Spécial 20 ans: l’évolution de l’informatique, par mots-clés

En deux décennies, les « buzzwords » ont bien évolué. Survol de ces mots à la mode du jour déclinés en cinq temps, du passé antérieur au futur simple.

Les TI sont comme les chats, elles ont de multiples vies, et renaissent sans cesse, mais avec ceci de particulier, c’est que tout y va très vite. En effet, le matériel, le logiciel et les concepts de gestion n’ont que très peu de temps pour s’imposer, au risque d’être remplacé illico presto par un autre. D’autant que personne ne peut s’engager, avec certitude, sur la longévité de chacun d’eux, dans cet univers frénétique. Aussi, les TI voient-elles régulièrement apparaître dans leur environnement des expressions ou des mots à la mode (buzzword) plus ronflants les uns que les autres.

Puis, c’est toute une litanie de produits, de services et de concepts de gestion qui apparaissent dans le sillage de chacun de ces vocables. Ensuite, chaque « buzzword » est irrémédiablement détrôné par un autre. Le nouveau vocable, encore plus ronflant que son prédécesseur, émerge dans les TI, avec un sentiment de surprise, de puissance, de danger et dans une atmosphère fébrile. Un peu comme dans l’expression toute ferroviaire, « Attention, un train peut en cacher un autre », lorsqu’un mastodonte d’acier, de quelques centaines de tonnes, en double un autre, dans un fracas de bruit, de poussière et de courants d’air digne d’une tornade.

Vingt années d’informatique représentent une belle collection de ces mots et expressions, que nous avons tenté de regrouper en cinq temps.

Le passé antérieur

De tous les groupes évoqués ici, il est le plus lointain dans le temps. Non, il ne remonte pas aussi loin que le néandertalien informatique et son Eniac. Mais il couvre la bonne vingtaine d’années de Direction informatique. Ce qui, de toute façon, en informatique, représente déjà plusieurs siècles. Parmi les mots ronflants de cette époque, retenons les suivants.

Les imprimantes à marguerite, dont la spécificité était justement cette marguerite. Non, il ne s’agit pas du prénom de la dame ou de la demoiselle qui l’a inventé. Mais, la marguerite ainsi désignée est une roue circulaire interchangeable, formée d’une multitude de branches centrifuges, séparées entre elles, et ressemblant aux pétales d’une marguerite. Au bout de chaque lamelle se trouve embossée une lettre de l’alphabet ou un signe calligraphique. Le marteau de l’imprimante vient frapper un pétale de la marguerite, pressant en même temps un ruban encré sur la feuille de papier, ce qui imprime la lettre en question.

WordStar est un des plus anciens logiciels de traitement de texte. Doté de fonctionnalités remarquables, il devient célèbre comme une rock star. Son utilisation nécessitait des combinaisons de touches des plus hétéroclites, qui devinrent cependant, pendant longtemps, un standard pour les autres traitements de texte.

L’informatique répartie, elle, est souvent expliquée comme une architecture permettant le traitement informatique des données sur plusieurs ordinateurs distants et reliés en réseaux. Elle fut une précurseure de l’approche client-serveur.

La microtisation, c’est l’appellation française du concept de « downsizing », qui consistait à remplacer un ordinateur puissant et peu flexible par un réseau d’ordinateurs plus petits, voire de micro-ordinateurs. Cette approche se révéla intéressante économiquement et se traduisit également par un accroissement de l’efficacité technique. La microtisation devait, à chaque fois, s’adapter à la taille des ordinateurs de remplacement nécessaires. Le terme « downsizing » fut rapidement remplacé un peu plus tard par celui de « rightsizing », ou, traduction libre, le dimensionnement juste.

L’ÉDI, pour échange de documents informatisés (en anglais electronic data interchange). Il s’agit de l’échange électronique de données, principalement développé et utilisé dans le cadre des transactions d’affaires des organisations. Dans la pratique, l’ÉDI permet de réduire de façon significative les interventions humaines. Ce qui accroît du même coup la rapidité et la fiabilité. Depuis, ce sont des applications Internet d’ÉDI qui remplacent l’utilisation des canaux traditionnels de communication.

