Quatorze sociétés de transport en commun de la grande région de Montréal s’allient à Google pour intégrer un planificateur de déplacements en ligne. Montréal est la première ville francophone à offrir cette fonction sur Google Maps.
Dans les locaux de Google situés au centre-ville de Montréal, le président-directeur général de l’Agence métropolitaine de transport Joël Gauthier et les représentants des sociétés de transport de Montréal, Laval et Longueuil et de onze compagnies intermunicipales ont dévoilé un planificateur de déplacements en ligne de transports en commun.
Depuis quelques jours, les internautes avaient remarqué l’ajout, dans le populaire service en ligne de Google, d’une fonction qui établit des trajets en l’autobus, en métro et en train de banlieue, à l’aide des données des horaires planifiés des sociétés de transport de la région métropolitaine.
Pour un déplacement entre deux points, le planificateur calcule et fournit les trois itinéraires les plus courts, en tenant compte des temps de correspondance et de marche, qui combinent les moyens de transport collectif qui desservent les territoires. L’utilisateur peut préciser une heure de départ ou d’arrivée pour préciser davantage ses itinéraires. Le planificateur fournit les numéros des arrêts d’autobus et des stations de métro, à des fins de référence, mais aussi le coût total d’un déplacement en fonction des tarifs généraux en vigueur.
L’internaute peut imprimer un trajet ou bien les consulter à l’aide du fureteur Web d’un appareil mobile. Par ailleurs, les téméraires peuvent également suivre un itinéraire calculé pour un déplacement entièrement fait à pied. Le planificateur est accessible par l’interface de Google Maps et par des microsites dédiés au transport en commun ou à Montréal. Le service est également offert en version texte sur les téléphones mobiles.
Améliorations de services
« Ce partenariat qui regroupe Google et l’ensemble des intervenants de la grande région métropolitaine démontre l’objectif que nous avons tous d’améliorer le service pour notre clientèle, a déclaré Yves Devin, le directeur général de la STM. Nous sommes très heureux de ce service à valeur ajoutée. Il est rare que l’on puisse dire que [Montréal] est la première ville francophone à travers le monde qui fait cela, et pour une première fois nous devançons Paris qui est très à l’avant-garde au niveau des transports collectifs. »
M. Devin a indiqué que ce planificateur faciliterait autant la vie des touristes en visite que celle des résidants de la région métropolitaine, en complément aux calculateurs de trajets des sites des sociétés de transport.
Naomi Bilodeau, la chef de produit pour le transport en commun chez Google aux États-Unis, qui est d’origine québécoise, a mis en valeur des fonctions comme l’obtention, par un clic sur une station de métro, des deux prochains temps de passage du métro dans chaque direction. Également, une fonction de recherche à proximité sert à identifier des lieux ou des commerces, à partir de données fournies par le portail Pagesjaunes.ca ou d’inscriptions gratuites de la part d’entreprises ou d’internautes dans un répertoire commercial de Google.
« Cela permet aux marchands qui sont proches des stations de métro de se faire valoriser encore plus par les recherches Internet, alors que les gens peuvent les retrouver en contexte avec nos informations géomatiques », a-t-elle indiqué.
Mme Bilodeau a précisé que ce service n’impliquait aucuns frais d’adhésion ou d’utilisation pour les sociétés de transport, alors que ces entités tout comme Google trouvent leur compte dans l’offre d’un tel planificateur de déplacements.
« Cela apporte beaucoup plus de richesse à Google Maps, ça le rend plus utile, a-t-elle indiqué. Nous sommes tous intéressés par l’environnement chez Google et cela permet d’intégrer à Google Maps un côté plus vert, alors que pour les sociétés de transport cela permet d’accroître le nombre de personnes qui vont aller voir leurs services et qui, nous l’espérons, vont s’en servir. »
Contourner les barrières
En résumé, les sociétés de transport rendent disponibles sur un serveur Web des fichiers contenant les horaires saisonniers dans un format défini par Google, que cette dernière va recueillir afin de les insérer dans sa base de données. Les données sont validées avant leur mise en disponibilité à l’aide d’outils spécialisés.
Daniel Bergeron, coordonnateur des systèmes et technologies de l’information du transport métropolitain à l’AMT, a relaté que Google a lancé le projet de planificateur de trajets pour le transport en commun en 2005 et manifesté ses intentions en 2006 aux transporteurs publics dans le cadre de conférences spécialisées. Les discussions entre l’entreprise américaine et l’AMT ont débuté en mars 2007.
Alors que les sociétés de transports avaient déjà bien structuré leurs informations, M. Bergeron a précisé que les participants au projet ont dû résoudre certains enjeux techniques afin d’assurer le bon fonctionnement du planificateur en ligne. Google, de son côté, a adapté ses systèmes pour y inclure de nouvelles fonctions qui ont émané des travaux préparatoires liés au projet québécois.
« Nous avons dû tenir compte des barrières pour les marcheurs, comme le fleuve et les grands axes routiers, pour lesquels il a fallu créer un réseau de marche sur des trottoirs pour l’accès des piétons aux transports en commun, a-t-il expliqué. Pour la marche, il y a eu la prise en considération de la tolérance des gens de la région, qui est [variable], alors que les gens marchent plus pour se rendre aux stations de métro ou aux gares de train que pour aller à l’autobus. Nous avons eu également à calculer les écarts tarifaires lors de l’offre de plusieurs trajets. »
« C’est le genre de calibrage que nous avons fait à partir de la connaissance qui existait dans les organismes d’ici et chez Google qui essaie d’adapter un produit standard au cas de Montréal. »
Harmonie régionale
Jocelyn Grondines, du Service de la planification et du développement à la STM, a confirmé que le désir envers un planificateur de trajets à l’échelle régionale existait de longue date. « Cela se discutait abondamment entre les diverses sociétés de transport, mais la difficulté la plus importante était au niveau de l’intégration, a-t-il expliqué. L’élément le plus difficile était l’infrastructure, mais tout d’un coup cela nous a été livré. Il restait à harmoniser l’ensemble de nos systèmes pour que cela puisse être compatible et que l’on puisse offrir des trajets réalistes. »
M. Bergeron a indiqué les villes de Toronto et Québec et les réseaux de transport interurbain par autobus s’intéressaient à l’initiative des partenaires de l’AMT avec Google Maps.
Déjà, 69 villes américaines, une quinzaine de villes d’Europe et d’Asie et les villes de Vancouver, Fredericton et Ottawa offrent aux internautes des planificateurs de trajets pour le transport en commun.
Jean-François Ferland est journaliste au magazine Direction informatique.