À la conférence Web-in à Montréal, Stéphane Lagrange de l’agence numérique Revsquare a démontré que l’approche du défilement s’impose encore dans les interfaces utilisateurs des sites Web.
Lors d’une allocution donnée à la conférence Web-in, qui est consacrée au Web, le chef du marketing et vice-président pour le Canada chez Revsquare, Stéphane Lagrange, a indiqué que le recours au défilement de pages de contenu (scroll) ou bien au clic d’éléments dans une page délimitée par l’écran (click) pour la navigation dans un site Web faisait l’objet de débats chez des clients de l’agence.
M. Lagrange a affirmé que ceux qui croient que les longues pages de contenu n’ont plus la cote se trompaient, en démontrant plusieurs exemples de sites Web de nouvelles, de commerce électronique et de réseaux sociaux qui utilisent le défilement. Il a souligné qu’une recherche qui a été effectuée en 2006 [par l’agence spécialisée en expérience utilisateur ClickTale] à l’aide d’un ensemble de 120 000 pages vues avait démontré que 22 % des internautes faisaient défiler une page Web jusqu’en bas.
« Les sites de nouvelles de CNN et de Yahoo, qui ont parmi les plus longues pages, sont ceux qui génèrent le plus de revenus. Si c’est payant, donc ça marche! », a lancé M. Lagrange.
M. Lagrange a souligné que beaucoup de contenu Web était situé sous la « page principale », soit en bas de la portion de page initiale qui apparaît à l’écran lorsqu’un utilisateur arrive dans une page Web.
En soutien à l’approche du défilement, M. Lagrange a évoqué des observations de l’expert en ergonomie informatique Jakob Nielsen. M. Nielson, en 2000, a affirmé que les menus de navigation étaient peu utilisés dans les sites Web par les internautes, qui sont davantage attirés par le contenu. « Les gens qui sont attirés par une nouvelle sont attirés par du texte, de l’image ou des illustrations, a indiqué M. Lagrange. La présence de la structure de navigation rassure, mais elle n’est pas essentielle. »
D’autre part, comme l’a indiqué M. Lagrange, M. Nielsen a déclaré en 2010 que 80 % du temps des internautes était passé dans la portion qui s’affiche à l’écran à l’arrivée dans un site Web. Dans la Toile, dans un article qu’il a écrit à ce sujet à l’époque, Jakob Nielsen précise que l’espace supérieur d’une page Web est valorisé pour attirer et garder l’attention de l’utilisateur. Toutefois, il ajoute qu’il est mieux de présenter du long contenu dans une seule page plutôt que dans plusieurs pages, parce qu’il est plus facile pour l’utilisateur de continuer à défiler que de choisir s’il clique ou non pour accéder à la page suivante. Néanmoins, M. Nielsen précise que la capacité de défilement des internautes ne libère pas l’exploitant d’un site Web d’une obligation de prioriser le contenu et d’assurer que ce qui est vraiment important se trouve « au-dessus du pli* ».
« Le défi est de définir ce qu’on mettra dans le premier écran et comment on incitera les gens à continuer plus en bas », a-t-il ajouté.
M. Lagrange a affirmé que les gens étaient disposés à faire défiler les pages d’un site Web pourvu que le contenu soit intéressant. Il a souligné que le défilement du contenu convient aux sites des réseaux sociaux « qu’on fait défiler parce que le contenu est intéressant », aux sites des commerçants « qu’on visite avec un objectif très précis », aux blogues et aux moteurs de recherche. Le défilement convient aussi aux interfaces mobiles, notamment sur les téléphones évolués où le déplacement dans une page à l’aide du doigt fait déjà partie des habitudes d’utilisation.
M. Lagrange a fait état d’une tendance où les pages thématiques d’un site Web sont remplacées par des sections qui sont positionnées une après l’autre dans une longue page. Cette approche « d’univers » permet d’afficher de la publicité qui est liée à la thématique d’une section, plutôt que l’approche de la « pizza » où il y a dans le haut d’une page Web une concentration de publicités et de liens vers du contenu.
Et le clic?
À propos de l’approche du clic, où le contenu est accessible à partir de menus ou d’éléments cliquables à même l’affichage initial d’un site Web, M. Lagrange a fait état de sites Web dont les pages sont délimitées par l’écran de l’utilisateur. Ces sites nécessitent qu’on clique des hyperliens ou des éléments afin d’y naviguer et d’y consulter du contenu. Cette approche est utilisée notamment dans les sites Web d’agences publicitaires et d’agences numériques…
« L’approche du clic convient bien aux sites Web qui visent la pose d’un geste immédiat [call to action en anglais] », a souligné M. Lagrange. Il a aussi donné l’exemple d’un site Web d’un détaillant où le glissement du curseur sur le menu principal fait apparaître des sous-menus à l’écran. Également, M. Lagrange a fait état d’une fonction qui fait apparaître, au gré de l’écriture de mots dans un moteur de recherche d’un site Web mercantile, des catégories de produits ou des produits qu’il est possible de cliquer.
À la question « le défilement ou le clic? » qu’il a posée à plusieurs reprises à l’auditoire durant son allocution, M. Lagrange a répondu « ça dépend ». « Ça dépend des objectifs d’affaires, de l’audience cible, de la densité du contenu, de la dimension transactionnelle, des tests de convivialité et des statistiques Web », a-t-il précisé.
* Le pli réfère ici au pli d’un journal qui est plié en deux. Le contenu se trouve dans la portion supérieure du journal et qui est visible lorsque l’exemplaire est dans un présentoir ou sur une table se trouve « au-dessus du pli ».