La bande passante ADSL que publicisent les fournisseurs d’accès Internet haute vitesse est liée à bien des facteurs dont le principal est la distance du central téléphonique au modem du client. Même si la qualité de la liaison baisse assez vite en s’éloignant, il y a moyen de limiter les pertes.
Bien des entreprises sont situées assez loin des centraux téléphoniques, dans des zones industrielles ou même dans des villages. Elles ont besoin d’avoir un accès Internet le plus efficace possible, ce que ne leur donne pas toujours une installation standard. Nous avons cependant trouvé le moyen d’améliorer énormément la bande passante avec quelques ajustements et un investissement de moins de 100 dollars. Pour nous, cela s’est soldé par une amélioration de 100 % de la bande passante à 4,5 kilomètres du central, ce qui dépassait largement nos attentes.
Choisir le bon modem
Pour être franc, ce n’est pas si facile que cela de trouver le meilleur modem ADSL parce que le meilleur pour une personne n’est pas forcément le meilleur pour une autre. Entrent en ligne de compte la qualité de fabrication du modem aussi bien le type de réseau téléphonique et de réseau local, la distance du modem à l’entrée téléphonique et le type d’usage qu’on en fait sur Internet.
Certains modems chauffent très fort lors de téléchargements intensifs sur des sites de téléchargement. Certains modems sont plus des modems de ville, autrement dit pour de courtes distances entre le central téléphonique et le client, alors que d’autres sont mieux adaptés aux longues distances en banlieue ou à la campagne. Certains modems se règlent d’eux-mêmes dès qu’ils sont branchés alors que d’autres nécessitent d’avoir quelques connaissances spécialisées pour les régler correctement.
L’ADSL (Asynchronous Digital Subscriber Line) est une technologie qui permet de transférer des données sur la même ligne utilisée pour des conversations téléphoniques qui peuvent se faire simultanément. C’est possible parce que la transmission de données se fait à des fréquences supérieures à celles utilisées par la voix. Un filtre est cependant nécessaire chez le client pour que la transmission de données n’interfère pas avec la voix. Du côté du central téléphonique, on trouve un DSLAM qui est un équipement spécial de type multiplexeur qui prend en charge le raccordement des lignes de données du fournisseur de services Internet aux lignes ADSL allant chez les clients abonnés.
Selon la qualité et l’âge des installations téléphoniques, les fournisseurs de services téléphoniques et de transmission de données peuvent utiliser l’ADSL, l’ADSL2 ou l’ADSL2+. L’ADSL2+ est actuellement ce qu’il y a de mieux, permettant de plus hauts débits sur de plus grandes distances en exploitant plus de fréquences. La plupart des modems ADSL arrivés sur le marché dernièrement supportent ces trois standards.
Si l’on ne prend pas le modem vendu ou loué par le fournisseur de services, il est bon de s’assurer que celui qu’on compte acheter soit compatible avec le réseau. De plus, on trouve des modems ADSL avec une sortie Ethernet, d’autres avec une sortie USB et d’autres avec les deux. La sortie USB est indispensable pour brancher le modem à un ordinateur qui n’a pas de carte de réseau, ce qui est rare. Au Canada, la sortie Ethernet pour câble à fiche RJ45 (comme une fiche de téléphone, mais un peu plus grosse) est standard sur toutes les cartes de réseau ainsi que sur les routeurs. Quand on a le choix entre Ethernet et USB, il vaut mieux opter pour Ethernet qui est plus efficace.
Comme mon accès Internet ne me donnait qu’un débit de 1 400 Kbps, j’ai fait appel à l’assistance technique de Telus pour apprendre que ma ligne était correcte et qu’il n’y avait rien à faire (sic). Étant à 4,5 km du DSLAM du central téléphonique, il ne fallait pas que je m’attende à plus, m’a-t-on dit.
