Les succès que connaît actuellement Apple incite à penser que la multinationale pourrait percer le marché des PC d’entreprise dans un proche avenir. Ce qui n’est pas l’avis de tous, cependant.
Au deuxième trimestre de 2007, Apple a vendu 36 % plus d’ordinateurs qu’au même trimestre l’année dernière. En 2006, déjà, les livraisons de Macintosh avaient fait un bond de 17 %, comparativement à une hausse globale de 9 % des ordinateurs personnels au sein de l’industrie. Aux États-Unis, un consommateur sur sept achète un bloc-notes Apple, selon ce que rapportait ComputerWorld l’été dernier. À cela s’ajoute la vente de plus d’un million d’iPhone et de 110 millions d’iPod à ce jour.
En ce début d’automne, force est de constater que la pomme est en vogue. Malgré tout, Apple ne détient qu’une infime portion du marché mondial des ordinateurs personnels. Estimée à 6 % par IDC, sa part ne serait que de 2,5 % selon Gartner, comparativement à 18 % et 15 % respectivement pour HP et Dell. Quant au système d’exploitation Mac OS X Server, sa part est inférieure à 1 %. Il est difficile de croire aujourd’hui qu’Apple détenait 14 % du marché des PC en 1984.
Occasion en or
S’il est un secteur offrant à la multinationale le potentiel d’améliorer son positionnement, c’est bien celui des entreprises. À l’heure actuelle, sa présence y est discrète. Devant l’accueil plutôt froid réservé à Windows Vista, le moment paraît bien choisi de lancer une offensive dans ce marché, comme le suggèrent certains commentateurs. Pareillement, les essais parfois peu concluants de Linux en milieu de travail pourraient inciter les entreprises à se tourner vers le Mac en guise de solution de rechange à Windows.
À cet égard, Apple peut tirer avantage de son passage à l’architecture Intel. Pareillement, la sortie cet automne de Mac OS X 10.5 (portant le nom de code Leopard) milite en faveur d’une percée de la multinationale dans ce marché. Selon ce qui en est transparu, la nouvelle version du système d’exploitation permettra de résoudre les problèmes de compatibilité et d’interopérabilité avec Windows. Sans parler d’autres fonctionnalités caractérisant Mac OS X Server, tels le regroupement, le stockage, la gestion multiplateforme, la sécurité, la collaboration…
Doutes sérieux
En dépit de ces facteurs favorables, d’aucuns estiment que des obstacles continueront, après le lancement de Leopard, d’empêcher l’adoption à grande échelle du Mac comme outil de travail. Selon le magazine IT Business Edge, le fait qu’Apple soit le seul fournisseur de matériel tournant sous OS X pose problème au sein des grandes entreprises, où l’on préfère lancer les appels d’offres à différents fabricants. Pareillement, la difficulté d’obtenir d’Apple des garanties quant à la stabilité de sa plateforme durant une période de temps minimale rebuteraient les organisations.
Toutefois, la principale barrière bloquant la voie de ce marché à Apple demeure sans doute les réticences des organisations à introduire une variable supplémentaire dans leur environnement informatique. On considère généralement que le Mac complexifie la gestion des TI, au même titre que Linux d’ailleurs. Pour les administrateurs de réseau, en outre, cet ordinateur est étiqueté « produit de niche » et s’adresse à des créneaux tels la publicité, le divertissement et l’éducation.
Chez Apple, on ne semble pas particulièrement pressé de changer les perceptions. Aussi, l’entreprise n’a pas de division formelle vouée au développement d’applications pour le monde du travail. Dans les années 80, écrit IT Business Edge, Apple a abandonné sa division Entreprises et, au cours de la décennie suivante, a davantage investi dans les baladeurs MP3, se forgeant une vocation – et une réputation – de fabricant de produits grand public. Cette année encore, le lancement de Leopard, initialement prévu en juin, a été reporté à l’automne parce que des ingénieurs travaillant au projet ont été mutés au développement du logiciel pilotant l’iPhone…
On s’étonne quelque peu de cette orientation, surtout que le Mac et les blocs-notes représentent toujours 50 % du chiffre d’affaires d’Apple. Avec la politique actuelle, on ne peut guère espérer mieux que des gains dans les petites entreprises, souligne IT Business Edge.
Les plus optimistes voient à plus long terme. Pour eux, l’infrastructure TI actuelle est appelée à connaître des bouleversements en raison des technologies grand public que l’on y intègre. Or, de plus en plus, ce sont les consommateurs, ces aficionados de la pomme, qui influencent les changements technologiques au sein des organisations.
Pour l’heure, cependant, la pénétration de ce marché par Apple exigerait un changement de philosophie ne pouvant venir que d’un sérieux coup de barre de la part de Steve Jobs et de son équipe.