Des concepts tels que l’architecture orientée services et la virtualisation favorisent la prolifération des environnements de serveurs d’application. Petites ou grandes, les entreprises peuvent en tirer avantage, en ayant recours à l’impartition et au logiciel-service notamment.
Selon une enquête effectuée par la firme d’analyse IDC, la popularité des serveurs d’applications connaîtra une hausse très appréciable au cours des années à venir. Le nombre de serveurs exécutant des charges de travail liées aux serveurs d’applications – c’est-à-dire les serveurs d’applications mêmes ainsi que les serveurs exécutant des charges liées à des plateformes de serveurs d’applications – augmentera au rythme de 11 % annuellement jusqu’en 2010, prédit la firme.
Divers facteurs concourent à cette hausse. D’abord, le recours croissant à l’architecture orientée service (SOA) et à la gestion des processus d’affaires (BPM), technologies donnant lieu à un nombre accru de transactions. Par ailleurs, la quantité de serveurs augmentent du fait qu’on les virtualise. IDC inclut aussi les serveurs monofonctionnels (server appliances) et les logiciels de déploiement parmi les facteurs de croissance.
Dans un document publié par la revue Enterprise Systems, le vice-président d’une entreprise américaine de TI abonde dans le même sens. L’utilisation accrue des technologies Java et .NET a pour effet de répandre les architectures orientées service au sein des organisations, entraînant le déploiement de serveurs d’applications, indique-t-il. De plus en plus, ceux-ci jouent un rôle crucial, se retrouvant au coeur des environnements des clients plutôt qu’en périphérie. Selon ce dirigeant, plus de 80 % de la clientèle de son entreprise a adopté des solutions de serveurs d’applications (comme WebLogic, WebSphere, JBoss et Oracle Application Server).
Simplification des TI
Pour Luc Séguin, associé principal du Groupe LSI, une firme montréalaise de services TI, les serveurs d’applications peuvent aider les entreprises à alléger la gestion de leurs actifs et à réduire les frais de maintenance. En centralisant l’information sur un serveur commun, plutôt que de laisser à chaque utilisateur le loisir d’installer ce que bon lui semble, on exerce un meilleur contrôle sur l’environnement informatique, on en accroît la sécurité et, en bout de piste, on en facilite la gestion.
On peut pousser cette logique un peu plus loin, croit Luc Séguin, en faisant appel à l’impartition. En effet, si on a recours à des serveurs d’applications dans le but de se faciliter la tâche, on peut très bien penser à confier le tout à un impartiteur qui, lui, se spécialise dans la gestion des TI. Cette solution devrait être envisagée par toute organisation dont les affaires essentielles sont autres que les technologies de l’information, suggère-t-il. Appelée à prendre de l’ampleur, l’impartition pourrait très bien avoir pour effet de ralentir la croissance des revenus liés aux serveurs d’application, puisqu’un même serveur répond alors aux besoins de plusieurs clients. Voilà un facteur supplémentaire appuyant les conclusions d’IDC.
Par ailleurs, Luc Séguin estime que le concept s’étend même au logiciel-service (software as a service ou SaaS), offre hébergée sur des serveurs d’application et faisant appel à l’architecture orientée service. En y ayant recours, les entreprises évitent les soucis liés au déploiement et à la maintenance, tout en réalisant des économies. « Si un investisseur me demandait vers quel secteur des TI il devrait se tourner, je répondrais vers celui de l’hébergement des serveurs d’applications », précise-t-il.
Le revers de la médaille
Paradoxalement, les revenus du secteur des serveurs d’applications n’augmenteront que légèrement d’ici à 2010, atteignant 5,6 milliards de dollars, comparativement à 4,5 milliards en 2005. Voilà qui contraste avec l’accroissement annoncé du nombre de serveurs au cours de la même période. Pour expliquer ce phénomène, IDC évoque deux raisons primordiales : la vente de serveurs plus performants et la banalisation (commoditization) des serveurs d’application.
Mentionnons que le marché global des plateformes de serveurs d’application, tel qu’il est vu par IDC, comprend aussi les logiciels de traitement transactionnel. Selon la firme, le marché se partage entre plateformes distribuées :- comprenant principalement les environnements J2EE et .NET :- et les plateformes patrimoniales, soit les outils transactionnels fonctionnant sur ordinateur central, tels CICS et COBRA.
Les plateformes distribuées génèrent plus de la moitié des revenus (56 %) du secteur, proportion qui atteindra les deux tiers en 2010. Quant aux plateformes patrimoniales, elles ont crû à un rythme supérieur au cours des dernières années, tout en générant presque autant de revenus que les premières. IDC prédit toutefois une croissance modérée de ce segment de marché.
De façon plus globale, l’adoption du concept de serveur d’applications, sous quelque forme que ce soit, paraît beaucoup plus assurée au sein des entreprises d’une certaine taille. Dans le cas d’une organisation plus modeste, le rendement de l’investissement n’est pas aussi rapide, de sorte qu’il y a souvent hésitation de la part des dirigeants, constate Luc Séguin. Pourtant, les avantages sont bien réels. Selon lui, un travail de sensibilisation reste à faire en ce sens auprès des PME.