Le Centre de développement et de recherche en imagerie numérique exercera des activités de recherche pour des projets artistiques et scientifiques, ainsi que des activités de formation des étudiants, au moyen d’un centre de capture de mouvements qu’on dit être le plus grand du genre en Amérique du Nord.
Le Centre de développement et de recherche en imagerie numérique (CDRIN), qui est situé en face du Cégep de Matane, a été inauguré après huit années de préparation et des investissements d’une valeur de six millions de dollars. Ce centre aura comme mission principale la réalisation de travaux de recherche et de transfert technologique auprès d’entreprises pour des applications de divers secteurs comme ceux du jeu vidéo et du cinéma, selon trois axes.
En imagerie numérique, les travaux porteront sur la vision numérique et sur
Représentation du Centre de développement et de recherche en imagerie numérique. (Image : CDRIN)
le développement de logiciel et de matériel. En numérisation et en analyse du mouvement, les travaux viseront l’optimisation et l’hybridation de systèmes de capture, l’optimisation de l’efficacité des processus de capture et le développement de nouveaux procédés d’analyse et d’extraction de données numériques.
Pour l’axe portant sur l’interface homme-machine, l’immersion et la réalité virtuelle, les efforts seront concentrés sur l’expérimentation et l’optimisation des étapes de production impliquant des interfaces, sur l’expérimentation d’interfaces logicielles et matérielles et sur l’application de technologies d’interface dans les domaines des médias interactifs, de la santé et de l’ingénierie et de l’ergonomie.
Les travaux du CDRIN seront réalisés au moyen d’un studio de capture du mouvement qui mesure 30,5 mètres de longueur par 24 mètres de largeur par 10 mètres de hauteur, d’une structure autoportante et d’un pont de cascadeurs.
L’équipement qui y sera utilisé comprend cinq systèmes de capture de mouvements, soit un système de 8 caméras et un système de 24 caméras à technologie optique passive, un système à technologie gyroscopique et inertielle, un système à technologie de capture par vidéo et un système à technologie mécanique exosquelette. Une dizaine d’ordinateurs PC et Mac qui sont installés dans des bureaux de chercheurs et une station de montage qui est dotée de trois logiciels Autodesk sont également utilisés.
Le CDRIN est doté d’un ensemble de locaux qui est reconnu comme étant un « carrefour de la nouvelle économie ». Cet ensemble de locaux pourra être loué par une entreprise dans le cadre de travaux de recherche et de transfert, afin d’obtenir des exemptions fiscales.
Retombées multiples
Émery Béland, qui est le directeur général du Cégep de Matane et le président du conseil d’administration du CDRIN, explique que l’établissement de ce centre de recherche visait à mettre à profit l’expertise qui était détenue dans certains programmes de l’établissement collégial.
« Or, en s’associant au fil du temps à des entreprises de l’industrie du divertissement numérique, on s’est aperçu qu’il y avait une lacune dans le
Le studio de capture de mouvement du CDRIN serait le plus grand du genre en Amérique du Nord (Photo : CDRIN).
développement de ces organisations au niveau de la reproduction d’un mouvement le plus fluide possible. De là est partie l’idée de mettre sur pied un centre de recherche qui abriterait les technologies de capture de mouvement les plus développées dans le monde, afin de travailler sur les avancées des technologies avec les experts des maisons de production », explique M. Béland.
Notamment, la mission du centre vise le développement et la commercialisation de produits québécois au niveau du logiciel et du matériel. Selon M. Béland, un caractère unique du CDRIN est de pouvoir adapter l’offre aux besoins de petites, de moyennes et de grandes entreprises.
« Les projets de recherche déboucheront sur l’évolution de systèmes de capture de mouvement, avec des retombées qui seront autres que celles qui avaient été établies dans les protocoles et hypothèses de départ », estime-t-il. M. Béland donne alors l’exemple d’un projet réalisé avec Quattriuum, une petite entreprise québécoise, qui portait sur un système de la capture de mouvements à l’aide de radiofréquences.
M. Béland dit souhaiter que les projets de recherche du CDRIN puissent contribuer à la diversification de l’emploi dans la région de Matane, par la création de bureaux satellites de la part de partenaires de projets de recherche, au terme de découvertes importantes.
D’ailleurs, le CDRIN a indiqué que trois entreprises, soit Ubisoft, le Cirque du Soleil et Frima, tireront profit des installations du centre de recherche et développement en imagerie numérique à titre de « partenaires ». M. Béland explique que des entreprises qui loueront les installations pourront conserver la propriété intellectuelle des découvertes. Toutefois, il précise que le CDRIN pourra déposer lui-même un projet dont les découvertes seront détenues en interne et pourront être partagées avec d’autres organisations spécialisées. Une entreprise qui participerait directement à un tel projet profiterait d’un transfert technologique.
Attrait pour les étudiants
D’autre part, les travaux du CDRIN, qui seront réalisés par une quinzaine d’enseignants-chercheurs, serviront aussi à la formation des étudiants qui sont rattachés à six programmes de formation du Cégep de Matane. Ces programmes sont l’animation 3D et la synthèse d’images, la photographie, l’aménagement et l’urbanisme, l’informatique et la programmation pour les médias interactifs, l’intégration multimédia et l’électronique industrielle.
« Nous étions dotés au cégep d’un studio de photographie, et maintenant nous avons un studio de capture de mouvement. Ces éléments deviennent importants pour quelqu’un qui veut étudier dans des domaines comme l’imagerie numérique ou même la thérapie physique, car la personne pourra être associée à des projets de recherche dans le cadre de ses études et être plus qualifié pour faire le travail lorsqu’elle terminera son cours », explique M. Béland.
Financement
Parmi les six millions de dollars qui ont été requis pour l’établissement du CDRIN, 2 153 083 dollars proviennent du secteur privé sous la forme d’un don d’équipements et de logiciels. La contribution de l’éditeur de logiciels Autodesk équivaut à 1 344 733 dollars, et celle du fournisseur de système de capture Vicon Motion Systems équivaut à 689 350 dollars. L’entreprise Quattriuum de Montréal a fourni un système de capture d’une valeur de 119 000 dollars.
Au niveau gouvernemental, le ministère du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation du Québec a fourni 653 820 dollars alors que Développement économique Canada a octroyé 435 880 dollars au projet. Le Cégep de Matane a investi 2,7 millions de dollars dans le projet.
La Conférence régionale des élus du Bas-Saint-Laurent, la Municipalité régionale de comté (MRC) de Matane, le Centre local de développement de la MRC de Matane, la Ville de Matane et la Société d’aide au développement économique de la région de Matane fourniront au total 250 000 dollars par année, au cours des trois prochaines années, aux fins du financement des activités d’exploitation du CDRIN.
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Jean-François Ferland est rédacteur en chef adjoint au magazine Direction informatique.