À L’ESSAI Les 90 millions de voyageurs nord-américains qui vont en Europe pour affaires ou tourisme chaque année savent qu’utiliser la téléphonie ou la transmission de données par cellulaire y coûte très cher, mais les choses changent.
Jusqu’à présent, il fallait être prêt à payer le gros prix pour se servir de son téléphone cellulaire canadien en France ou en Europe, concurrence oblige. Les choses changent, cependant, et après quelques services de transition, le nouveau service Call in Europe permet maintenant d’y profiter de la voix et des données à des tarifs très compétitifs sur tout téléphone GSM tribande ou quadribande déverrouillé.
Les différentes possibilités
L’idée de payer ses communications cellulaires en France et dans le reste de l’Europe moins cher que lorsqu’on est en itinérance avec un service canadien comme celui de Rogers ne date pas d’hier. Il y a quelques années, déjà, un service du nom de CallBlue, basé à l’Île de Man, dans la mer d’Irlande, permettait de profiter dans les pays européens de tarifs beaucoup plus proches de ceux des résidents. Il fallait alors utiliser la carte SIM de CallBlue sur un téléphone déverrouillé et une procédure de rétroappel. Cela nécessitait quelques secondes d’attente au début de la communication, pendant que CallBlue nous rappelait avec une ligne moins coûteuse, mais par la suite tout se passait comme dans une communication téléphonique normale. La compagnie CallBlue a cependant mis la clé sous la porte il y a quelques mois.
L’alternative était alors d’acheter en France ou dans un autre pays d’Europe une carte SIM d’une compagnie de téléphone locale et un service à la carte. On peut ainsi devenir client de firmes connues comme SFR, Orange, Vodafone, Bouygues ou Virgin Mobile, ou encore de moins connues comme Simpleo qui offre la carte SIM et le service le moins cher actuellement. Dans tous les cas, il faut disposer d’un téléphone cellulaire déverrouillé et trouver en France un kiosque de la compagnie avec laquelle on souhaite faire affaires.
J’ai découvert l’autre possibilité par hasard, en poussant mes recherches sur Internet. Il s’agit du service Call in Europe de la firme du même nom qui a son siège social au Connecticut. Il est un peu plus cher que celui de Simpleo mais beaucoup plus pratique, en particulier parce qu’on peut commander sa carte SIM avant de partir et se la faire livrer chez soi si bien qu’on peut l’installer dans son téléphone avant d’arriver en Europe en avion.
La solution Call in Europe
Même si on peut profiter d’un tel service avec la plupart des téléphones multibandes GSM déverrouillés, il n’y a rien de mieux qu’un téléphone intelligent avec Wi-Fi et GPS pour aller en Europe pour affaires ou tourisme. Pour un meilleur résultat, le téléphone intelligent idéal est GSM, déverrouillé et trimode (900/1800/1900 Mhz) ou quadrimode, pour pouvoir profiter des réseaux cellulaires français et européens. Il dispose d’un émetteur-récepteur Wi-Fi et d’un vrai GPS avec positionnement par satellites intégré ou externe (Bluetooth); un GPS virtuel seulement, qui trouve sa position par triangulation à partir de tours cellulaires, n’a de l’intérêt que pour des applications spécialisées particulières et il peut coûter très cher en transmission de données.
Pour 29 $US + 12 $US de frais d’expédition, soit environ 45 dollars canadiens, on peut commander en ligne le service Call in Europe avant de partir en voyage. Il faut juste prévoir environ deux semaines, mais en une semaine j’avais déjà reçu une carte SIM à insérer dans le téléphone cellulaire, un numéro de téléphone français et un service complet relativement peu coûteux, sans contrat, ni frais mensuels. On paie par carte de crédit, à la fin du mois, ce que l’on a réellement consommé dans le mois, sans frais de base additionnels. Si on ne dispose pas d’un téléphone GSM ou d’un téléphone multibande, on peut tout simplement en acheter un ou en louer un de Call in Europe pour pas cher. Si on veut se servir de son téléphone au Canada jusqu’à la dernière minute, on peut attendre d’être dans l’avion pour changer de carte SIM. À la descente de l’avion, le téléphone fonctionne sur les réseaux français avec des tarifs très économiques.
