Les clients canadiens de la firme peuvent dorénavant stocker leurs données au pays et avoir la certitude que leurs données ne seront pas scrutées par les autorités américaines.
Les entreprises canadiennes qui font affaire avec Iron Mountain peuvent dorénavant stocker leurs données au pays, grâce au nouveau centre de données que l’entreprise exploite à Toronto, qui est doté d’un site miroir à Montréal, a annoncé récemment l’entreprise. Dans le passé, les données des clients canadiens d’Iron Mountain, principalement les entreprises de calibre moyen à grand, étaient entreposées à l’extérieur du pays, en l’occurrence aux États-Unis.
Bien que le nouveau centre de données canadien n’appartient pas à Iron Mountain – l’entreprise ne possède que deux centres, situés aux États-Unis, sur un total mondial de 27 – elle l’exploite par l’entremise d’une entente de partenariat conclue avec l’entreprise qui possède l’établissement. Idem pour le site miroir de Montréal.
En fait, le nouveau centre de données canadien d’Iron Mountain – son premier – sera mis à la disposition des clients canadiens qui utilisent les solutions de protection et de récupération des données Connected Backup for PC et LiveVault du fournisseur de services de protection et de stockage d’information. La division technologique de l’entreprise fondée en 1951, appelée Iron Mountain Digital, propose, pour sa part, des solutions de sauvegarde et de récupération de données et des logiciels d’archivage sous forme de services. Cette division est née de l’acquisition de la firme Connected Corporation en 2004.
On se rappellera qu’en 2005, quelques mois seulement après la création de la division, les rubans magnétiques contenant les renseignements nominatifs de quelque 600 000 employés actuels et passés de Time Warner avaient été perdus durant leur transfert au site d’entreposage d’Iron Mountain aux États-Unis. Pour éviter qu’un tel incident se reproduise, la firme est en train d’équiper sa flotte de camions nord-américaine d’un système de protection sophistiqué, combinant des technologies d’authentification et de localisation par radiofréquence. Le déploiement devrait être complété l’an prochain.
Alors que la solution Connected Backup for PC est conçue pour les données résidant sur un ordinateur personnel et portatif, LiveVault se destine aux données stockées sur un serveur dans un environnement de petites et moyennes entreprises et de bureaux éloignés. Cette dernière associe des technologies sur disque et en ligne. Les deux solutions permettent l’automatisation complète des processus de sauvegarde et de récupération des données.
Motivations légales
Plusieurs facteurs d’ordre légal motivent la décision d’Iron Mountain Canada. Il y a premièrement l’amendement apporté en 2005 à la Loi sur l’accès à l’information et la protection de la vie privée de la Colombie-Britannique (Freedom of Information and Protection of Privacy Act), connue sous le nom de Loi 73. En vertu de cet amendement, les organismes gouvernementaux de la Colombie-Britannique en possession de renseignements personnels liés à des personnes résidant dans cette province sont tenus de stocker de telles données au Canada.
« La Loi 73 interdit aux sociétés de la Couronne de la Colombie-Britannique et des organisations du secteur de la santé d’entreposer leurs données électroniques aux États-Unis, souligne Pierre Matteau, premier vice-président d’Iron Mountain Canada. La loi est très spécifique à ce sujet. Les autorités des autres provinces sont en pourparlers pour éventuellement appliquer des dispositions similaires à cette loi. C’est un peu en réponse à ça que nous avons décidé d’offrir nos services à partir d’un site canadien. »
Aussi, en stockant leurs données au Canada, les entreprises canadiennes peuvent se soustraire à l’application de la loi américaine de lutte au terrorisme (Patriot Act) qui permet aux autorités américaines de scruter les données entreposées en sol américain, sans avoir à aviser le détenteur de ces données.
« De plus en plus de Canadiens sont préoccupés par les possibilités d’ingérence du gouvernement américain, par le biais du Patriot Act qui a été adopté à la suite des événements du 11 septembre, rappelle M. Matteau. Il y a beaucoup d’entreprises canadiennes qui sont concernées par ça et qui demandent, même s’il n’y a pas de loi comme telle, que l’information demeure au Canada. »
Information additionnelle : Computerworld
Alain Beaulieu est adjoint au rédacteur en chef au magazine Direction informatique.