Un meilleur modem
Malgré tout, j’ai décidé d’essayer de trouver sur Internet s’il existait un moyen d’augmenter quand même la bande passante. Dans mes recherches, je me suis rendu compte que personne ne recommandait le même modem et que peu de gens connaissaient le modem DSL-300G+ fourni par Telus. J’ai donc cherché un modem semblant avoir bonne réputation pour des liaisons ADSL sur les plus longues distances et je suis tombé plusieurs fois sur le modèle DSL-2320B de D-Link vendu environ 80 $. J’en ai donc acheté un par Internet à un magasin de la région de Toronto parce que je n’en trouvais en stock ni à Québec, ni à Montréal.
Le modem D-Link DSL-2320B est un modem Ethernet/USB de norme ADSL2/2+ (ADSL 2 et 2+), autrement dit compatible avec tous les services DSL offerts ici et l’un des meilleurs choix pour améliorer la bande passante. Il permet des débits de données pouvant atteindre 24 Mbps en liaison descendante (d’Internet à l’ordinateur) et 3,5 Mbps en liaison montante, ce qui est beaucoup plus que ce qu’offrent présentement les différents fournisseurs de services.
Ce que j’ai le plus apprécié, cependant, c’est que ce modem soit assez intelligent pour détecter le type de ligne et les paramètres du réseau lui permettant de se configurer lui-même. À peine branché, il fonctionnait parfaitement et me donnait déjà un débit de données de 2,4 Mbps au lieu des 1,4 Mbps que j’avais avec l’autre modem. Quand j’ai relancé le modem le lendemain matin, en l’éteignant et en le rallumant, le débit est monté à 2 653 Kbps en liaison descendante et à 528 Kbps vers Internet. J’étais d’autant plus satisfait que le technicien de Telus m’a fait savoir qu’il n’avait jamais entendu quelqu’un dire qu’il avait atteint ce débit à 4,5 kilomètres du central téléphonique.
Après cela, j’ai fait toutes sortes de tests, en commençant par ceux que l’on peut faire directement avec le logiciel interne du modem en plus d’y consulter des statistiques très intéressantes. Le modem a testé la qualité de la ligne et l’a classée comme excellente. Il m’a aussi fait savoir que, d’après le lien physique entre le DSLAM et chez moi, je pourrais peut-être aller jusqu’à 3 600 Kbps. Je suis également allé visiter différents sites qui offrent un système de mesure du débit de données Internet en large bande et je n’ai pu que constater que la liaison descendante se faisait bien à 2 600 Kbps ou plus. On peut trouver les principaux sites de mesure à http://www.speakeasy.net/speedtest/, http://myspeed.visualware.com/ et http://www.dslreports.com/speedtest.
Quelques trucs complémentaires au niveau de l’installation
Une chose est sûre : certains ajustements, relativement simples, peuvent apporter une amélioration de 5 % à 10 % de la bande passante, ce qui est apprécié quand elle n’est pas très élevée. Leur mise en pratique a contribué aux excellents résultats que nous avons obtenus avec le modem D-Link DSL-2320B.
Comme les données arrivent sous forme de faibles impulsions électriques, elles sont très sensibles aux autres sources d’électricité si bien qu’il faut placer le modem le plus près possible de l’entrée des fils de téléphone dans le bâtiment. Une distance de moins de deux mètres serait l’idéal, sinon on le met un peu plus loin en se servant d’un câble téléphonique spécial, blindé, au lieu d’un câble standard. Nous avons testé deux câbles téléphoniques de ce genre que vend la firme Belkin. Le High-Speed Internet Modem Cable F3L900x07-BLK-S de Belkin est noir et il mesure environ deux mètres de long. À l’intérieur de son double blindage, il renferme deux paires de fils torsadés, mais c’est mieux de n’en utiliser qu’une pour éviter les risques de diaphonie, autrement dit d’interférences électromagnétiques entre les paires de fils.
