Depuis les années 1990, les entreprises ont beaucoup investi dans les progiciels de gestion intégrés. D’une valeur de 25 à 30 milliards de dollars à l’échelle mondiale, ce marché continue à bien se porter. Selon la firme Forrester Research, sa croissance annuelle devrait se poursuivre au rythme de 6,3 % jusqu’en 2010.
Aux États-Unis, le budget consacré par les entreprises à cette technologie fera un bond de 12,3 % en 2007, selon les estimations d’AMR Research. Cette hausse devrait ramener les investissements dans les systèmes PGI (en anglais ERP, pour enterprise resource planning) à leur niveau le plus élevé depuis la fin de la dernière décennie. Divers motifs expliquent ce regain d’intérêt de la part des dirigeants : élargissement de la clientèle, projets de regroupement, ajout de logiciels compagnons et extension du progiciel de gestion existant à de nouveaux utilisateurs.
Les principaux secteurs où, d’après AMR Research, les entreprises ont l’intention de diriger ces investissements sont la veille stratégique, l’analyse commerciale, la fabrication et la gestion de la clientèle. Les démarches des entreprises visent deux enjeux en priorité : la mondialisation et l’allègement de la production.
La PME
Toutefois, le phénomène le plus marquant du marché actuel est sans doute la popularité croissante des progiciels de gestion auprès des petites et moyennes entreprises. Plus du tiers des organisations de taille moyenne ayant participé à un sondage mené aux États-Unis l’année dernière par la firme AMI-Partners a déclaré utiliser un progiciel de gestion intégré ou un système de gestion de la chaîne d’approvisionnement (GCA). Par ailleurs, plus du quart des répondants prévoyait déployer une telle solution dans les douze mois suivants.
Pour AMI-Partners, les moyennes entreprises ont réalisé qu’elles pouvaient établir une corrélation entre rationalisation et automatisation des processus, d’une part, et maximisation de la productivité et de la valeur, d’autre part. L’essor des systèmes PGI dans ce segment de marché est largement attribuable à la réduction des coûts du matériel et des bases de données nécessaires pour les faire fonctionner, indique la firme d’analyse Aberdeen Group. Pour Forrester Research, par ailleurs, les entreprises de taille moyenne continueront à jouer un rôle important dans la croissance du secteur au cours des années à venir.
Le logiciel-service
Un autre facteur de premier plan à cet égard réside dans l’apparition de fonctions PGI offertes en tant que logiciel-service (software as a service, ou SaaS). AMI-Partners révèle que les PME (jusqu’à 1 000 employés) dépenseront 2,44 milliards de dollars à l’échelle mondiale cette année en vue d’acquérir des applications de PGI, de GCA et de gestion des relations avec la clientèle (GRC) vendues sous cette forme (voir cet article). Il s’agit d’une hausse de 17 % par rapport à 2006.
Alors que de plus en plus de PME y font appel pour leurs applications stratégiques, les services hébergés gagnent du terrain sur les systèmes de forme traditionnelle. Au Canada, la croissance des logiciels-services GRC, PGI et GCA pourrait être de l’ordre de 15 % au cours des cinq prochaines années, ce qui ferait du pays le plus grand acheteur dans ce domaine, en compagnie de la France et de la Suède. Les grandes entreprises y voient également un attrait. En termes d’importance, les systèmes PGI représentent le deuxième secteur où elles utilisent le logiciel-service, après les ressources humaines, souligne Forrester Research (voir ici).
Le revers de la médaille
Tout n’est pas parfait, cependant. Petites et grandes entreprises doivent apprendre à mieux exploiter les systèmes PGI. Pour chaque fonctionnalité, il en coûte davantage par utilisateur à une PME qu’à une grande entreprise, croit un analyste d’Aberdeen Group. Pour rectifier le tir, elles doivent accorder une plus grande attention à l’atteinte des objectifs d’affaires, à l’automatisation des processus et à l’établissement de mesures de performance, au détriment de la réduction des coûts.
En ce qui concerne la grande entreprise, la firme Ventana Research, spécialisée en gestion de la performance, est d’avis qu’après avoir permis aux organisations de réaliser d’importantes économies dans les années 1990, les progiciels PGI ont fait peu de progrès en ce sens depuis cette époque. La firme estime qu’aujourd’hui encore, les entreprises de la liste Fortune 500 économisent environ 60 milliards de dollars par année grâce à leurs progiciels de gestion et que, pour cette raison, elles négligent de chercher des façons de tirer meilleur profit de ces systèmes.
Les clients demeurent fidèles au progiciel de gestion intégré en dépit des problèmes sérieux qui affligent ce type de système. Dans un sondage effectué récemment par le Technology Evaluation Center (TEC), près des trois quarts des répondants indiquent se sentir piégés dans le cycle interminable de besoins et de dépenses qu’entraîne leur PGI. Une proportion de 72 % d’entre eux continue à investir dans des améliorations, des mises à niveau et des applications auxiliaires visant à aider leur progiciel à mieux extraire l’information.
Dans ce contexte, le recours au logiciel-service paraît d’autant plus pertinent.