L’expérience de voyage fait un passage à l’ère numérique avec le rehaussement des équipements de travail et de divertissement à bord des avions. Mais au sol, les voyageurs sont assaillis par les technologies… si ces dernières n’en font pas des suspects!
Le voyage en avion a subi de grandes transformations au cours des dernières années. Le téléphone mobile, l’ordinateur portatif, l’assistant numérique personnel et les lecteurs de CD, de DVD et de fichiers multimédias ont graduellement fait leur apparition dans les cabines des appareils, autant auprès des gens d’affaires que des voyageurs en général. Ces sources de travail et de divertissement s’ajoutaient aux composantes embarquées des avions, soit le système de chaînes musicales, le projecteur de film et le coûteux téléphone payant intégré aux sièges.
L’industrie aérienne s’est adaptée face à la prolifération des appareils technologiques. En premier lieu, les transporteurs ont établi des règles interdisant l’utilisation du téléphone mobile et de la fonction téléphonique des assistants numériques personnels en tout temps, tout comme d’utiliser d’autres appareils au décollage et à l’atterrissage. Ces limitations, dans l’ensemble, visent à empêcher les interférences avec les systèmes de communications de l’avion et à assurer la sécurité des passagers.
Mais les compagnies aériennes n’ont eu d’autre choix que de modifier leurs avions pour faciliter l’emploi des autres appareils technologiques. Ainsi, sur certains appareils, les grands écrans, les écrans ACL et les téléviseurs à écran cathodique qui diffusaient le même contenu à tous ont été remplacés par des petits écrans ACL individuels et encastrés pour chaque passager. Des bulletins de nouvelles, des émissions variées, des films, des chaînes de musique et des jeux sont offerts en totalité ou en partie, dans les deux langues ou en anglais seulement, pour satisfaire les goûts de chaque individu.
De plus, à la satisfaction d’un grand nombre de passagers, les prises pour écouteurs à double fiche ont été remplacées par une fiche universelle. Enfin, il est possible d’utiliser ses propres écouteurs sans adaptateur ou sans recourir aux écouteurs (encore) fournis, qui étaient (et sont encore) systématiquement jetés après une seule utilisation! Pour les utilisateurs d’appareils gourmands en énergie, des prises de courant sont accessibles à même les sièges, ce qui permet d’utiliser le cordon d’alimentation conventionnel et d’économiser les piles, tout comme certains transporteurs par autobus en offrent depuis peu.
Quant au téléphone embarqué, il a été tout simplement éliminé, probablement en raison de son utilisation rarissime qui s’expliquait par des coûts très élevés. Il est encore interdit d’utiliser le téléphone cellulaire à bord, malgré que ces appareils soient utilisés sans problème dans les jets privés et malgré que plusieurs personnes les aient employés lors d’un incident mondialement connu qui est survenu il y a cinq ans…
Toutefois, cette mise à jour technologique ne fait que commencer. Si ces améliorations sont présentes dans les appareils récents qui font des liaisons entre des villes majeures, sur des trajets fortement fréquentés par des voyageurs d’affaires, les appareils plus âgés et à plus grande capacité ont encore les équipements traditionnels. Au fil du temps, les compagnies aériennes n’auront d’autre choix que de mettre à jour tous leurs appareils pour satisfaire les besoins des « technopassagers ».
Cohue technologique
Dans les aéroports, toutefois, la présence des technologies semble plutôt tendre vers l’exagération. De l’entrée au terminal jusqu’à l’embarquement, les voyageurs sont littéralement envahis par les technologies!
Certes, certaines sont très appréciées, comme le kiosque d’enregistrement autonome qui permet au passager de s’identifier, de confirmer ou de changer son siège et d’enregistrer ses bagages sans poireauter dans une file d’attente interminable. Dans les restaurants, les bars et les aires d’attente, des écrans de télévision permettent aux passagers de passer le temps en attendant leur vol. Depuis peu, certains aéroports offrent un accès sans fil à l’Internet dans le cadre d’un forfait payant. Enfin, des écrans affichent l’état des vols ainsi que la porte et le temps d’embarquement, ce qui est utile lorsqu’un voyageur est pressé ou en retard.
Toutefois, les impératifs de financement des exploitants d’infrastructures ont mené à une multiplication des affichages de toutes sortes, ce qui résulte en un capharnaüm visuel peu plaisant pour le voyageur. Des écrans ACL petits et grands moussent les forfaits des lignes aériennes, mais aussi la présence des boutiques hors taxes, des restaurants ainsi que les publicités d’une variété d’annonceurs. De plus, des affiches rétroéclairées avec des néons font l’éloge de multiples produits et services, dont ceux d’entreprises du secteur des TIC. Notamment, dans la zone de sécurité, les géants des télécommunications rivalisent par la grandeur de leurs annonces affichant la bouille de leurs mascottes.
Tout cela, ajouté aux écrans d’information et de direction, crée une gibelotte visuelle qui agresse le nerf optique des voyageurs! Ces derniers, de toute évidence, n’ont d’autres choix que de s’y habituer, comme ils s’habituent aux inspections et aux fouilles…
« Technotraces » suspectes
Par ailleurs, les agents de sécurité, depuis quelque temps, prélèvent systématiquement des échantillons de matières à l’aide d’un linge sur les ordinateurs portables, pour ensuite les analyser à l’aide d’un appareil sophistiqué. L’exercice vise à déceler des traces de matières dangereuses.
Or, lorsque l’appareil d’analyse détecte sur un échantillon une trace de matière dangereuse, disons de la nitroglycérine, sur l’appareil d’une personne qui n’a jamais manipulé une telle matière, doit-on s’interroger sur la fiabilité des technologies? Est-ce que l’appareil d’analyse est calibré régulièrement? Peu importe, ladite personne a tout intérêt à ne pas s’opposer à la fouille imposée, si elle ne veut pas créer de soupçon additionnel.
Plusieurs incidents de la sorte sont récemment survenus dans les aéroports à des personnes qui étaient innocentes jusqu’à preuve du contraire. Est-ce que l’appareil d’analyse était fautif? Poser la question peut être une entreprise hasardeuse, dans le contexte de la sécurité accrue dans les aéroports. Sinon, quelle est l’origine de ces traces de matières suspectes? Faudra-t-il un jour se doter d’appareils d’analyse personnels pour inspecter nos objets et notre propre corps? Devant autant de questions, vaut-il mieux laisser son ordinateur à la maison, ou pire encore, rester carrément chez soi?