Au niveau de son diamètre, ce câble est un petit peu plus petit (5 mm) que le câble High-Speed Internet Modem Cable F3L900-15-ICE-S (6 mm) que nous avons aussi essayé. Le deuxième câble est vendu avec une longueur 4,50 mètres environ (il existe aussi en longueur de 9 mètres). Son blindage semble plus épais que celui du câble noir. Grâce aux matériaux employés et à la protection contre les fréquences radio et électromagnétiques, les données circulent dans ces câbles jusqu’à 10 fois plus vite que dans des câbles de téléphone ordinaires. De plus, les prises RJ11 plaquées or assurent un maximum de conductivité. Le petit câble coûte 8,50 $ et le second 18 $. Même si le câble le plus long semblait être de meilleure qualité, nous avons eu un meilleur résultat avec le câble le plus court qui nous donnait une augmentation de bande passante de 5 à 7 % contre 2 à 3 % pour le long.
Éviter les interférences
Il est important de placer le modem et le fil téléphonique à au moins 20 centimètres, si possible 50, de tout autre appareil électrique ou de fils électriques, sans oublier ceux qui passent dans le mur ou dans le plancher. Si le fil téléphonique menant au modem doit passer à côté d’un autre fil électrique ou doit en croiser un, il faut que les deux fils soient à plus de 20 centimètres l’un de l’autre ou qu’ils se croisent à angle droit. Si l’entrée téléphonique ADSL sert en même temps pour le téléphone, il vaut mieux séparer le fil allant vers le téléphone et celui qui va au modem dès l’entrée téléphonique, en se servant d’une prise multiple de bonne qualité.
Si l’on se sert d’un raccord de fil téléphonique standard ou d’un câble spécial dans un milieu propice aux parasites, on peut gagner encore en qualité de signal en insérant l’extrémité du câble située vers le modem en boucle dans un tore de ferrite qu’on peut trouver dans un magasin de pièces électroniques comme La Source CC. Cet accessoire a des propriétés électriques et électromagnétiques qui permettent de réduire davantage les parasites locaux provenant de différents appareils et, du même coup, d’améliorer la qualité de la transmission de données.
Certains modems chauffent plus que d’autres et cette augmentation de température des composants électroniques peut nuire à leur fonctionnement. Si de petites pattes sont fournies, il ne faut pas oublier de les mettre en place sous le modem. Pour améliorer la circulation d’air qui n’est jamais suffisante dans ces appareils, cela peut aider également d’ajouter sous les pattes du modem de petits blocs comme ceux qu’on colle sous les pattes de chaises pour ne pas rayer le plancher. Par ailleurs, selon l’emplacement des petits trous d’aération, la ventilation sera parfois plus efficace si on place le modem debout sur son côté.
Il est important de noter que c’est impossible d’avoir la bande passante publicisée par le fournisseur de services Internet à moins d’être collé sur le central et avec la meilleure installation possible. À plus d’un kilomètre du central, c’est tout à fait normal de n’avoir que 85 % à 90 % de la bande passante à cause de tous les aléas de la ligne et de l’installation. Même 80 % est tolérable pour le modem, mais pas plus bas parce qu’il y aurait trop d’erreurs de transmission à corriger.
Plus loin du central, il vaut mieux faire baisser sa limite pour obtenir une communication plus stable. Dans notre cas, par exemple, le meilleur résultat a été obtenu en faisant limiter la bande passante à 3 Mbps, ce qui nous donne, en réalité, 2 670 Kbps, soit 87 % de cette bande passante, ce qui est un excellent résultat à 4,5 kilomètres du central téléphonique. Si Telus avait laissé la bande passante sur cette ligne à 5 Mbps, le modem aurait dû travailler beaucoup plus fort à cause des erreurs de transmission, ce qui l’aurait fait surchauffer et la bande passante réelle aurait probablement été inférieure à celle que nous avons actuellement.
François Picard est rédacteur en chef et éditeur du magazine Atout Micro.
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