Grâce à cet outil gratuit, il est dorénavant possible de créer une même application pouvant être exploitée à partir d’un fureteur Internet ET localement, sur un poste client.
Il y a plusieurs avantages à exploiter une application Internet riche (Rich Internet Application ou RIA en anglais) au niveau du poste client. Cela permet de tirer profit des bases de données et des autres applications auxquelles l’utilisateur a recours localement et donc d’adapter l’application à ses besoins spécifiques. Une application Internet riche propose des fonctionnalités étendues, tirant profit de contenus multimédias variés, dans un cadre d’utilisation très convivial, donc plus productif.
« Les applications Internet riches sont le type d’applications que les utilisateurs apprécient le plus : elles sont invitantes, dynamiques et facilitent l’interaction avec les données, les images, les vidéos, etc., explique Adrian Ludwig, responsable de groupe, marketing des produits, chez Adobe. Lorsqu’elles sont exploitées localement, on peut plus facilement leur soumettre des données et utiliser d’autres applications en arrière-plan, ce qui est beaucoup plus difficile lorsqu’on les utilise à partir d’un fureteur Internet. »
Mais jusqu’à tout récemment, pour permettre à une telle application d’être exploitée localement, en plus de l’être sur Internet, il fallait créer deux versions distinctes de la même application, ce qui demandait le double d’efforts de la part du développeur. « Ça pouvait prendre plusieurs mois et coûter des millions de dollars à une entreprise pour transformer une application Internet en une application exploitée localement, ce qui fait que c’était seulement à la portée des très grandes firmes de logiciels », affirme M. Ludwig.
Mais voilà qu’Adobe propose depuis peu un outil gratuit très pratique qui, tel un adaptateur, permet de porter une application Internet riche sur un poste client et de l’exploiter comme tel et, donc, de faire d’une pierre deux coups. Une même application, deux environnements d’exploitation différents, avec toutes les possibilités de personnalisation que cela suppose. Cet outil, dont la version 1.0 a été dévoilée à la fin de février, se nomme AIR.
Il s’agit, en fait, d’un moteur d’exécution pour environnements d’exploitation multiples, permettant de combiner les technologies HTML et Ajax ainsi que Flash et Flex d’Adobe au niveau d’une même application, ce qui facilite son déploiement sur les postes client. Supportant les plateformes clientes Windows 2000, XP et Vista et Mac OS X v10.4 et 10.5, AIR peut être utilisé avec d’autres produits d’Adobe, dont certains ne sont pas gratuits, tels que Dreamweaver CS3, Flex Builder 3 et Flash CS3 Professionnal.
Cela dit, l’utilisation d’AIR ne requiert pas l’achat d’un autre produit d’Adobe pour fonctionner, bien que cela permette d’en hausser le potentiel. Le fabricant compte évidemment sur cette plus value pour faire son pain et son beurre. « Adobe a une longue tradition de donner de la technologie et de vendre, en retour, d’autres technologies complémentaires de l’écosystème, qui viennent se greffer à cette technologie et en étendent les capacités, de même que des services et des applications spécifiques », résume M. Ludwig.
Disponible uniquement en version anglaise, AIR peut être téléchargé à partir du site d’Adobe. Une version pour la plateforme Linux sera bientôt disponible.
Clients de la première heure
Bien que la solution soit récente, la version bêta a été dévoilée en mars 2007, plusieurs entreprises prestigieuses l’ont déjà intégrée à leur environnement technologique. C’est notamment le cas de la Deutsche Bank, de Nasdaq Stock Market, d’AOL, d’eBay et de The New York Times, qui l’ont utilisée pour bâtir avec des applications hautement personnalisées destinées à leurs clients.
Plus près de nous, il y a Poly9 Group, une jeune firme de développement de Québec qui se spécialise dans les applications Web de type mashup. Comme leur nom l’indique, ces applications sont construites à partir de données et de services Web fournis par des applications tierces. Pour l’heure, le catalogue de l’entreprise comprend des applications de cartographie en ligne, intégrant des données fournies notamment par Google, Yahoo!, Pages Jaunes et Transport Québec. L’entreprise, qui emploie cinq personnes, propose aussi des applications téléphoniques Web.
Les interfaces de programmation (API) des applications Internet, qui ont été rendues disponibles il y a quelques années, sont aussi mises à profit par la firme dirigée par Greg Sadetsky, qui en est le président et cofondateur. Les clients de l’entreprise, qui a conclu des ententes de partenariat avec les entreprises qui lui fournissent les données, sont principalement américains.
M. Sadetsky ne tarit pas d’éloges à l’endroit du nouvel outil d’Adobe qui lui permet de faire plus en moins de temps et à moindre coût et, donc, d’être plus efficient. « L’atout se situe au niveau de la récupération de l’investissement, résume-t-il. Ça permet un cycle de développement plus court. En tant que développeur, on ne veut pas passer notre temps à réinventer la roue. […] Avant, il fallait faire deux processus de développement parallèles. Maintenant, ce n’est plus nécessaire : on développe une seule fois, puis c’est la même application. C’est une union totale et complète du Web avec le bureau. Ça permet une économie de 100 %. […]
« Et un des problèmes majeurs dans le domaine du logiciel, c’est le déploiement des applications, dont on se préoccupe peu et qui est néanmoins crucial pour tout logiciel qu’on prévoit utiliser longtemps. Avec les logiciels binaires, c’est particulièrement laborieux, alors qu’avec les applications Internet riches, le problème ne se pose plus : on obtient des plateformes entièrement standardisées et compatibles et les mises à jour se font à partir des serveurs. »
Grâce à AIR, les applications peuvent dorénavant être utilisées en mode déconnecté, ce qui est particulièrement apprécié des spécialistes de la cartographie qui n’ont pas toujours accès à Internet. C’est d’ailleurs ce qui explique la spécialisation de la firme.
« On peut fonctionner de façon aussi efficace en mode connecté qu’en mode déconnecté, dans quel cas la synchronisation des données se fait automatiquement lorsque l’utilisateur se connecte, explique M. Sadetsky. […] Dans le domaine de la cartographie, les gens sont fréquemment sur le terrain et déconnectés d’Internet. AIR donne la flexibilité de construire des applications Internet pour des gens qui ne sont pas toujours connectés à Internet. »
Alain Beaulieu est adjoint au rédacteur en chef au magazine Direction informatique.
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