BLOGUE – Uber et Lyft pourraient bien un jour devenir un mode de transport dépassé. On pourrait éventuellement, depuis un héliport, monter à bord d’un véhicule volant autonome pour se rendre à destination. Ces futurs taxis, qui, non seulement exploiteront l’espace aérien pour décongestionner le réseau routier, ne nécessiteront pas la présence d’un pilote.
Soyons réalistes, le monde (et la technologie) n’est pas encore tout à fait prêt pour les taxis volants autonomes. Il faudra d’abord maîtriser la technologie permettant la conduite autonome, ce qui ne se fera pas avant cinq ou dix ans.
Le concept des véhicules volants autonomes ne vise pas seulement le transport de passagers, mais également celui de marchandises telles que les fournitures médicales, les colis, la nourriture et plus encore. Des entreprises se penchent activement sur cette technologie afin de l’exploiter pour livrer des colis le même jour ou pour expédier régulièrement des fournitures à des endroits éloignés sans recourir aux services d’un pilote. D’ici dix ans, les possibilités sont réelles à cet égard.
Il y aura tout d’abord des défis d’ordre réglementaire et sociétal à relever, mais les véhicules volants autonomes sont l’une des 17 nouvelles technologies composant le Hype Cycle 2018 de Gartner en matière de technologies émergentes. Le Hype Cycle porte sur les technologies qui offriront un avantage concurrentiel substantiel au cours de la décennie à venir.
Cette année, Gartner a structuré les 17 technologies selon 5 grandes tendances qui viendront brouiller les frontières qui séparent les humains des machines : la démocratisation de l’intelligence artificielle (IA), la numérisation des écosystèmes, la bio-informatique libre, les expériences immersives transparentes et les infrastructures omniprésentes.
Tendance 1 : la démocratisation de l’IA
D’ici dix ans, les technologies d’IA seront pratiquement partout. Permettant actuellement à leurs adopteurs précoces de s’adapter à de nouvelles technologies et de résoudre des problèmes jamais rencontrés auparavant, elles deviendront accessibles au grand public – se démocratiseront. Les mouvements et les tendances tels que l’infonuagique, la culture Maker et le code source libre auront bientôt fait de rendre l’IA accessible à tous.
Par exemple, grâce à des robots intelligents capables de travailler aux côtés des humains – en assurant des services aux chambres ou en travaillant dans les entrepôts –, les entreprises seront en mesure de soutenir et de remplacer des ressources humaines ou de les redéployer vers des tâches plus utiles et rentables. Cette catégorie comprend également la conduite autonome de niveau 4 et de niveau 5, qui a remplacé les « véhicules autonomes » cette année dans le Hype Cycle.
La conduite autonome de niveau 4 désigne la capacité des véhicules de fonctionner sans interaction humaine dans la plupart des conditions et des endroits, et vraisemblablement dans des zones délimitées virtuellement. Des véhicules ayant ce niveau d’autonomie de conduite intégreront probablement le marché sur un horizon de dix ans. L’autonomie de conduite de niveau 5 désigne la capacité des véhicules de fonctionner de façon autonome dans toutes les situations et conditions, ainsi que de maîtriser toutes les tâches. Dépourvues de volant, de freins ou de pédales, ces voitures pourraient devenir un autre milieu de vie pour les familles et exercer une incidence sociétale importante.
Tendance 2 : la numérisation des écosystèmes
En règle générale, les nouvelles technologies nécessitent le soutien de nouvelles bases techniques et des écosystèmes plus dynamiques. Ces derniers nécessiteront l’élaboration de nouvelles stratégies d’affaires et le passage à des modèles de gestion s’appuyant sur des plateformes. Le passage des infrastructures techniques compartimentées à des plateformes d’écosystèmes donnera lieu à la conception de modèles de gestion entièrement nouveaux qui feront le pont entre les humains et la technologie.
La chaîne de blocs (blockchain), par exemple, qui offre la possibilité d’accroître la résilience, la fiabilité et la transparence des systèmes centralisés, ainsi que la confiance envers ceux-ci, pourrait venir changer les règles du jeu pour les responsables de la sécurité des données. Cette tendance comprend aussi les jumeaux numériques. Ces représentations virtuelles d’objets réels commencent à être adoptées dans le secteur de la maintenance et Gartner estime que, d’ici cinq ans, des centaines de millions d’objets auront leur jumeau virtuel.
Tendance 3 : la bio-informatique libre (biohacking)
L’année 2018 ne représente que le début d’une ère « transhumaine » où la bio-informatique libre et les humains « augmentés » seront de plus en plus populaires et accessibles. Cette technologie ira des simples diagnostics jusqu’aux implants neuronaux. Reste à savoir jusqu’où la société est prête à aller pour accepter ces types d’applications et à examiner les enjeux éthiques auxquels elles donnent lieu.
Il y a quatre catégories de modifications bio-informatiques : l’augmentation technologique, la nutrigénomique, la biologie expérimentale et l’augmentation des capacités physiques au moyen d’implants (grinder biohacking).
Par exemple, les puces à ADN offrent le potentiel de détecter des maladies depuis le cancer jusqu’à la varicelle avant même que le patient ne présente de symptômes. Ces puces sont couvertes d’une panoplie de capteurs moléculaires ayant la capacité d’analyser des éléments biologiques et des substances chimiques. Le Hype Cycle intègre aussi cette année les muscles biotechnologiques cultivés artificiellement et d’inspiration biologique. Cette technologie, qui en est actuellement au stade de l’élaboration en laboratoire, pourrait un jour permettre le développement cutané et tissulaire sur un robot, rendant ce dernier sensible à la pression.
Tendance 4 : les expériences immersives transparentes
La technologie, notamment celle que l’on a pu observer dans les espaces de travail intelligents, est de plus en plus centrée sur l’humain, brouillant ainsi les frontières qui séparent les gens, les entreprises et les objets, et favorisant une expérience de vie et de travail plus intelligente. Dans un espace de travail intelligent, on a recours à des tableaux blancs électroniques pour consigner plus efficacement les comptes-rendus de réunions, des capteurs permettent de fournir des renseignements personnalisés selon l’emplacement des employés et les fournitures de bureau peuvent interagir directement avec les plateformes de TI.
Tendance 5 : les infrastructures omniprésentes
Les infrastructures ne font plus entrave à l’atteinte des objectifs de l’organisation. L’avènement et la vaste popularité de l’infonuagique et de ses variations ont favorisé l’accès illimité et ininterrompu à une infrastructure informatique.
Prenons, par exemple, l’informatique quantique. Grâce à des systèmes complexes de bits quantiques et d’algorithmes, elle offre une exécution exponentiellement plus rapide que celles des ordinateurs conventionnels. Dans l’avenir, cette technologie exercera une incidence énorme sur l’optimisation, l’apprentissage machine, le chiffrement, l’analytique et l’analyse d’images. On n’assistera sans doute jamais à la mise en marché d’ordinateurs quantiques tout usage, mais la technologie offre un potentiel formidable à certains égards bien précis.
L’auteur Mike Walker est vice-président de la recherche chez Gartner. Ses activités sont axées sur l’architecture d’entreprise et l’innovation technologique. Mike Walker parlera des perspectives d’avenir des technologies émergentes à l’occasion du Gartner Symposium/ITxpo.
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