Des tarifs très avantageux
Pour recevoir des appels, on n’a rien à payer, pas plus que pour accéder à sa messagerie vocale ou pour recevoir des SMS. Pour téléphoner en France aussi bien qu’au Canada depuis la France, cela ne coûte que 46 sous canadiens la minute. Pour envoyer des SMS en France, cela coûte 22 sous et 46 sous pour les SMS internationaux vers le Canada. En plus de cela, avec le service de Call in Europe, les téléphones intelligents peuvent profiter d’un accès Internet à 5 $ du Mo comparativement à 30 $ du Mo en France avec un téléphone en itinérance resté branché au réseau de Rogers. Dans le même ordre d’idées, avec un appareil de Rogers en itinérance en France, cela coûte 2 $ de la minute pour recevoir un appel (sans compter l’interurbain international que doit payer en plus le correspondant). En France, avec un appareil enregistré sur le réseau de Rogers, il faut aussi payer 1 $ de la minute pour appeler quelqu’un en France ou deux dollars de la minute pour un appel au Canada, taxes en sus, bien entendu. C’est toute une différence…
De plus, pour ceux qui ne veulent que faire de la transmission de données par cellulaire en France ou en Europe, Call in Europe vend pour 200 $US un modem 3G (3,6 Mbps) HUAWEI E220 HSDPA sur clé USB pour Mac ou PC. Cet adaptateur est compatible HSDPA/UMTS/GSM/GPRS/EDGE et il opère sur les fréquences 900/1800/1900/2100MHz si bien qu’on peut également l’utiliser sur le réseau de Rogers avec une carte SIM d’un forfait Rogers comprenant la transmission de données, juste en changeant de carte SIM après le retour d’Europe.
Pour le Wi-Fi, par contre, l’offre de Call in Europe ne tient pas la route avec un service sur 30 000 points d’accès en France, mais à 16 $US de l’heure. La meilleure option pour la France semble être le service de Boingo destiné aux utilisateurs d’ordinateurs de poche et de téléphones intelligents. Boingo Mobile à 9,50 $ pour un mois (avec possibilité d’arrêter après) donne accès à 16 000 points d’accès sans fil en France dont 2 500 à Paris même. À cela s’ajoutent les centaines de points d’accès Wi-Fi gratuits éparpillés dans Paris, dont ceux qu’a installés la ville de Paris dans des jardins et aux lieux publics, et c’est la même chose dans plusieurs autres villes de France et d’Europe. Le Wi-Fi permet alors de consulter son courrier électronique, d’en envoyer, de naviguer sur Internet ou de téléphoner à peu de frais (moins de 5 sous de la minute) par Skype ou un autre service SIP.
Dès l’atterrissage à Paris, je n’ai eu qu’à donner un code qu’on m’avait remis avec la carte SIM pour être en ligne sur le réseau SFR, sans avoir rien à configurer. Durant 10 jours d’utilisation en France, sur ce réseau de SFR, j’ai pu profiter du téléphone à peu près partout où j’ai pu aller, tant à Paris qu’en province. Mais, ce que j’ai surtout pu apprécier, c’est la transmission de données pour récupérer mon courrier deux fois par jour et en envoyer aussi bien que pour aller consulter la météo ou des pages Web. Tout cela pour moins de 15 dollars pour l’ensemble des communications. C’est sûr que cela m’aurait coûté un peu plus cher si je n’avais pas pu profiter aussi du Wi-Fi à différents endroits. Finalement, économiser sur les prix des communications apporte toujours une certaine satisfaction et ajoute au plaisir de communiquer et de voyager.
François Picard est rédacteur en chef et éditeur du magazine Atout Micro.