L’éditeur de jeux vidéo, qui annonce la création de 200 postes d’ici deux ans et l’établissement d’un centre d’assurance qualité, confirme son attachement pour la Capitale-Nationale. Beenox pourrait ainsi devenir le principal employeur de son secteur à Québec en 2009.
Le studio québécois Beenox, qui est une filiale de l’éditeur international Activision, annonce qu’il passera de 80 à 200 employés d’ici 2009.
L’entreprise de Québec, qui avait doublé ses effectifs au cours de la dernière année et demie, procède à cette expansion pour intensifier la création de jeux vidéo sous licence, qui sont inspirés de films américains et de superhéros, qui seront destinés aux consoles de nouvelle génération que sont la Xbox 360 de Microsoft, la Playstation 3 de Sony et la Wii de Nintendo.
Beenox a également reçu le mandat d’établir un centre d’assurance qualité à Québec pour faire l’essai de titres d’Activision. Ce centre mettra à l’essai certains titres édités pour la console portative DS de Nintendo et pour l’ordinateur personnel, puis étendra progressivement son champ d’action aux autres consoles.
Le studio continuera de procéder à la conversion de titres développés pour les consoles en versions pour l’ordinateur personnel, mais cette spécialité constituera dorénavant 15 % de ses activités commerciales. Le premier jeu développé par Beenox pour les consoles de jeu vidéo sortira pour la prochaine période des Fêtes.
Le président-directeur général de Beenox, Dominic Brown, manifeste son enthousiasme face à la progression de son entreprise depuis qu’elle est devenue en 2005 une filiale d’Activision, l’un des grands éditeurs de l’industrie du jeu vidéo. Il souligne notamment l’indépendance accordée par l’éditeur californien, alors que d’autres éditeurs optent pour l’imposition de lignes directrices strictes.
« Depuis que nous faisons partie du groupe Activision, beaucoup d’opportunités se sont présentées à nous et nous les avons saisies. Depuis deux ans, notre équipe a démontré sa valeur à plusieurs reprises, et nous sommes en train de nous tailler une place enviable dans le groupe », déclare M. Brown.
« Lorsque Activition fait l’acquisition d’un développeur, ils font l’acquisition d’une formule gagnante. Ils ne veulent pas tout changer ni s’approprier toutes les ressources, mais plutôt faire croître, développer, et se baser sur le meilleur du développeur. Ils ne sont pas venus ici pour changer la structure d’administration ou quoi que ce soit. Ils nous ont laissés indépendants et nous laissent gérer nos affaires, mais ils nous fournissent toutes les ressources nécessaires pour aller encore plus loin », ajoute-t-il.
Assurance planétaire
Au sujet de l’établissement d’un bureau dédié à l’assurance qualité, M. Brown confirme l’importance de cette étape dans le développement d’un jeu vidéo. Il précise que les consoles de nouvelle génération qui sont dorénavant branchées sur l’Internet peuvent recevoir des rustines pour les jeux, mais souligne l’importance de ce processus dans un contexte où les joueurs sont de plus en plus nombreux à jouer à une même partie en réseau.
« Lorsqu’un jeu sort sur console, il faut passer à travers un programme de certification chez les fabricants de consoles, et ce n’est pas un processus simple, explique-t-il. De plus, à peu près tous les jeux comprennent une composante multijoueurs, qui peut aller jusqu’à 16 ou 32 joueurs en simultané, et pour les tester il faut 32 personnes. Lorsqu’il s’agit d’un joueur qui joue seul, un joueur testera le jeu pendant une heure, mais si on a besoin de tester à 32 joueurs, cela nécessite 32 fois une heure. »
« Les coûts d’assurance qualité augmentent sensiblement, tout comme l’infrastructure qui est nécessaire pour simuler des parties où plein de gens jouent de partout sur la planète. Nous avons aussi des programmes de test bêta publics, où les gens peuvent télécharger une version du jeu et participer à un test contrôlé avant qu’il ne sorte. Même un éditeur de la taille d’Activision a de la misère à faire des tests d’ampleur », constate le dirigeant.
Déménagement local à l’horizon
M. Brown confirme que son entreprise déménagera sous peu afin d’accueillir plus d’employés et affirme que l’entreprise demeurera à Québec. Beenox s’est dotée , au cours de la dernière année, d’un studio pour procéder à des enregistrements sonores, mais a aussi bonifié ses infrastructures technologiques en vue de l’expansion nouvellement annoncée, notamment au niveau du réseau, de la bande passante et de la sauvegarde.
À propos de la vitalité de l’industrie du jeu vidéo à Québec, M. Brown souligne que plusieurs entreprises en très bonne santé oeuvrent dans la Vieille-Capitale, et ce, dans plusieurs créneaux.
« Il y a des gens dans le [secteur du jeu] de console, pour cellulaire, sur l’Internet…Il y a plusieurs aspects de l’industrie qui sont représentés à Québec, avec au moins deux compagnies. Cela va très bien. Avec l’annonce que nous venons de faire, Beenox va devenir le plus important studio de la ville. »
Soutien essentiel
L’annonce de l’expansion du studio de Beenox bénéficiera de l’appui financier du gouvernement du Québec par le biais du crédit d’impôt pour la production de titres multimédias qui administré par Investissement Québec. Ce crédit vise à favoriser la production de titres multimédias au Québec par l’émission aux entreprises d’un crédit d’impôt remboursable basé sur la masse salariale des emplois qualifiés. Des programmes de formation sur mesure bénéficieront d’un appui financier de la part du gouvernement, par le biais d’un financement octroyé par l’enveloppe des projets économiques d’envergure d’Emploi-Québec.
Interrogé à propos du rôle déterminant de ce soutien financier du gouvernement québécois, M. Brown ne peut confirmer que l’expansion aurait vu le jour si ces programmes n’avaient pas été en place.
« C’est sûr que Québec a une ‘super de belle main-d’œuvre’ au niveau du jeu vidéo qui est très créative, des programmes de formation où l’on commence à avoir un flux de main-d’oeuvre qui sort et qui permet, au lieu de se cannibaliser la main-d’oeuvre entre [les entreprises], d’avoir des nouvelles personnes qui peuvent mettre l’épaule à roue. Toutefois, c’est important d’avoir aussi un contexte fiscal intéressant », estime-t-il.
« On parle d’une industrie de 28 milliards qui va passer à 55 milliards en 2009 et il y a une très forte expansion. C’est important que le Québec offre un contexte avantageux pour pouvoir prendre la majorité de cette croissance et la rapatrier à Québec, car il y a plusieurs autres endroits dans le monde qui ont copié le modèle du Québec et qui ont annoncé des incitatifs », ajoute M. Brown.
Si demain matin le gouvernement du Québec annonçait la fin de ces mesures fiscales, le dirigeant de Beenox affirme que l’industrie québécoise perdrait un important avantage compétitif. « Electronic Arts, Ubisoft et Activision sont des compagnies qui ont des bureaux partout dans le monde. Pour eux, ce n’est pas un challenge incroyable de prendre à un endroit une capacité de production, qu’il est prévu d’ajouter une année dans l’ensemble du groupe, et de l’envoyer à un autre endroit. Nous avons tous les facteurs gagnants pour aller chercher le maximum de cette croissance », conclut-il.