Si les pays d’Europe du Nord dominent le classement de l’Union internationale des télécommunications sur le niveau d’avancement des TIC, le Canada s’est classé en 19e position en 2007, comparativement à la 9e position en 2002.
Dans un rapport publié cette semaine, l’Union internationale des télécommunications (UIT) a comparé l’évolution des technologies de l’information et des communications (TIC) dans 154 pays sur une période de cinq ans, soit de 2002 à 2007. Pour ce faire, elle a établi un indice – l’indice UIT de développement des TIC – qu’elle vient de rendre public. Onze indicateurs servent à établir cet indice, qui rend compte, en fait, du niveau d’avancement des pays au chapitre des TIC. Ces indicateurs concernent l’accès aux TIC, leur utilisation, l’état des compétences dans le domaine, le nombre de ménages ayant un ordinateur, la proportion des citoyens ayant accès à Internet et le taux d’alphabétisation.
Il ressort de l’exercice de comparaison de l’UIT que les pays d’Europe de Nord sont les pays les plus avancés dans le domaine des TIC, exception faite de la République de Corée. Ainsi, on trouve en première position la Suède, dont l’indice atteint 7,50, suivi de la République de Corée (7,26), du Danemark (7,22), des Pays-Bas (7,14), de l’Islande (7,14) et de la Norvège (7,09). Avec un indice de 6,34, le Canada se positionne au 19e rang du classement de l’UIT, seulement deux positions en arrière des États-Unis (6,44). On ne s’étonnera pas que les pays à revenus élevés dominent le classement de l’UIT et que, par conséquent, les pays d’Europe, d’Asie et d’Amérique du Nord ont produit des résultats élevés aux différents indicateurs servant à établir l’indice et se concentrent dans les 25 premières positions.
Offrant un accès limité aux infrastructures TIC, téléphonie fixe et mobile, Internet et large bande compris, les pays pauvres se retrouvent à la fin du classement. En fait, les auteurs de l’étude établissent une forte corrélation entre le revenu national brut par habitant (à parité de pouvoir d’achat) et le degré d’adoption des TIC. Cela étant dit, certains pays figurant en haut du classement affichent un degré d’adoption plus élevé que ce à quoi on aurait pu s’attendre, compte tenu de leur niveau de revenu, ce qui est notamment le cas de la République de Corée.
En termes d’évolution, les auteurs du rapport notent une amélioration généralisée du niveau de développement des TIC dans tous les pays, sauf un (Myanmar), au cours des cinq dernières années. Cela étant dit, certains pays ont fait de meilleurs progrès que d’autres à ce chapitre, c’est notamment le cas des pays d’Europe de l’Est, qui se positionnent ainsi comme étant la région la plus dynamique en ce qui concerne le développement des TIC pendant cette période. Les États baltes et la Roumanie font partie des pays qui ont beaucoup contribué à cette amélioration. Le Luxembourg, les Émirats arabes unis, l’Irlande, Macao (Chine), le Japon, l’Italie et la France sont d’autres pays dans lesquels le niveau de développement des TIC s’est considérablement amélioré.
Les progrès les plus importants ont été enregistrés au niveau de l’accès aux TIC, ce qui couvre la téléphonie fixe et mobile, la largeur de bande Internet et les ménages ayant un ordinateur et une connexion Internet. En ce qui concerne l’utilisation des TIC, qui inclut le nombre d’internautes et les connexions à large bande fixe et mobile, les progrès ont été plus minces, ce qui est plus particulièrement le cas de la connectivité à large bande.
Progrès plus faibles
Les pays en développement ayant un PIB faible, tel que les pays d’Afrique, sont ceux qui ont réalisé le moins de progrès entre le classement de 2002 et celui de 2007. Cela étant dit, certains pays en développement, tels que le Pakistan, l’Arabie saoudite, la Chine et le Viet Nam, sont bien remontés dans le classement de l’UIT, qui attribue cette réalité aux progrès réalisés au chapitre du nombre d’utilisateurs de téléphones mobiles et d’internautes. La Chine, qui est passée de la 90e position à la 73e durant cette période, a beaucoup progressé à ce chapitre.
Bien que l’indice du Canada ait augmenté entre 2002 et 2007, lequel est passé de 5,33 à 6,34, son rang dans le classement de l’UIT a toutefois régressé de façon importante durant cette même période, passant de la 9e position à la 19e, indiquant ainsi que les autres pays devant lui ont encore mieux amélioré leur cote que ne l’a fait le Canada (voir tableau à la fin du texte). Les États-Unis ont également perdu du lustre, passant de la 11e à la 17e place.
Les auteurs du rapport notent également un abandon progressif et marqué de la téléphonie fixe en faveur de la téléphonie mobile au cours de cette période à la grandeur de la planète, avec pour résultat qu’à la fin de 2008, il y a trois fois plus d’abonnés de services mobiles que de lignes de téléphonie fixe dans le monde. En outre, à la fin de 2008, 23 % des habitants de la planète avaient accès à Internet, la proportion étant évidemment plus forte dans les pays développés que dans les pays en développement. Par exemple, cette proportion est de seulement 5 % en Afrique.
L’un des objectifs de l’établissement de l’indice étant de mesurer l’ampleur et l’évolution de la fracture numérique mondiale, il appert que globalement l’ampleur de cette fracture n’a pas vraiment changé entre 2002 et 2007.
Le rapport montre aussi que c’est à Singapour et aux États-Unis que les TIC coûtent le moins cher. Le « prix » considéré combine le coût moyen de la téléphonie fixe, de la téléphonie mobile et de l’accès Internet à large bande. En 2008, les prix des TIC représentaient, en moyenne, 15 % du revenu national brut moyen par habitant, la fourchette allant de 1,6 % pour les pays développés à 20% pour les pays en développement. Ainsi, considérant le niveau de revenu disponible, les pays à revenu élevé paient relativement peu pour les services TIC, contrairement aux pays à faible revenu qui paient relativement plus. En outre, le Canada fait partie des trois pays où l’accès Internet à large bande coûte le moins cher, les deux autres étant les États-Unis et la Suisse, alors que c’est à Hong Kong (Chine) que la téléphonie mobile coûte le moins cher.
Principale institution des Nations Unies chargée des questions relatives aux TIC, l’UIT est l’instance mondiale où pouvoirs publics et secteur privé se rencontrent pour développer les réseaux et les services. L’UIT oeuvre en ce sens depuis près de 145 ans.
Bien que son indice soit passé de 5,33 à 6,34 entre 2002 et 2007, cela n’a pas empêche le Canada de glisser de la 9e à la 19e place au classement.
Alain Beaulieu est adjoint au rédacteur en chef au magazine Direction informatique.