Les technologies de l’information et des communications sont omniprésentes dans notre société, ici comme ailleurs sur la planète. Mais est-ce que les appareils et composantes sont bien adaptés aux conditions environnementales où nous évoluons, que ce soit en matière de climat ou d’interférence ?
Décidément, il y a des matins où Émile Nelligan en perdrait ses alexandrins, lorsque la neige, le vent, la froidure et la gadoue assaillent nos sens et mettent nos nerfs nordiques à rude épreuve, les technophiles adeptes des appareils portatifs en font souvent les frais. Piles gelées, écrans embués et boutons congelés riment alors avec inefficacité.
Quiconque utilise un lecteur MP3, un assistant numérique ou un téléphone sans fil dans un milieu où les conditions climatiques sont rudes a forcément vécu des situations où ces appareils refusent simplement de coopérer. Et les entreprises n’y échappent pas : il y a cinq ans, une entreprise de télécommunications réputée a échoué une démonstration publique à l’échelle continentale d’une technologie, en raison d’un froid « québécois » qui sévissait cette journée-là…
Pourtant, notre société n’est pas née de la dernière bordée de neige. Depuis près de 400 ans, nous vivons dans un milieu où les écarts de température sont plus drastiques que dans les zones au climat tempéré. Et pourtant, les appareils dernier cri semblent avoir besoin d’une petite laine lorsqu’il fait froid, ou même d’un sac hermétique lorsqu’il fait humide, pour fonctionner à satiété.
Certaines industries tirent profit de notre environnement pour effectuer des essais qui permettront d’adapter leurs produits en conséquence, non seulement pour nos besoins locaux, mais également pour des besoins similaires rencontrés ailleurs sur Terre. Des constructeurs d’avions visitent le Nunavut pour confirmer la résistance de leurs aéroplanes au froid, tandis que des manufacturiers d’automobiles testent leurs suspensions dans nos nids de poules. Éventuellement, leurs produits adaptés à certains facteurs particuliers seront plus fonctionnels que dans leur version originale conçue pour les environnements où les écarts ne sont pas si prononcés qu’ici.
Il est peut-être utile de s’interroger sur les efforts que l’industrie des TIC devrait faire en matière d’adaptation des produits en fonction de ces conditions environnementales. Certes, plusieurs sont déjà conscients des impacts de la température sur les appareils. Mais que sait-on vraiment des impacts de la proximité ou de la combinaison des TIC sur les appareils ? Et sur les êtres humains ?
Nous vivons dans une société où le nombre et la variété des appareils et des composantes technologiques ne cessent d’augmenter. Les composantes portatives et les appareils fixes, autant ceux à usage personnel que ceux à vocation commerciale ou industrielle, se côtoient plus que jamais. Imaginez un instant le nombre d’appareils qui sont situés l’un à côté de l’autre, de façon permanente ou temporaire, que vous croisez durant une journée. Impressionnant, n’est-ce pas ?
Il existe déjà des règlements qui obligent les manufacturiers à soumettre leurs appareils technologiques à des laboratoires afin qu’ils procèdent à leur certification. En général, l’exercice vise à assurer que les composantes ne causeront pas d’incendie ou de dégâts, ce qui contrarierait beaucoup les compagnies d’assurances (et causerait quelques désagréments aux usagers…!). Mais procède-t-on à des essais pour connaître les impacts des utilisations simultanées de plusieurs appareils ?
Les exemples d’interférences et de complications ne cessent de se manifester. Par exemple, les ondes d’un four micro-ondes interfèrent avec celles du téléviseur. Mais dans un autre cas, une guérite automatisée peut faire perdre le nord à un lecteur numérique portatif. Devrait-on mettre ces cas sous le compte de la normalité, ou est-ce le signe qu’il faudrait porter une attention accrue aux interactions entre les composantes technologiques ? Bien des études se contrarient à propos des impacts du téléphone mobile sur la santé humaine. Mais que sait-on des autres appareils ?
Il serait peut-être temps de mettre en place, ici même, deux laboratoires dont la portée serait de nature mondiale : un laboratoire voué à l’adaptation des appareils technologiques aux conditions climatiques extrêmes, et un laboratoire voué à la quantification des interactions entre plusieurs appareils technologiques. En bout de ligne, les utilisateurs des technologies de l’information et des communications en sortiraient gagnants, puisque des appareils conçus en fonction de l’environnement fonctionneraient mieux, et ce, en tout temps.
Puisque nous sommes dans une économie qui doit miser sur la valeur ajoutée pour prospérer, de tels laboratoires nous permettraient de contribuer à la formation d’un monde meilleur… et d’appareils toujours fonctionnels.