Le passé simple

Les bases de données relationnelles. Faisant suite aux fichiers séquentiels servant à stocker les données, les bases de données relationnelles donnèrent beaucoup plus de pouvoir à l’exploitation et à l’échange des données. Ces mêmes bases de données deviendront par la suite orientées objet et accessibles via SQL.

La gestion électronique de documents (ou GED) fut d’un apport important dans la gestion des organisations. Elles sont à la fois des productrices et des réceptrices importantes de documents non structurés, qu’il faut gérer.

La bureautique, si elle commença par le traitement de texte et ses applications, devient une composante incontournable de tout bureau et sonna le glas des machines à dactylographier. Avec de nombreuses applications, mais aussi toute une panoplie de fonctions en avant (front office) et arrière-boutique (back office) la bureautique est devenue une excroissance évolutive de l’informatique, au sein des TI.

Le bogue de l’an 2000, in memoriam! Faut-il en dire plus?

Le WYISIWYG, pour « what you see is what you get ». Cela a été l’axiome de base de toutes les nouvelles générations de logiciels, d’applications et de progiciels. Une rupture abrupte avec le passé.

Les interfaces graphiques (aussi connues sous l’abréviation GUI pour graphical user interface) devinrent la norme quelque soit l’application, le logiciel ou le système d’exploitation (Mac, Windows, Linux, etc.).

Le copier-coller, l’expression et la commande, sans doute, qui a le plus enrichi les applications de la décennie concernée. C’est peut-être également une des commandes les plus employées et universellement connues.

L’orienté objet, un concept qui vit le jour pour la programmation et qui s’étendit à de nombreux autres champs d’applications en TI. Les notions d’encapsulation et d’héritage contenu dans le concept d’OO sont parmi les plus importants et les plus riches d’utilisation en TI.

L’approche client-serveur, on ne définit plus l’approche client-serveur, elle fut un passage obligé qui a redéfini complètement les TI. Aujourd’hui, tout est client-serveur, à commencer par Internet et les applications Web.

Les réseaux locaux (les local area network ou LAN) sont à eux seuls toute une époque des TI. Depuis les réseaux Novell-ArcNet originels jusqu’aux VPN et aux intranets, les LAN et leurs extensions en WAN – réseaux étendus – leurs mutations en réseaux IP et en WiFi, sont le passé et l’avenir des communications dans les TI.

Gopher, pour ceux qui l’ont connu, cette application est le visage initial d’internet, bien avant que le Web soit Web.

Le Web 1.0, successeur de Gopher et autres applications, il a su simplifier et fédérer globalement l’Internet, dont il a été le facteur crucial de déploiement.

L’infrastructure à clé publique (aussi connue sous l’abréviation PKI pour public key infrastructure) est un ensemble de matériels, de logiciels et de procédures destinés à gérer l’utilisation et le cycle de vie des certificats numériques dédiés à un haut niveau de sécurité informatique et de confidentialité.

Le présent

IP, pour « Internet protocol », le protocole le plus utilisé actuellement dans les TI, conjointement avec TCP.

Le télétravail : la flexibilité et la polyvalence de la mise en réseau et du développement d’applications interactives offertes par Internet ont permis le déploiement fonctionnel et rentable du télétravail au sein des organisations de toutes tailles. C’est un apport de compétitivité important, mais également un apport social majeur, dans la conciliation famille-travail.

Le travail collaboratif, encore trop peu employé, cette façon de travailler n’a pas encore pu apporter tous les bénéfices dont il dispose potentiellement. Les outils sont disponibles, pour la plupart, mais il faudrait disposer d’un bon référentiel en la matière.

Les intranets sont quasiment devenus le réseau sanguin des TI au sein de l’organisation.

USB pour universal serial bus, c’est la simplicité faite connexion. USB permet à tous un chacun de connecter tous les périphériques utilisant ce standard, comme on branche une prise de courant. Finis les câbles spéciaux et les réglages des paramètres nécessitant un PhD.

Le forage de données (ou datamining) est un des moyens les plus avancés pour l’exploitation des données. Principalement en ce qui concerne l’exploitation prédictive de celles-ci. Cependant, il est encore complexe à mettre en œuvre.

Les réseaux de stockage (ou SAN, pour storage area network) réseaux très efficaces spécialisés et dédiés au stockage des données et aux sauvegardes. Généralement basés sur des serveurs spécifiques reliés en réseau au moyen de fibre optique.

