Alors que les réseaux constituent le tissu, voire le cœur des technologies de l’information des organisations, les impacts sur la gestion ne cessent de se multiplier. Constats.
La gestion de réseaux en 2007 n’est pas une mince affaire. Elle est loin l’époque où le réseau servait à relier des terminaux à un ordinateur central. Il y a dix ans, alors que l’informatisation des ressources humaines était encore en progression, la réseautique se résumait au transfert de fichiers entre des postes clients et un serveur. L’Internet, qui était utilisé par quelques privilégiés, servait à la recherche et la consultation de contenus textuels et d’images ainsi qu’à l’envoi et la réception de courriels.
Aujourd’hui, la réseautique suscite autant d’intérêt à elle seule dans une entreprise que l’ensemble des TIC en suscitait jusqu’à tout récemment. Les gestionnaires des réseaux sont très sollicités, que ce soit par les besoins à combler ou par les menaces à éviter, autant de l’intérieur que de l’extérieur de l’organisation. L’identification de tendances dominantes serait ardue, si ce n’est que de constater que sa complexité progresse au gré de la diversification des TIC.
Du contenant…
Que dire à propos du contenant? Bientôt, les organisations devront mettre à jour leurs équipements pour augmenter les taux de transfert des données. Le bon vieux réseau filaire est encore présent, mais les postes de travail qui s’y branchent ne se suffiront plus de taux de transfert de 10 ou 100 mégabits à la seconde pour encore longtemps. Alors que les nouveaux ordinateurs peuvent soutenir jusqu’à un gigabit à la seconde, l’industrie planche sur des normes portant sur des taux de 40 et 100 Gb/s… Il faut mettre à jour les commutateurs et les routeurs, mais aussi les serveurs, alors que la taille des fichiers transférés et le nombre de requêtes simultanées ne peuvent qu’augmenter.
En parallèle, le réseau sans fil progresse à grands pas, autant pour le nombre d’utilisateurs que pour la capacité en bande passante. Le sans-fil élimine l’installation de câblage pour la mise en réseau des systèmes informatiques, mais il fait augmenter l’importance de la sécurité dans l’équation des TIC. L’authentification des utilisateurs et la protection des contenus deviennent alors cruciales. L’organisation doit aussi protéger sa bande passante de coûteux détournements qui font augmenter la facture du fournisseur d’accès à Internet, mais également de diverses intrusions et malversations, alors que chaque technologie émergente fait l’objet de tentatives d’attaques – à l’ère de la virtualisation, l’intrusion dans un système hôte serait très dommageable.
Le réseau, qu’il soit filaire ou non, doit aussi être disponible en tout temps. Il suffit d’une panne de quelques minutes pour que les utilisateurs en attente d’un courriel ou de l’accès à un site maugréent et inondent d’appels les centres d’assistance. Alors que la dépendance des organisations envers l’Internet semble parfois maladive, la redondance des fournisseurs d’accès pourrait devenir une nécessité.
… et des contenus
D’autre part, l’évolution des contenus informatiques fait augmenter la pression sur les réseaux informatiques.
Les utilisateurs finaux exploitent plus de logiciels et d’applications. Les transferts de données sont plus fréquents, voire constants, entre le poste de travail et le serveur d’applications, le serveur de stockage ou le serveur Web. Aussi, chaque logiciel évolue et devient plus gourmand ou plus fertile en données, et la somme de ces évolutions se traduit par l’accroissement du trafic sur les réseaux. Sans compter que les accès se font par des combinaisons de réseaux publics et privés, de même qu’avec une variété croissante d’appareils informatisés.
Tout comme sur les réseaux routiers, les embouteillages deviennent fréquents et les conséquences sur la productivité peuvent être dommageables. Par exemple, le concept des communications unifiées, notamment par l’implantation de la téléphonie IP, peut en faire déchanter quelques-uns si le réseau ne peut soutenir les communications simultanément. D’ailleurs, les concepts de qualité de service et de priorité du trafic suscitent un intérêt grandissant. Mais que faut-il prioriser, alors que tout est considéré comme étant important?
Un élément non négligeable de la gestion de réseaux se situe devant les ordinateurs, alors que le recours de logiciels ou la consultation de contenus non pertinents au travail ont un impact direct sur les performances informatiques et sur la productivité d’une entreprise. Les organisations doivent alors établir des politiques écrites et mettre en place des mécanismes de surveillance accompagnés ou non de règles de restriction. Or, à l’ère du Web 2.0 qui mise sur la participation et l’interaction, les demandes de permission ou d’exception se multiplieront et nécessiteront une adaptation des processus de gestion.
Attention accrue
Les solutions et les outils à la portée des gestionnaires de réseaux ne manquent pas, qu’il s’agisse d’outils de gestion spécialisés et de tableaux de bord ou bien du recours à des services d’impartition. Toutefois, il appert qu’une organisation devra augmenter son attention envers cet élément des TIC, que ce soit par la sollicitation des services d’un gestionnaire dédié ou bien d’un consultant spécialisé.
Si le recours à l’informatique, l’augmentation de la capacité et des performances des ordinateurs et une gestion plus attentionnée des systèmes ont permis aux organisations de faire de grands pas au cours des dernières décennies, l’accord d’une importance similaire à la réseautique pourrait constituer l’élément majeur de la progression des TIC, donc des entreprises, au cours des prochaines années.
Un fabricant d’équipement, il y a quelques années, avait un slogan qui se traduisait par « le réseau est l’ordinateur. » Si l’on anticipe les impacts actuels et futurs de la réseautique sur les organisations et sur la société en général, peut-être pourrions-nous paraphraser le théoricien canadien Marshall McLuhan et dire… « Le réseau est le message. »