Souhaitant tirer avantage des vastes quantités de données qu’elles ont accumulées depuis une décennie, les organisations se tournent en grand nombre vers la veille stratégique.
En 2004, les responsables des TI ont fait de la veille stratégique une de leurs priorités, selon une liste établie par Gartner. Le marché des solutions de veille stratégique servant à l’analyse de l’information et à l’élaboration de rapports a alors atteint 5,5 milliards de dollars, en hausse de 200 millions de dollars par rapport à 2003. Forrester prévoit que le total des dépenses liées à la veille stratégique sera, en 2008, de 7,8 milliards à l’échelle mondiale. D’ici là, ce secteur des TI sera celui qui contribuera le plus à la croissance des entreprises, selon Gartner.
Les entreprises d’aujourd’hui n’ont guère le choix. Elles doivent mesurer leurs performances pour demeurer concurrentielles et se conformer à une réglementation plus stricte – notamment la loi Sarbanes-Oxley, les normes internationales de comptabilité et, au Canada, la Loi 198. Pour ce faire, elles doivent extraire l’information pertinente provenant des masses de données qu’elles ont emmagasinées dans des progiciels de gestion intégrée (ERP) et des entrepôts de données, ainsi que dans toutes sortes de systèmes, qui ne sont pas toujours de la toute dernière technologie. En bout de piste, elles espèrent que cette veille stratégique – appelée aussi veille technologique, intelligence d’affaires et BI – les aidera à réduire leurs coûts, grâce à l’optimisation des processus d’affaires, à améliorer le service à la clientèle et à dégager de nouvelles sources de revenus.
Puisqu’elles utilisent une variété de systèmes patrimoniaux, beaucoup de grandes entreprises exploitent de 5 à 15 solutions distinctes aux fins de la veille technologique. Ce qui a pour effet de drainer des ressources importantes en matière de TI, et de laisser planer un doute sur l’intégrité des données. Une transition est donc en voie de s’opérer dans le marché, par laquelle les outils de veille stratégique sont de plus en plus exploités à l’échelle de l’entreprise, plutôt que d’un service. Il faudra encore quelques années sans doute avant que se généralise une telle intégration.
Aider à prendre de meilleures décisions
Entretemps, la veille stratégique est devenue un concept dont la bonne marche repose davantage sur la compréhension des processus de l’entreprise que sur la technologie en soi. L’objectif primordial de l’organisation n’est pas de mettre en oeuvre la technologie de veille, suggère un commentateur, mais d’aider à prendre de meilleures décisions. Un projet de veille technologique dont la première démarche vise à choisir la solution logicielle la plus pertinente démarre du mauvais pied. La réflexion doit porter avant tout sur les affaires, de façon à déterminer quelles sont les informations à exploiter afin que l’entreprise puisse accroître sa rentabilité.
Exploiter les données ne se limite pas à les extraire. Encore faut-il les analyser. Comme on a pu le lire dans les pages de Direction informatique au début de l’année, Gartner déplore qu’un trop grand nombre d’entreprises se contente d’accumuler des données brutes, sans en faire une analyse adéquate. Selon cette firme, une telle utilisation tactique de la veille stratégique ne permet habituellement pas de prendre de meilleures décisions, alors qu’il s’agit justement de l’objectif premier des organisations en matière de veille. Le principal frein au déploiement de ce type de solutions serait le manque de compétences et de connaissances des meilleures pratiques. À ce sujet, Gartner précise qu’il est crucial de former les utilisateurs à propos de l’analyse des données, et ne pas se contenter d’une formation de base sur les outils.
Petit à petit, les entreprises considèrent l’information comme étant une composante stratégique de leurs affaires. La qualité des données devient prioritaire dans nombre d’entreprises. Le marché offre d’ailleurs plusieurs méthodologies et outils permettant de procéder à une épuration de l’information. META Group croit que ce secteur connaîtra une croissance de 20 % à 30 % d’ici à 2008. Dans ce contexte, l’information représente un actif, qui pousse les organisations à établir des stratégies et mettre en place une infrastructure pour la soutenir.