L’informatique constitue un moyen ô combien facile de création et d’accumulation de l’information pour référence ultérieure. Mais dans ledit futur, comment s’y retrouvera-t-on lorsque viendra le temps de consulter cette tonne de données en format binaire?
Depuis environ vingt-cinq ans, l’informatique personnelle révolutionne le travail du personnel des organisations ainsi que la création documentaire des individus. Des documents texte, des chiffriers, des présentations et des fichiers multimédias sont créés par centaines, voire par milliers au gré des besoins et de l’inspiration. Des notes, des articles, des analyses et des représentations sont produits dans le feu de l’action, avec comme dessein une utilisation à très court terme ou dans un avenir plus ou moins rapproché.
Or, ceux et celles qui ont recours à l’ordinateur depuis fort longtemps créent une quantité de documents qui peut prendre des proportions gigantesques avec le temps. Cette masse de documents, qui se comptait en kilooctets dans les années 1980, se compte maintenant en gigaoctets en ce début de vingt et unième siècle, si ce n’est pas en téraoctets ou en petaoctets dans le cas des grandes organisations. Puisque la tendance à créer de tels documents ne cessera pas sous peu, il est fort possible que chaque individu accumule un nombre impressionnant de documents d’ici à ce qu’il prenne sa retraite ou bien son repos éternel… Mais comment s’y retrouvera-t-on lorsque viendra le temps de jeter un coup d’œil à toutes ces informations?
Les organisations qui consolident leurs documents dans des bases de données ou sur des espaces de stockage peuvent recourir à des outils d’analyse et de forage pour retrouver des informations précieuses accumulées au fil du temps. Mais sur les postes de travail individuels, comment qualifierons-nous cette information? Disons, par exemple, que votre gestionnaire favori quitte l’entreprise pour aller œuvrer sous d’autres cieux. Face à toutes les données contenues dans les documents texte, les chiffriers, les tableaux, les images et/ou les courriels, comment son successeur fera-t-il pour discerner le bon grain de l’ivraie? Mais encore, prendra-t-on seulement le temps de consulter tous ces documents, ou bien seront-ils compressés dans une archive et tablettés dans le « serveur numéro 13 »?
Lorsqu’un entrepreneur trépassait, il n’y a pas si longtemps, ses successeurs pouvaient fouiller dans les tiroirs et juger, en un coup d’œil, si l’information d’un document était encore pertinente. Le reste prenait alors la route du dépotoir (ou plus récemment de la déchiqueteuse et de l’usine de récupération). Mais dans l’univers binaire, comment se passera cette consultation? Passera-t-on des heures et des heures, assis devant un moniteur, à cliquer et recliquer une souris pour faire défiler les données du passé? De nouvelles approches, comme celle de l’inclusion de mots-clés, pourront faciliter le tri de l’information. Toutefois, combien de documents seront illisibles en raison de l’indisponibilité du logiciel qui a servi à leur création?
L’industrie des TIC a peut-être devant elle un joli défi à relever, soit de trouver une solution miracle pour faciliter l’exploration des documents. Mais entre-temps, il y a fort à parier que la tâche sera difficile pour plusieurs.
Dire qu’à une époque pas si lointaine, un défunt pouvait avoir légué à ses descendants une malle remplie de souvenirs et de lettres d’amour qui pouvaient faire rire ou pleurer… Mais face à un disque rigide rempli de documents informatiques, la consultation sera-t-elle aussi nostalgique?