Plus que jamais, les organisations cherchent à intégrer à leur effectif TI des personnes sachant tirer avantage des technologies au profit des affaires.
Il y a plusieurs années que l’on demande aux spécialistes TI de mieux communiquer avec les gens d’affaires. Aujourd’hui, les organisations vont plus loin et recherchent des technologues capables de contribuer à leur succès de façon déterminante.
« Les compétences transversales – savoir communiquer et travailler en équipe, être attentif aux besoins des clients et privilégier une approche consultative, notamment – étaient déjà très recherchées à la fin des années 90 », indique Sylvie Gagnon, directrice générale de TECHNOCompétences. « Il s’agit d’une tendance lourde, qui a cours dans l’ensemble de la société et non pas seulement dans les TI », précise-t-elle.
Sylvie Gagnon
Annie Thibodeau, directrice générale de l’Association québécoise des informaticiennes et des informaticiens indépendants (AQIII) estime que le métier est devenu de plus en plus exigeant, que le marché a besoin d’une main-d’œuvre « qualifiée et éduquée », formée de spécialistes de haut niveau qui comptent une expérience d’une quinzaine d’années et, idéalement, parlent le langage des affaires. « De plus en plus, ceux qui ne seront pas adaptés à cette réalité seront mis au rancart. »
Dans ce contexte, des compétences relatives à la collaboration, à la communication intergénérationnelle et à la connaissance de secteurs d’activités particuliers deviennent essentielles. La vice-présidente de la formation du CRIM, Gisèle Larue, rappelle qu’à l’ère de la génération 2.0, marquée par de nouveaux outils et les réseaux sociaux, il faut aussi développer le travail collaboratif.
Annie Thibodeau
Pour ce faire, il est impératif que les spécialistes TI tiennent compte de la diversité culturelle, comprennent les affaires et sachent communiquer efficacement. Le travail collaboratif, expression qui remplace peu à peu le terme « gestion des connaissances », permettra de préparer la relève dont nous aurons bientôt besoin, précise-t-elle. D’ailleurs, le CRIM a établi des partenariats avec des institutions d’enseignement comme l’UQÀM et le Centre national d’animation et de design (NAD) afin de mieux développer les profils multidisciplinaires recherchés, en offrant des formations qui couvrent à la fois les spécialités technologiques et les compétences transversales.
Selon Pierre Hamel, premier vice-président, Développement professionnel, chez Fujitsu Canada, les affaires et les TI demeurent « deux mondes à rapprocher ». Les compétences purement technologiques ne font pas défaut, croit-il, du moins à l’échelle internationale. Les organisations recherchent plutôt des spécialistes qui les aideront à réduire leurs coûts, à accroître leur efficacité et leur agilité, et à faire face aux soubresauts du marché et à l’évolution de leur industrie. Autant dans le secteur public que privé, ces personnes doivent pouvoir contribuer à refaçonner l’organisation de façon continue et à en optimiser les processus.
Idéalement, leur formation première n’est pas en TI. Ces spécialistes proviennent d’écoles d’administration ou de commerce, tout en connaissant suffisamment les technologies pour savoir comment en tirer profit. Le mouvement est déjà amorcé: selon la firme Gartner, 40 % des personnes relevant des services TI dans l’ensemble des organisations à la fin de 2010 auront une longue expérience des affaires et peu d’expérience en TI. Dans l’esprit de Pierre Hamel, si les technologues ont le devoir de s’intéresser aux affaires, le contraire est aussi vrai : les gens d’affaires doivent intégrer les TI à leur bagage de compétences.
Pierre Hamel
Pour sa part, Jacques Ouellet, premier vice-président, R-D et commercialisation au CRIM, analyse la situation sous un autre angle. Selon lui, les organisations ont besoin d’aide relativement aux services de proximité – c’est-à-dire les services par lesquels elles peuvent s’approprier les technologies, les déployer, ainsi que former et accompagner ceux qui sont appelés à les utiliser. Afin de combler ces besoins, elles doivent disposer de personnes dotées d’un profil multidisciplinaire permettant de mieux intégrer les technologies aux processus d’affaires, estime-t-il.
Dans une analyse publiée en début d’année sur les compétences recherchées en 2010, la vice-présidente de Gartner CIO Research, Lily Mok, estime elle aussi que les spécialistes TI sont appelés à exercer un plus grand leadership et à prendre des décisions commerciales éclairées.
Au-delà du simple soutien des affaires, les TI peuvent ainsi devenir un moteur de réussite.
Quel avenir pour les spécialistes TI?
Les bouleversements que fait planer l’informatique en nuage sur l’industrie des TI ont de quoi faire réfléchir les informaticiens. Parmi les changements anticipés à long terme, la réduction draconienne de la taille des centres de traitement au sein des organisations, voire leur disparition pure et simple, n’est pas le moindre. Sans compter la tendance bien réelle consistant à faire appel aujourd’hui à des technologues davantage tournés vers les affaires…
Dans un article paru sur la Toile en mai dernier, Brien Posey, éminence de l’informatique et détenteur du titre Microsoft Most Valuable Professional (MSVP), s’interroge sur l’avenir des TI face à la prolifération du « nuage ». Selon ses prévisions, on continuera dans les années à venir à rechercher des spécialistes dans trois domaines en particulier, soit le soutien des réseaux, la sécurité et la conformité. Même s’il est prématuré de prédire que les compétences TI deviendront complètement obsolescentes, Brien Posey suggère aux professionnels de l’industrie de commencer à se préparer à cette profonde transformation.
André Ouellet
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