui, un tour d’horizon de ce qui fait ailleurs sur la planète en traçabilité conduit immanquablement au Québec.
Pour en arriver là, il a fallu des années de travail, certes, mais également l’aplomb d’un homme d’affaires déterminé.
Le choix de la Personnalité du mois en TI au Québec est le fruit d’une collaboration entre le Réseau ACTION TI, Direction informatique et de nombreux partenaires de l’industrie.