Des organismes de promotion touristique du Québec utilisent les fonctions de partage et de réseautage de l’Internet pour inciter les visiteurs à découvrir leurs régions. Alors que les canaux privilégiés et la clientèle visée diffèrent d’un office à l’autre, l’utilisation du Web 2.0 semble encore au stade de l’expérimentation. Aperçu des initiatives de Montréal et de la Mauricie.
Tourisme Montréal a suscité l’attention des médias au cours des derniers jours en annonçant que sa nouvelle campagne publicitaire à l’intention du ‘marché agrément’ – le marché des visiteurs qui fréquentent une destination pour le plaisir et non pour les affaires ou pour visiter la parenté – allait être réalisée entièrement sur le Web.
Cette campagne, façonnée par les agences de publicité Cossette Média et Sid Lee, a recours aux traditionnels bandeaux publicitaires qui seront affichés sur des sites Web spécialisés en voyage et sur des sites thématiques.
Surtout, l’élément d’intérêt de cette campagne est le recours à cinq « ambassadeurs » qui alimenteront des espaces Web 2.0 pour suggérer des activités à faire à Montréal. Ces ambassadeurs produiront du contenu selon cinq grandes thématiques – les arts et la culture, la gastronomie, la vie gaie, le Montréal nocturne et ‘les sorties de filles’ – afin « d’engager un dialogue avec les gens qui utilisent le Web 2.0 ».
Dans une capsule vidéo, le président-directeur général de Tourisme Montréal Charles Lapointe explique candidement cette décision par l’utilisation de plus en plus incontournable de l’Internet par la clientèle visée, ainsi que par des restrictions budgétaires.
« En 2009, que voyons-nous dans notre miroir ou la boule de cristal? Nous sommes dans une situation économique difficile. Nous avons des restrictions budgétaires causées par cette situation économique. Les marchés nous disent que 80 % des futurs voyageurs utilisent le Web pour booker leurs voyages et que 60% des gens qui bookent leurs voyages aiment entendre et participer à des dialogues sur des impressions sur des destinations. […] C’est un pas à la fois osé, mais aussi passionnant parce que nous voulons utiliser au maximum toutes ces nouvelles technologies à notre disposition », explique M. Lapointe.
Cette campagne fondée sur le Web 2.0 a pour titre Get the local buzz from Montreal Insiders. Précisons que la campagne, qui visera une clientèle située au Canada, aux États-Unis, en Grande-Bretable, au Mexique, mais aussi en France, ne sera produite que dans la langue Shakespeare. Visiblement, la clientèle régionale et provinciale francophone n’est pas visée par cette initiative d’interaction en ligne…
Dans la version anglaise du site de Tourisme Montréal, une section contenant les blogues des cinq ambassadeurs présente chacun d’entre eux par une capsule vidéo, filmée en caméra à l’épaule, qui est hébergée sur YouTube. Ces blogues ont une architecture et une variété du contenu qui rappelle les pages du réseau Facebook.
On y retrouve des billets accompagnés d’images qui peuvent être partagés à d’autres internautes par le biais du service ShareThis. À la gauche, on aperçoit les plus récents messages inscrits dans un microblogue Twitter, des liens vers les blogues des autres confrères et consoeurs ainsi que des liens vers des présences sur les sites sociaux Facebook, Flickr, Twitter et YouTube. À la droite, des recommandations d’itinéraires et d’activités sont situées sous d’une publicité qui vante une promotion de l’Office de tourisme.
Rafraîchir le contenu
La plupart des présences sociales des ambassadeurs sont alimentées en contenu tous les deux jours. Sur YouTube, le canal commun de Tourisme Montréal, qui contient des vidéos ajoutés l’été dernier, n’offre pour les ambassadeurs que leurs vidéos de présentation. Produiront-ils d’autres vidéos de temps à autre? Sur Flickr, les photos hébergées dans les espaces des ambassadeurs sont généralement celles qui servent à illustrer leurs billets de blogue.
Sur leurs microblogues Twitter, ces producteurs de contenu affichent des messages à leurs propres rythmes, soit un ou deux messages par jour ou aux deux jours. Quant aux présences sur Facebook, elles exigent obligatoirement le recours à un compte pour en voir le contenu, alors que d’autres associations touristiques présentes sur ce réseau en allouent la visualisation à tous.
La campagne publicitaire de Tourisme Montréal vient à peine de commencer, mais il reste à voir à quelle fréquence ces ambassadeurs alimenteront les canaux du Web 2.0 et à quel point ces initiatives créeront de l’interaction.
Notons que les sections en français et en anglais du site Web ont recours aux fils RSS et à la cartographie en ligne de Google. Notons également l’opportunité de création d’une page personnalisée pour annoter du contenu à l’aide de signets, pour établir un itinéraire acheminable par courriel vers un ordinateur ou un téléphone mobile et pour alimenter un carnet de voyage en ligne.
Tourisme Mauricie
Tourisme Mauricie, pour sa part, n’offre du contenu dans l’univers du Web 2.0 qu’en français, mais rend accessible la plupart de ses présences en ligne dans la version anglaise de son site Web. L’Office de tourisme utilise les fils RSS pour la diffusion de ses actualités et de son calendrier d’activités, en plus d’exploiter des présences sur les sites de partage et de réseautage Facebook, Flickr, Twitter et YouTube.
Les espaces sur Facebook et Twitter font l’objet de mises à jour quasi quotidiennes, mais celles sur Flickr et YouTube n’ont pas eu de contenu nouveau depuis quelques semaines. Les quelques images hébergées par Flickr ont trait à deux événements, soit une conférence de presse et une remise de prix qui ont eu lieu en mars dernier. Les vidéos dans l’espace YouTube semblent provenir d’internautes et non de l’organisme en tant que tel. Le regroupement de vidéos du grand public qui ont une thématique commune s’avère être une utilisation intéressante des capacités de mise en partage du réseautage social.
Tourisme Mauricie anime également un blogue, qui est nommé Blogue-notes. Ce dernier, également, n’a pas fait l’objet de mises à jour depuis plusieurs jours.
D’autre part, plusieurs pages du site affichent des liens vers des services de référence et de partage. Outre les populaires sites Facebook et Twitter, on y retrouve des liens vers les services Fleck et Mixx qui sont moins connus. Fleck sert à mettre en signet, annoter et partager des pages Web d’intérêt, alors que Mixx permet de combiner du contenu Web dans une page personnalisée. Toutefois, certains boutons donnaient des messages d’erreur ou référaient à la page Web d’un concours terminé, au lieu de référer à la page consultée…
Enfin, on remarque sur le site de Tourisme Mauricie le recours à Scribd, un service Web qui héberge des documents écrits et visuels pour faciliter leur partage et leur intégration sur des sites Web, ainsi qu’à la cartographie en ligne de Google.
Il restera à mesurer, au terme de la saison estivale, l’impact de ces campagnes. À suivre.
Jean-François Ferland est journaliste au magazine Direction informatique.