BLOGUE – Plus le maillage numérique entre les gens, les appareils, le contenu et les services donne lieu à la création de nouveaux modèles commerciaux et opératoires en reliant gens, objets, données et services, plus la vitesse et l’incertitude deviendront la norme.
Par ailleurs, compte tenu de l’incidence profonde qu’exerce l’intelligence artificielle (IA), les organisations devront procéder à d’intensives expérimentations afin d’apprendre les façons de l’appliquer à divers scénarios d’affaires. Le secteur des infrastructures et opérations devra jouer le rôle essentiel de « centre nerveux » organisationnel apte à détecter rapidement les possibilités, à y réagir et à fournir les applications et les infrastructures.
Comme il en sera question à l’occasion du Gartner CIO & IT Executive Summit qui se tiendra bientôt à Toronto, les entreprises d’exploitation des TI sont contraintes de redéfinir leurs rôles et leurs propositions de valeur. La grande question consiste à savoir si elles pourront compter sur les compétences nécessaires pour assurer la réussite de leurs initiatives en matière d’affaires numériques.
La main-d’œuvre des TI constitue un point de bascule. En 2017, elle était constituée d’environ 42 % de spécialistes. Toutefois, les initiatives d’affaires bimodales et numériques requièrent un ensemble de compétences beaucoup plus vaste et plus polyvalent.
Par conséquent, Gartner prévoit que, d’ici 2021, 40 % du personnel des TI sera constitué de travailleurs polyvalents, soit des personnes pouvant exercer diverses fonctions, dont la plupart seront liées aux affaires plutôt qu’aux technologies. Ce virage s’amorcera d’abord du côté des infrastructures et opérations, puis sera suivi d’une augmentation du nombre de gestionnaires et de responsables des TI non spécialisés du point de vue technique, ainsi que présentant un profil polyvalent.
Cette onde à l’échelon des gestionnaires atteindra ensuite les démarches d’affaires numériques orientées vers le marketing, telles que la veille stratégique (VS), pour déferler par la suite sur les travailleurs polyvalents du développement logiciel, de la gestion des produits numériques, de la gestion de projets/programmes/portefeuilles, de la gestion de l’expérience client et de l’architecture.
Ces ondes de changement auront des répercussions très importantes sur l’emploi dans le domaine des TI. Les directeurs des services d’information sont nombreux à croire que le numérique est exclusivement une affaire de nouvelles technologies. Pourtant, la fonction la plus importante des technologies numériques consiste à soutenir des gens, à faciliter leur travail et leur vie personnelle, à favoriser leur efficacité, ainsi qu’à leur offrir de la commodité. Ce sont des fonctions centrées sur les gens et sur les expériences qui assureront un soutien essentiel aux initiatives de transformation des affaires numériques.
Gartner prévoit que, d’ici 2020, les affaires de 75 % des entreprises seront touchées par des perturbations visibles attribuables à des lacunes de compétences en matière d’infrastructures et opérations. Cette hausse est alarmante par rapport à la proportion de moins de 20 % observée en 2016.
Pour pallier cette lacune, les dirigeants devront changer de manière considérable leur façon de penser axée sur le « quoi », en ce qui concerne les emplois dans le domaine des infrastructures et opérations, soit les connaissances techniques, l’éducation et la formation, par exemple. Avec l’adoption des affaires numériques et de nouvelles façons de travailler dans ce domaine, ils doivent désormais focaliser leur attention sur le « comment », c’est-à-dire les compétences comportementales.
L’auteur Terrence Cosgrove est vice-président de la recherche chez Gartner. Ses domaines de recherche concernent la gestion de la configuration, l’automatisation des serveurs, la gestion des points d’accès, la gestion de la mobilité et le soutien TI en matière de bureaux infonuagiques.
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