Les cabines téléphoniques disparaissent peu à peu du paysage. Malheur à ceux qui ne sont pas « cellularisés » !
Depuis plus de 125 ans, le téléphone met en contact les gens. Lors de l’émergence de cette technologie, en parallèle aux implantations dans les maisons et les bureaux des gens fortunés, des téléphones publics payants étaient mis à la disposition des gens dans les commerces, au début dans le local central puis dans l’entrée des édifices. En 1941, le premier téléphone payant extérieur, la fameuse cabine téléphonique, fait son apparition à Montréal. Dans les villes, les villages, les centres d’achats, les stations-service et les haltes routières, le téléphone public payant constitue un moyen de communication bien pratique pour les gens en mouvement qui doivent contacter une personne en cours de déplacement.
Au fil des ans, le téléphone public a évolué et est passé de la composition à cadran aux boutons poussoir, puis a accepté dans les années 1990 les cartes d’appel et de débit à bande magnétique en alternative à la menue monnaie. Il a même été doté d’un écran affichant la date et l’heure, une fonction appréciée des gens qui ont oublié ou brisé leur montre. En parallèle, l’ouverture du marché à la concurrence a mené à l’apparition de téléphones publics dont l’utilisation s’est avérée être plus ou moins satisfaisante, mais qui néanmoins permettaient aux gens de communiquer par la voix avec leurs interlocuteurs.
Besoin de placer un appel ? Il suffisait de regarder au loin sur une artère pour remarquer une cabine rectangulaire en bordure de rue, ou bien une pancarte bleue affichant un combiné téléphonique, un symbole presque universel indiquant qu’un moyen de communiquer est disponible à quelques pas de soi.
Le téléphone mobile contre la cabine fixe
Hélas ! L’essor constant du téléphone cellulaire a réduit considérablement le bassin des personnes susceptibles d’utiliser un téléphone public. Puisque la présence de ces appareils à un endroit donné est dictée avant tout par un rapport entre les revenus et les coûts, et non par l’offre d’un service public à la société, bon nombre d’appareils et de cabines ont été retirés de la circulation. Là où il y avait trois cabines, il n’en reste qu’une. Là où il y en avait un, il ne reste que les trous des ancrages au sol. Là où l’on trouvait une cabine fermée, il ne reste qu’un appareil dans un petit réceptacle monté sur un socle. Et à la majorité des appareils, il n’y a plus de bottin téléphonique…
Les « non-cellularisés » d’ici sont chanceux d’avoir quelques cabines téléphoniques à leur portée, bien qu’il faille marcher une plus grande distance pour les atteindre. Chez nos voisins du Sud, les cabines extérieures sont disparues des rues de plusieurs grandes villes. Il n’y en a presque pas à Las Vegas – où l’on veut que vous mettiez vous sous dans d’autres types d’appareils – et à Washington, il n’y a carrément plus de cabines au centre-ville. À Londres, le maire a demandé à British Telecom de revenir sur sa décision d’éliminer du paysage les icônes que constituent les cabines téléphoniques rouges. Shocking !
À cause de l’omniprésence du cellulaire, le téléphone public est devenu un moyen de communication de deuxième ordre. Dans les hôtels ou les magasins, la personne qui n’a pas de téléphone mobile et qui en cherche l’emplacement est traitée avec un ton et un regard qui laissent croire qu’on la perçoit comme étant un « technopauvre ». Ceux et celles qui choisissaient de ne pas avoir de cellulaire pour des questions de principe, malheureusement, n’auront pas d’autres choix que de se munir d’un « téléphone à poche » pour pouvoir communiquer au besoin, quitte à trop payer pour un appareil qui ne servira qu’à l’occasion.
Dans quelques années, le téléphone public extérieur ira rejoindre le pigeon voyageur, le code morse et le télégraphe sans fil au musée. Le grand public qui a besoin de communiquer n’aura d’autre choix que de s’adapter. Et certains, comme Superman, devront trouver d’autres endroits que la bonne vieille cabine aux portes battantes pour arriver à leurs fins…