La firme Butler prédit un intérêt accru des organisations envers la virtualisation des infrastructures technologiques. Toutefois, celles qui y auront recours devront changer leurs structures internes et leurs modes de financement pour en profiter pleinement.
La firme Butler Group, au terme d’une récente étude, affirme que la virtualisation de l’infrastructure informatique sera la technologie d’importance des centres de données au cours des deux ou trois prochaines années.
La firme anglaise attribue cette popularité à la convergence de trois facteurs importants, soit la volonté de réduire la consommation d’énergie, la nécessité de répondre plus rapidement aux opportunités offertes par le marché et une tendance à l’automatisation des processus afin de réduire les coûts d’exploitation.
Selon ses estimations, une organisation qui aurait recours à la virtualisation pour l’exploitation de 250 serveurs à double cœur pourrait économiser 2 millions de livres sterling (4 millions $) en trois années. Ces économies seraient dues à des épargnes au niveau de l’alimentation électrique, du refroidissement et des coûts de soutien, mais aussi en raison d’une flexibilité accrue et d’une meilleure habileté à répondre aux dynamiques commerciales.
Butler Group estime également que le passage d’une infrastructure orientée vers le traitement sur les postes clients vers une solution de virtualisation des postes de travail qui est hébergée sur un serveur pourrait se traduire par des économies annuelles de 78 000 livres sterling (157 000 $) par année par groupe de 1 000 ordinateurs.
La firme évalue aussi que le recours à des solutions en libre-service reposant sur des technologies de virtualisation des applications pourrait permettre de réduire les appels de soutien et résulter en des économies mensuelles de 4 000 livres sterling (8 052 $) par tranche de 1 000 appels.
Changements nécessaires
Butler affirme que le recours à la virtualisation de l’infrastructure technologique nécessite toutefois un changement important de la culture organisationnelle, au niveau des technologies et au niveau de la conduite des affaires. Ce changement consiste en l’adoption d’une perspective fondée sur la mise en commun des ressources, en remplacement de la traditionnelle approche autonomiste des unités d’affaires fonctionnant en silo.
Également, si la virtualisation procure les conditions favorables au soutien d’une utilisation flexible des ressources technologiques au gré des orientations stratégiques d’une organisation, Butler indique que le déploiement et l’exploitation de ces ressources nécessitent la mise en place d’une structure transparente. Cette transparence, selon Butler, permettra une gestion en fonction des priorités ainsi qu’une identification facilitée des coûts et de la valeur qui sont associés à ces priorités.
Il faudra également passer d’une structure où les projets sont financés par les unités d’affaires, avec un capital de financement initial et des dépenses de soutien qui émanent du budget principal de l’organisation, à un modèle mixe de « paiement à l’utilisation ». Selon ce modèle, le capital initial pour l’infrastructure de base est fourni par le budget central de l’organisation, alors que les unités d’affaires paient pour les services utilisés ainsi que pour le déploiement de nouveaux services.
Butler note la présence de certains freins à l’adoption de la virtualisation de l’infrastructure technologique. Outre un manque de capacités de gestion entre les mondes physiques et virtuels, la difficulté se trouverait au niveau du retard d’adaptation des modèles de licences et de soutien des fournisseurs de logiciels. La firme, néanmoins, note un certain progrès dans la résolution de ces enjeux.
Jean-François Ferland est journaliste au magazine Direction informatique.