On n’en finit plus de prédire que la vidéoconférence va se substituer aux réunions traditionnelles. Force est de constater que la prophétie ne s’est toujours pas concrétisée et qu’en dépit d’une poussée momentanée au lendemain du 11 septembre 2001, le concept n’a pas réussi à s’implanter véritablement au sein des organisations.
Selon les estimations de la firme d’analyse Gartner, la vidéoconférence – aussi appelée visioconférence – n’atteint que 5 % de son public cible.
Un phénomène relativement nouveau pourrait cependant permettre à cette industrie de pénétrer davantage le marché : le déplacement des réunions virtuelles vers les postes de travail individuels, qui a donné naissance à la vidéoconférence personnelle. Celle-ci est alimentée par l’utilisation croissante de fonctions de collaboration multimédias à partir du PC. Conférences Web, webinaires, formation en ligne et autres formes de partage d’images et de documents par l’entremise d’Internet en font partie.
Ces technologies se distinguent de la vidéoconférence de groupe qui, elle, rassemble les participants dans une même salle. Bien que la qualité de l’image et du son produits par cette dernière ne cesse de s’améliorer, la vidéoconférence personnelle fait l’objet d’une attention beaucoup plus grande de la part des fournisseurs. Selon les analystes de Wainhouse Research, spécialistes du marché du multimédia et de la collaboration visuelle, de grandes multinationales comme Avaya, Cisco, IBM/Lotus et Microsoft qui, toutes, font la promotion de leurs applications bureautiques de vidéoconférence, contribueront à la diffusion de ces technologies dans les années à venir.
Il n’est pas surprenant, dira-t-on, que les prévisions de croissance soient à la hausse pour le secteur : une étude de la société de conseil Frost & Sullivan indique que, d’ici 2011, le marché mondial de la vidéoconférence passera de 567 millions de dollars de revenus (total atteint en 2004) à 3,1 milliards. Chez Wainhouse Research, on demeure tout de même prudent quant à la source de cette progression : même si les technologies de collaboration sur PC suscitent un battage dans les médias et de nombreux efforts de la part des fournisseurs, il n’est pas certain qu’elles puissent réussir là où la méthode traditionnelle a échoué.
D’ailleurs, une étude conduite par cette même firme, en 2005, révèle que les entreprises préfèrent encore la vidéoconférence de groupe : 65,7 % des utilisateurs y ont recours, contre 41,9 % pour les technologies personnelles. Pour le moment, l’utilisation de ces dernières est circonscrite à des petits groupes d’utilisateurs au sein des organisations, et ne découle pas de politiques d’entreprise généralisées. En cela, la vidéoconférence personnelle marche dans les traces de la messagerie instantanée qui, fait remarquer un analyste de Gartner, s’est répandue de la même façon.
Le premier fournisseur de systèmes de groupe demeure Polycom qui, selon Frost & Sullivan, détient 42 % du marché. Parmi ses principaux concurrents, on retrouve Marconi, Sony et Tandberg. Il est permis de penser que ces entreprises suivent de près l’évolution de la vidéoconférence personnelle, car elles ont des raisons de craindre qu’Internet ne leur joue le même tour qu’aux fournisseurs de services téléphoniques interurbains…
Pour l’heure, leurs solutions exploitent de plus en plus le protocole IP, quoique la conversion vers cette technologie ne progresse pas aussi rapidement que prévu, conséquence de la réduction des dépenses en TI ces dernières années. Wainhouse Research rapporte que, dans une proportion de plus de 50 %, les systèmes nouvellement installés fonctionnement sous IP. Malgré tout, la vidéoconférence de groupe continue de se faire par l’entremise de réseaux ISDN principalement, en raison du grand nombre de systèmes patrimoniaux demeurés en place dans les entreprises.
La plupart des observateurs s’entendent à dire que la vidéoconférence de groupe et la vidéoconférence personnelle seront éventuellement fondues dans les mêmes solutions. Ce qui ne semble pas être pour demain, toutefois.