La quantité de pourriels et de faux sites Web ne cesse d’augmenter, ce qui engorge l’inforoute et enrage les internautes. À quand un grand ménage?
Décidément, l’Internet est loin d’être un réseau aussi efficace qu’il ne pourrait l’être. Tout comme sur une nouvelle autoroute pour les voitures, la densité de la circulation ne cesse de croître sur l’inforoute en raison du nombre d’utilisateurs et de la quantité de données qui y transitent. Ainsi, des engorgements créent des ralentissements, au grand déplaisir des internautes.
En théorie, ce trafic devrait être dû à la transmission de courriels, au téléchargement de fichiers et à l’exécution de requêtes de consultation des sites Web. Il serait alors normal de penser que la circulation sur la Toile peut être lourde, parce qu’un nombre croissant de personnes trouvent une utilité à recourir à l’Internet pour exécuter des tâches qui sont pertinentes, utiles ou agréables.
Malheureusement, bien des échanges de données ne servent… qu’à embêter les honnêtes gens.
Inutilités et désagréments
Selon des données compilées par l’entreprise québécoise Zerospam, qui offre des services de filtrage des courriels aux fournisseurs d’accès à l’Internet, neuf courriels sur dix qui circulent sur l’inforoute seraient des pourriels! Ainsi, un courriel légitime transite sur les réseaux informatiques aux côtés de demandes financières de riches héritiers africains, de tuyaux sur des titres boursiers et sur des offres de médicaments permettant de maximiser certains organes…
Des filtres ont été établis, de gré ou de force, par les FAI et les exploitants de services de courriel en ligne afin de restreindre l’arrivée de courriels inutiles dans les boîtes de réception des internautes. Mais des courriels légitimes sont parfois identifiés comme étant des pourriels, au désespoir des technophiles sans reproche, alors que des pourriels atteignent la destination souhaitée en raison du raffinement des techniques de ceux qui les émettent.
Du côté des sites Web, la situation n’est guère mieux alors qu’un nombre croissant de faux sites foisonnent sur l’Internet. Qui n’a jamais abouti sur un site bidon, souvent généré de façon automatique, dont l’adresse était semblable à celle d’un site légitime? Bien des entreprises sont agacées par la présence de ces sites imposteurs qui sèment la confusion chez leurs clients potentiels et actuels. L’internaute floué alors retourner au moteur de recherche et refaire une requête afin d’arriver à bon port. D’ailleurs, les résultats des moteurs de recherche sont souvent parsemés d’hyperliens qui mènent à ces sites usurpateurs.
En conséquence, bien des courriels, bien des fichiers et bien des requêtes sont créés et transmis avec comme seul but d’embêter d’honnêtes internautes anonymes!
Coûteux trafic
Comment pourra-t-on mettre fin à cette situation qui ne cesse d’empirer? Ceux qui émettent les contenus indésirables doivent utiliser des serveurs et des liaisons à l’Internet qui sont dédiés à leurs malversations, ou bien doivent squatter des éléments d’infrastructure de réseautique légitimes à l’insu d’organisations de bonne foi. Que font les fournisseurs d’accès à l’Internet et les exploitants d’équipements informatiques? Que font les forces policières? Que font les gouvernements?
Certes, bien des entités commerciales et gouvernementales s’efforcent de mettre un terme à ces pratiques désagréables, mais ailleurs dans le monde, certaines entités font preuve de laxisme ou de désintérêt envers des enjeux de la sorte. Mais sommes-nous certains que toutes les entreprises et toutes les organisations locales scrutent leurs systèmes pour y déceler des failles ou des squatteurs? Et s’il y avait des personnes sympathiques à une anarchie sur l’Internet au sein de leurs équipes?
Il ne faut pas céder à la paranoïa et partir à la chasse aux sorcières, mais il pourrait être utile de mettre en place des mécanismes d’examen qui, par exemple, identifieraient les envois massifs de courriels inutiles sans attribuer de mauvaises intentions aux envois de courriels légitimes à des listes de distribution. Plusieurs diront que les fournisseurs d’accès à l’Internet n’ont pas le droit de lire les contenus des courriels, mais il existe sûrement des mécanismes qui permettent d’identifier des envois massifs qui semblent être produits vers des adresses générées automatiquement et en très grand volume. Par ailleurs, les fournisseurs qui ne cessent d’augmenter la capacité de leurs réseaux – et d’augmenter la facture mensuelle des abonnés pour financier ces investissements – n’ont-ils pas intérêt à se soucier davantage du trafic qui circule sur leurs infrastructures?
Aussi, il serait utile de se questionner sur les intérêts économiques de ceux qui expédient les pourriels et créent les sites bidon. Si un grand nombre de ces contenus n’ont pour objectif que d’embêter les gens et mettre du sable dans l’engrenage, ils doivent avoir des frais d’hébergement et d’utilisation de bande passante à débourser auprès de fournisseurs. Et s’ils ne paient pas ces frais, c’est qu’ils sont commandités par quelqu’un qui y trouve un intérêt, ou bien qu’ils utilisent en cachette les ressources d’autres personnes ou organisations. Il faudra bien, un jour ou l’autre, que les conséquences de ces gestes soient expliquées à ces souteneurs et à ces intermédiaires, qu’ils soient conscients ou non de leur implication…
Entre-temps, il ne reste aux internautes qu’à espérer que l’efficacité des filtres de contenus indésirables ne cesse d’être améliorée… Et que leurs courriels légitimes arrivent à bon port!
Jean-François Ferland est journaliste au magazine Direction informatique.