Améliorations des performances, économies d’énergie, nouvelles interactions de l’utilisateur, etc. L’ordinateur personnel bénéficiera prochainement de nombreux avancements. Mais qui en profitera le premier?
L’ordinateur personnel a beaucoup évolué en presque trois décennies. Le processeur est cadencé en gigahertz, la mémoire vive se calcule en gigaoctets et le stockage sur disque rigide se comptabilise en téraoctets. Le lecteur optique lit et grave des disques DVD et bientôt Blu-Ray. Le moniteur est aplati et le son est ambiophonique. La webcaméra et le microphone permettent l’interaction par la réseautique filaire ou sans fil. Nous sommes loin de l’ordinateur XT beige, de l’affichage monochrome et des disquettes souples!
Plus encore, l’ordinateur de table est dorénavant supplanté par le bloc-notes dont les caractéristiques n’ont rien à envier au modèle sédentaire. La firme IDC prévoit que 36,3 millions d’ordinateurs portatifs seront livrés aux États-Unis en 2008, contre 35,3 millions d’ordinateurs de table et de serveurs X86. Les fabricants ne cessent d’en améliorer les performances, la capacité de stockage, le ratio dimension/poids et l’autonomie.
La progression récente de l’ordinateur personnel est moins prononcée qu’il y a dix ans, alors que chaque avancée technologique constituait un pas de géant. Certes, plusieurs fabricants ont amélioré l’apparence externe et opté pour un faible empattement. Mais sous le capot, les changements ont constitué des évolutions plutôt que des révolutions. Néanmoins, nous pourrions assister prochainement à des bons appréciables vers l’avant.
L’architecture à multiples coeurs des microprocesseurs, privilégiée en raison de l’atteinte des limites physiques de l’architecture traditionnelle, poursuit sa lancée sous le signe de la miniaturisation et de l’amélioration des performances. La mémoire vive DDR3 bénéficiera d’une vitesse d’horloge rehaussée. Ces deux composantes tireront également profit d’un bus frontal élargi qui accélérera la circulation de l’information.
Les technologies de raccordement des périphériques que sont USB et FireWire soutiendront des transferts de plusieurs gigabits à la seconde, alors que la taille des fichiers et la bande passante requise ne cessent de croître. Pour la réseautique, la technologie Gigabit Ethernet devient la norme sur l’ordinateur personnel. L’utilisation des diodes électroluminescentes (DEL) pour le rétro-éclairage des moniteurs procurera une meilleure qualité d’image. L’avenir du disque rigide magnétique en général se situerait dans le format de 2,5 pouces adapté aux blocs-notes.
Faire plus avec moins
Bien sûr, l’introduction de technologies constituera une petite révolution. Par exemple, la technologie de mémoire par circuit à semi-conducteur – la mémoire Flash – remplacera les disques magnétiques en augmentant la rapidité et en diminuant la fragilité du stockage des données. À moyen terme, une mouture organique de l’affichage DEL (appelée OLED en anglais) améliorera grandement la qualité et la rapidité d’affichage de l’image, alors que le moniteur sera à peine plus épais qu’une feuille de papier.
Ces évolutions et révolutions amélioreront la qualité et les performances lors de l’utilisation des systèmes informatiques, mais elles se traduiront aussi par des économies d’énergie. L’augmentation de la consommation et des coûts de la production d’électricité et le désir d’une autonomie accrue pour les ordinateurs portatifs incitent les fabricants à en faire davantage. En même temps, les fournisseurs et les utilisateurs effectuent un virage vert qui prône la réduction de la consommation énergétique, l’utilisation de matières premières récupérables et l’élimination du recours aux matières dangereuses dans les nouveaux ordinateurs.
En parallèle, l’avenir semble prometteur au niveau de l’interface utilisateur, plus précisément pour l’entrée des données. Les surfaces tactiles des ordinateurs portatifs sont dorénavant multipoints et facilitent la manipulation des contenus affichés à l’écran à l’aide de plusieurs doigts. Or, cette surface qui remplace la souris pourrait bientôt remplacer le clavier traditionnel. Avec la rétroaction haptique, le recours à un périphérique tactile permettra la personnalisation des fonctions et des dimensions des touches, remplacera tablette graphique et élargira les capacités de manipulation des contenus.
