Selon les résultats d’une enquête, le jeune secteur du multimédia du Québec devancerait celui de la production de disques en termes de contribution à l’économie québécoise.
L’Observatoire de la culture et des communications du Québec a dévoilé les résultats d’une enquête nommée Profil des établissements spécialisés en production multimédia 2003-2004 au Québec qui a été produite avec collaboration de l’Alliance numériqc. Cette étude, consacrée aux établissements spécialisés en production multimédia et en fourniture de services de soutien pour ces entreprises, constitue une première quête de statistiques dont les résultats ont semblé encourager les témoins de l’industrie.
Selon les réponses fournies par 339 établissements à l’automne 2004 et à l’hiver 2005, 61 % des entreprises du secteur auraient cinq ans ou moins d’existence, 29 % existeraient depuis six à dix ans et 11 % seraient en affaires depuis plus d’une décennie. 73 % des établissements seraient situés dans la région de Montréal, 12 % dans celle de Québec et 15 % dans les autres régions. 32 % des établissements auraient obtenu des revenus annuels de moins de 50 000 $, la moitié aurait généré des revenus de 50 000 $ à un million de dollars alors que 18 % auraient obtenu des revenus de plus d’un million de dollars.
Revenus de 382 M $
Cette portion de l’industrie du multimédia aurait d’ailleurs généré des revenus estimés à 382 millions de dollars pour l’exercice 2003-2004, qui seraient principalement constitués de revenus d’exploitation issus de la vente de produits et de services, alors que 14 % auraient comme origine des subventions, des octrois et des crédits d’impôt.
La majorité des établissements obtiennent des revenus associés à des sites Web (259) ou à des produits et services pour l’ordinateur (176), alors qu’un nombre moindre d’entreprises en obtiennent de la borne interactive (18), du téléphone cellulaire (13), de la console domestique (12) de la télévision interactive (11) ou de la console portable (8). Les revenus associés aux sites Web représenteraient 30,6 % de l’assiette totale des établissements de production multimédia, contre 27 % pour ceux liés à l’ordinateur et 18 % à la console domestique.
Quelque 200 établissements parmi les répondants obtiendraient des revenus liés aux services et aux communications interactifs, 114 entreprises auraient obtenu des revenus liés à l’information, à la documentation et à la référence et 80 compagnies auraient généré des revenus liés au logiciel, suivis par l’apprentissage en ligne (71), l’éducatif et le ludo-éducatif (66), le jeu et le divertissement (61) et les oeuvres culturelles (59).
Le segment du jeu et du divertissement représenterait la plus grande proportion des revenus avec un taux de 36,2 %, suivi de ceux associés aux services et communications interactifs (29,3 %), au logiciel (10,4 %) et à l’apprentissage en ligne (9,9 %).
Progression hors frontières
L’enquête révèle aussi que 58 % des revenus générés par la production multimédia des établissements proviendraient de l’extérieur du Québec, soit des États-Unis (29 %), de l’Europe (15 %), du reste du Canada (10 %) et de l’Asie (3 %). 40 % des revenus seraient associés au grand public, 40 % aux entreprises, 15 % aux institutions et aux gouvernements et 4 % à d’autres clientèles.
Enfin, on estime que les établissements participants à l’étude employaient près de 5 300 personnes, dont 85 % seraient des salariés à temps plein 84 % seraient localisés dans la région de Montréal. Le secteur de la production multimédia aurait apporté une contribution de 220 M $ à l’économie québécoise en 2003-2004, ce qui représenterait 0,1 % du produit intérieur brut et du marché de l’emploi, soit le double des revenus générés par l’industrie québécoise de la production de disques.
« Les résultats de l’enquête confirment l’importance stratégique que revêt cette industrie au Québec et démontre son effet structurant au sein de notre économie, déclare Rémi Racine, président du conseil d’administration de l’Alliance numériqc et président et producteur exécutif de l’entreprise Artificial Mind & Movement. Les données recueilles nous permettent non seulement de chiffrer la contribution économique de l’industrie du multimédia au Québec, mais également de démontrer que bien qu’elle soit jeune cette industrie présente de solides assises. »
Agréables surprises
Harold Gendron, le coordonnateur en veille et information de marché à l’Alliance numériqc, a indiqué que ce sondage était des plus utiles alors que le regroupement industriel n’avait pas de portrait précis du secteur de la production multimédia, et noté la présence de quelques données surprenantes.
« Nous nous attendions à ce qu’il y ait un peu moins d’exportation, car il est vrai que lorsqu’on est petit on est plus près du marché de proximité et que plus on est gros plus on est porté à l’exportation. Néanmoins, ces données nous indiquent qu’il y a beaucoup de travail à faire pour amener les joueurs moins établis ou moins gros vers l’exportation, pour que leurs idées ou leurs produits ne demeurent pas des secrets bien gardés », indique M. Gendron.
« Quant à la contribution au PIB, c’est sûr que l’on parle d’un dixième d’un pour cent, mais lorsqu’on la compare avec les autres secteurs de la culture, nous sommes agréablement surpris de voir qu’on dépasse déjà certains secteurs traditionnels qui ont beaucoup d’années d’expérience, alors qu’en dix ans on a déjà atteint quelque 220 millions $ en termes de valeur ajoutée à l’économie », ajoute-t-il.