L’entreprise montréalaise a dévoilé son environnement de magasinage social, qui veut que deux consommateurs avertis valent mieux qu’un seul. Un concept suffisamment intéressant pour convaincre la Chambre de commerce des États-Unis d’y adhérer.
Après l’informatique sociale, voici venir le magasinage social, c’est-à-dire l’établissement de réseaux planétaires de consommateurs qui se réfèrent des aubaines et s’échangent des conseils de consommation. Dans l’esprit du président et fondateur de OneBigPlanet, Éric Aubertin, c’est la deuxième étape de l’évolution des réseaux sociaux. Qui a dit que deux consommateurs avertis en valent mieux qu’un seul?
Six ans après avoir fondé OneBigPlanet, qui a ses pénates à Montréal, avec une antenne à New York et une autre à Washington, voici que l’homme d’affaires, qui a précédemment fondé puis vendu eFundraising.com à Reader’s Digest en 2000, lève le voile sur sa dernière invention : onebigplanet.com.
Il s’agit d’une plateforme de commerce et de fidélisation destinée aux réseaux sociaux, aux associations et aux organisations, qui peuvent ensuite la proposer à leurs membres, en tant que plus value associée au fait d’avoir adhéré à leur offre. Il y aurait actuellement 100 000 réseaux sociaux de par le monde desservant plus de 350 millions d’utilisateurs, ce qui représente un marché considérable.
Le service est pour le moment seulement offert aux États-Unis. Le dernier client en date est la Chambre de commerce des États-Unis (US Chamber of Commerce), qui le proposera aux trois millions d’entreprises qu’elle regroupe, et ce, au cours des trois prochaines années que prévoit le contrat exclusif qu’elle a signé avec l’entreprise montréalaise. Par conséquent, onebigplanet.com devient la plateforme officielle de commerce et de fidélisation de la Chambre, qui regroupe 1 900 chambres de commerce locales et d’État, 600 associations nationales et 300 000 entreprises.
Le concept est simple : le membre qui s’inscrit à onebigplanet.com obtient sur sa page personnalisée, grâce à l’engin de recherche dont est pourvu le site, les offres les plus alléchantes du moment, correspondant à son profil. Ce dernier est établi conformément aux réponses qu’il fournit aux questions qui lui sont posées au moment de son adhésion et s’enrichit au fur et à mesure des actions qu’il pose sur le portail, grâce au logiciel de veille économique (business intelligence) qu’il intègre.
Répartis en 20 catégories différentes, les produits et services qui sont portés à son attention proviennent des marchands partenaires de OneBigPlanet, dont le nombre croît de mois en mois. On est évidemment restreint par le bassin de marchands ayant choisi de faire affaires avec l’entreprise, qui totalise actuellement 600 entreprises. « On a une entente avec chaque marchand, souligne Éric Aubertin. On ajoute environ 40 à 80 marchands par mois, des gros noms; ça va très vite. »
L’utilisateur qui est tenté par un produit donné peut consulter les commentaires et les critiques émis par les autres membres, pourvu que ceux le veulent bien – la formule du portail étant le marketing permissif – , et ainsi éclairer sa décision de consommation. S’il décide d’aller de l’avant, il est redirigé sur le site d’achat en ligne du marchand retenu. Le portail donne aussi accès à des outils de productivité, tels un agenda, un outil de réservation en ligne, etc.
Modèle d’affaires
Bien que les utilisateurs ultimes de onebigplanet.com soient des consommateurs, il n’en demeure pas moins que la clientèle de l’entreprise est corporative, laquelle comprend notamment Human Society of the United States, National Penn Bank, Pennsylvania Association of REALTORS et Association of Colorado State Patrol Professionals, en plus de la Chambre de commerce des États-Unis. C’est ce qui explique que l’entreprise présente son service avant tout comme un outil permettant de fidéliser les membres de ces organisations et d’accroître leurs revenus.
C’est pourquoi le modèle d’affaires de OneBigPlanet se fonde sur la perception d’une commission de 5 à 30 % sur les ventes réalisées via le portail, la moyenne étant de 7,5 %, et de frais d’hébergement et de service, qui peuvent varier de 5 000 $ à 100 000 $, selon le type et la taille de la communauté desservie. « C’est offert à travers des communautés, donc ce sont elles qui décident comment elles vont offrir le programme, si c’est offert via une cotisation, si ça fait partie des avantages offerts aux membres, etc., explique Éric Aubertin. Ça dépend des communautés, il y en a qui chargent pour, d’autres pas. […] Aussi, on évalue la possibilité d’avoir de la publicité ciblée. »
M. Aubertin prévoit éventuellement offrir son portail en français au Québec et dans le reste du Canada, mais préfère commencer avec le marché américain, pour bénéficier de la longueur d’avance que lui procure son invention, qui est en instance de brevet.
« On a commencé principalement aux États-Unis, pour essayer de capturer une grande partie du marché, puis on viendra au Canada et au Québec en même temps et ensuite en Angleterre, soutient le pdg. [Le moment] n’a pas encore été décidé. On est en train de lever des fonds, ça va nous prendre entre 10 et 20 millions $, donc ça va être un des projets qui seront définis, lorsque nous allons faire la ronde de financement.
« Du temps de eFundraising, on avait décidé de débuter au Québec en français puis on était allé à Toronto. Pendant ce temps, nos compétiteurs étaient entrés à Boston et en Californie, on s’était fait enlever le marché, alors je me suis souvenu qu’il était mieux de commencer aux États-Unis et de revenir ensuite au Québec, pour s’assurer d’être le premier sur le marché et de ne pas se faire copier. C’est ça l’objectif. »
Alain Beaulieu est adjoint au rédacteur en chef au magazine Direction informatique.
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