Cette approche changera la donne sur les ordinateurs de tables, mais encore plus sur les ordinateurs portatifs. Certains prévoient que l’ordinateur de table sera un gros écran tactile, incliné pour le travail et rehaussé pour le visionnement, derrière lequel sera cachée la quincaillerie technologique. Plusieurs fournisseurs, dont Microsoft et Apple, s’intéressent beaucoup au concept.
Enfin, certains observateurs comme David Cearly chez Gartner croient que la détection des mouvements du corps ou du visage, la reconnaissance vocale et l’omniprésence de l’informatique feront passer l’interface utilisateur d’un mode graphique à un mode environnemental… vers 2015. Il faut faire attention avec les prédictions, alors qu’en 2001 on prédisait pour aujourd’hui que des processeurs cadencés à 20 GHz et une capacité de stockage sur disque de plus de 20 Go…
Conservatrices, les entreprises?
Alors que l’évolution des technologies laisse présager une amélioration de l’expérience des utilisateurs des ordinateurs personnels, il sera intéressant de voir à quel moment les entreprises en feront l’adoption.
Alors que les organisations ont longtemps été les premières à adopter les évolutions technologiques, la progression du marché se situe maintenant au niveau du grand public. Les utilisateurs commerciaux ne sont pas totalement désintéressés par les avancées, alors que les éléments reliés à la sécurité comme le chiffrement embarqué et l’intégration de fonctions de biométrie font partie des caractéristiques privilégiées par les acheteurs des organisations. Toutefois, la prudence et la constance font partie de la philosophie des organisations.
« Les choses qui motivent les ventes auprès de la grande entreprise, comme le coût total de possession, la constance de l’apparence physique, l’homogénéité des composantes, etc. sont très différentes de celles qui motivent les achats des consommateurs », remarque Michael Gartenberg, de JupiterResearch. Alors que l’efficacité du soutien et de la gestion des ordinateurs personnels revêt une importance accrue, les organisations préfèrent limiter la diversité du parc informatique, afin de faciliter la production d’images de système ou le remplacement de composantes défectueuses. D’ailleurs, les modèles dotés de nouvelles technologies sont soumis par les départements d’informatique à des essais en laboratoire avant d’être inclus aux listes d’achats des organisations.
De plus, les nouvelles fonctions d’un ordinateur doivent avoir un impact certain sur le travail des utilisateurs. « L’explosion des fonctions peut ralentir l’adoption de la technologie si les fonctions et la convergence des fonctions ne procurent pas une valeur à l’utilisateur en matière de productivité, estime Clark Atwood de ITBusinessEdge. Il faut évaluer attentivement le besoin du changement […] laisser les affaires mener la technologie, et non la technologie mener les affaires. »
Ainsi, bien des entreprises désactivent les webcaméras ou les lecteurs de disques optiques des ordinateurs personnels, de crainte que la technologie puisse distraire l’utilisateur de ses tâches de travail. Toutefois, les entreprises qui intègrent de nouvelles technologies avec un encadrement peuvent bénéficier d’avantages économiques ou concurrentiels. Permettre ou non la technologie? Telle est la question.
L’effet iPhone… et XO
Enfin, l’avenir peut réserver encore bien des surprises aux utilisateurs d’ordinateurs personnels. Plusieurs croient que l’iPhone, avec son interface haptique, aura un impact sur le PC du futur. Toutefois, l’ordinateur portatif XO du projet caritatif One Laptop Per Child conçu en quelques mois, pourrait avoir encore des impacts plus marqués : écran lisible sous la lumière du soleil, intégration d’un panneau solaire à l’écran, autonomie de dix heures de la pile grâce à une faible consommation d’énergie, etc.
Malheureusement pour les entreprises et heureusement pour les plus démunis, il faudra attendre que l’industrie intègre ces nouvelles technologies à ses produits. « Attendez en ligne, nous avons un milliard d’enfants à desservir avant vous », répond la directrice des technologies du projet OLPC, Mary Lou Jensen, à ceux qui souhaitent la commercialisation de ces avancements au profit des organisations et du grand public.
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