L’entrepôt de données (datawarehouse), son nom à lui seul le définit. Il est le complément moderne des bases de données.

L’impartition, qui peut être totale ou partielle, consiste à délocaliser les TI auprès d’un tiers, qui en contrepartie fournit les services TI nécessaires. La relation entre l’imparti et l’impartiteur est contractuelle.

Le Web 2.0, il s’agit de la version interactive actuelle du Web initial. Cette « version » permet aux organisations de développer des applications complètes et transactionnelles basées sur le web et s’appuyant sur des technologies AJAX.

Les référentiels, ce sont des guides ou des corpus de connaissances basés sur les meilleures pratiques connues dans l’industrie des TI. Ce qui en fait des bonnes pratiques à intégrer dans les organisations. Il s’agit par exemple de COSO, COBIT, ITIL, CMMI, etc.

Les CRM pour customer relationship management. Il s’agit de systèmes de gestion de la relation avec les clients, un exercice fort en vogue dans les TI et dans leurs organisations respectives.

Les CMS pour content management system. Il s’agit des gestionnaires de contenus. Généralement employés pour supporter la publication des contenus corporatifs sur le Web.

Les ECM, pour enterprise content management. Il s’agit d’une solution à la gestion transversale des contenus (documents au sens large) des organisations. Ils sont l’étape au dessus des CMS. Un domaine qui se simplifierait et s’enrichirait en disposant d’un bon référentiel ou d’une norme.

Le futur proche

L’architecture orientée services (ou SOA, pour services oriented architecture), il s’agit du concept d’architecture orientée services. Les TI sont abordées par la vision de services et non plus de processus et de biens livrables. Ce modèle est à la base des architectures d’entreprise.

Le SaaS, pour software as a service, diffèrent du modèle ASP (fournisseur de services d’applications) dans sa pratique. Le SaaS est l’utilisation de plates-formes applicatives distantes, utilisées sous forme de prestations et de services, tarifées à la consommation et non pas à l’abonnement.

Web X.0, le Web qui débuta sur les chapeaux de roues dans sa première incarnation, est aujourd’hui interactif avec ce qu’on qualifie de « version 2.0 ». Certains annoncent déjà l’arrivée d’un Web 3.0 et assurément les « suivants suivront ».

Le futur simple

Il s’agit cette fois-ci du groupe que la chronologie classe pour après demain. C’est le futur un peu plus loin dont il est encore hasardeux de prédire la date du déploiement des composantes. On peut cependant d’ores et déjà y citer les mots et acronymes suivants.

Le « backshoring », cette activité désigne le retour sur le territoire national des activités délocalisées hors des frontières par les organisations. C’est un mouvement qui commence à poindre aux États-Unis. Son nom ne semble pas encore avoir d’équivalent en français.

Le CMIS, est l’acronyme anglais de content management interoperability services. Il s’agit de solutions permettant l’interopérabilité entre les systèmes de gestion des contenus qui respectent le Content management interoperability standard.

L’informatique quantique, dont la littérature a déjà beaucoup parlé et dont les assises scientifiques, reposant sur la théorie des quanta et la physique quantique, sont largement en avance sur la réalisation. C’est la future génération des TI basée sur l’informatique optique, où les photons deviendront roi et maître en lieu et place des électrons.

Les 3DHDV360 (Tridimensional Holographic Display at 360-degree viewing), des écrans tactiles holographiques pouvant être vus sous 360 degrés, c’est-à-dire indépendamment de la position et de la distance de l’observateur. De plus, ces écrans tactiles sont destinés à remplacer le plus vieux périphérique de nos ordinateurs, le clavier, mais aussi la souris. Il suffira alors de déplacer les doigts sur un hologramme et non plus sur un écran standard, fut-il LCD ou plasma.

Votre expression favorite n’est pas dans notre liste, n’hésitez pas à nous faire vos suggestions en nous écrivant à l’adresse suivante : redaction@directioninformatique.com

Gérard Blanc, M.Sc, CMC, Adm.A est associé principal de GBA Groupe Conseil, une firme spécialisée dans les systèmes d’information et leur gestion.


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