Gregory Dudek, directeur de l’École des sciences informatiques de l’Université McGill, est la personnalité du mois de novembre 2010 en TI au Québec.
À l’Université McGill, Gregory Dudek a mis au point un robot amphibie unique en son genre, appelé à faciliter grandement diverses activités sous-marines, dont la recherche. Pour réaliser ce projet, d’imposants défis ont dû être surmontés, en termes de vision par ordinateur et d’intelligence artificielle, entre autres. Cette réalisation et l’ensemble de ses travaux ont valu au professeur Dudek le prix Acfas – J.Armand-Bombardier 2010 pour l’innovation technologique.
Les recherches dans le but précis de concevoir ce robot ont débuté il y a environ huit ans. Elles ont donné naissance à AQUA, créature palmipède aux dimensions réduites (50 cm x 65 cm x 13 cm) et dotée de caméras. D’une certaine façon, le succès du projet s’appuie sur la passion que voue Gregory Dudek à l’informatique et qui remonte à ses toutes jeunes années; pendant ses études secondaires, réalisées à Montréal, il a développé son premier programme sur une machine à écrire en attendant que son école acquière un ordinateur.
Cet élan précoce n’était que le début d’un long parcours, qui le conduira à des études de doctorat à l’Université de Toronto et à la direction de l’École d’informatique de McGill, poste qu’il occupe actuellement. Il a consacré sa thèse de doctorat à la vision par ordinateur, qui est en quelque sorte la reconnaissance automatique des objets et qui, à ses yeux, est très reliée à la robotique. « La finalité de la vision par ordinateur consiste en grande partie à devenir un composant d’un système robotique plus vaste », indique-t-il.
Il est entré à McGill il y a une vingtaine d’années dans le cadre d’un projet de recherche postdoctorale. Il est devenu professeur peu après et, au fil des ans, a mené au sein de cette université une carrière très dense, auréolée d’insignes jalons : direction du Center for Intelligent Machines, publication de quelque 200 articles évalués par les pairs, obtention de la Chaire James McGill et direction du Mobile Robotics Laboratory, pour n’en nommer que quelques-uns.
Fusion de l’informatique et de la robotique
La robotique lui permet d’assouvir sa passion pour le traitement de l’information. Même si cette discipline fait une part importante au génie mécanique et à l’électronique notamment, il n’en demeure par moins que le projet AQUA relève de l’informatique avant tout, précise-t-il. « L’une des merveilles de la robotique est le fait qu’il s’agit d’un secteur très vaste englobant divers autres domaines. D’une certaine façon, l’informatique est un sous-secteur de la robotique et vice-versa. » Il en veut pour preuve l’importance considérable accordée aujourd’hui dans le traitement de l’information aux systèmes intelligents et intégrés, aux capteurs, à la modélisation, aux réseaux…Les longs efforts consacrés par Gregory Dudek à la robotique ont culminé avec la conception d’AQUA, considéré comme son projet le plus novateur. Il faut dire que l’environnement sous-marin présente des difficultés particulières, puisqu’on ne s’y déplace pas seulement sur une surface plane, mais en trois dimensions, comme il le rappelle. La plus vaste partie de notre Terre étant recouverte par les mers, nous avons besoin de tels robots, précise-t-il.
Aussi a-t-il voulu assurer le transfert de cette technologie dans des applications pratiques par le truchement de l’entreprise Independant Robotics, dont il est cofondateur et président. Établie à Montréal en 2009, cette organisation commercialise la version originale ou des formes personnalisées du robot – exclusivement dans le secteur de la recherche pour le moment. Elle emploie des chercheurs, des gens d’affaires et des ingénieurs désireux de travailler en robotique.
Les affaires viennent ainsi ajouter une corde à l’arc de Gregory Dudek. Du reste, l’intense activité qu’il déploie le comble. Son travail est sa vie, confie-t-il, et il apprécie la détente et les loisirs dans la mesure où il a un ordinateur sur les genoux.
Il entend donc poursuivre les défis nombreux et diversifiés que lui pose la robotique. Il s’agit pour lui d’une évolution naturelle, car, au fur et à mesure que s’accroissent la puissance des ordinateurs et leurs capacités en matière d’abstraction, tout système informatique semble destiné au secteur de la robotique, croit-il. D’ailleurs, nous sommes actuellement au beau milieu d’une sorte de révolution qui, pareille au phénomène ayant fait de l’ordinateur un élément fondamental de nos sociétés au fil des 35 dernières années, élèvera l’informatique et la robotique à de nouvelles dimensions.
« Il y a de fortes chances que les deux disciplines exercent une influence similaire au cours des 35 prochaines années, indique-t-il. Nous transportons déjà les ordinateurs dans nos poches, et ils commencent maintenant à se déplacer seuls. Les robots, ce sont des ordinateurs capables de se déplacer. »
Nul doute, Gregory Dudek trouvera pendant de nombreuses années encore de quoi stimuler une carrière qui, n’empêche, paraît déjà bien remplie.
Le choix de la Personnalité du mois en TI au Québec est le fruit d’une collaboration entre le Réseau ACTION TI, Direction informatique et de nombreux partenaires de l’industrie.