Loto-Québec souhaite obtenir une partie des revenus qui lui échappent sur la Toile au profit de sites « illégaux ». Le gouvernement annonce au même moment la création d’un comité de suivi.
Loto-Québec, après plusieurs mois de préparation, amorcera l’offre de jeux d’argent et de jeux de hasard en ligne à compter de l’automne 2010.
Le président et chef de la direction de Loto-Québec, Alain Cousineau, a confirmé que la société d’État offrira dans quelques mois « une série de jeux divertissants […] dans un environnement sécuritaire dont l’intégrité sera irréprochable ».
Loto-Québec précise notamment que le jeu de poker qu’elle offrira sur la Toile sera fondé sur une plate-forme technologique qui est déjà utilisée par d’autres organismes d’offre et de réglementation des jeux de hasard du Canada, soit la Société des loteries de l’Atlantique et la British Columbia Lottery Corporation. Cette plate-forme, qui sera fournie par G2, la filiale spécialisée en jeu en ligne de l’entreprise américaine Gtech de Providence au Rhode Island, sera hébergée à Montréal.
Également, Loto-Québec confie le mandat de conception du logiciel de gestion des comptes clients à OpenBet, un fournisseur de solutions logicielles de pari en ligne d’Angleterre. L’entreprise, auparavant nommée Orbis Technology, établira un bureau à Montréal et créera quinze emplois.
L’offre de jeu en ligne ne constituera pas la première incursion de Loto-Québec dans le jeu fondé sur les technologies, puisque la société d’État a déjà commercialisé en 2000 des jeux de loterie sur CD-ROM, avec l’aide de sa filiale Ingenio. Loto-Québec s’est aussi inspiré des technologies pour certaines offres traditionnelles, puisqu’elle a offert en 2008 des billets à gratter qui étaient inspirés du lecteur portatif iPod d’Apple.
Comité de suivi
D’autre part, Loto-Québec a assuré qu’elle collaborera avec le Comité de suivi sur le jeu en ligne, une instance qui a été instaurée par le ministère des Finances du Québec.
Ce comité sera présidé par Me Louise Nadeau, une professeure titulaire au Département de psychologie de l’Université de Montréal qui est spécialisée dans les questions liées à la dépendance. À elle se joindront deux professeurs spécialisés en sociologie et anthropologie et en médecine spécialisée en toxicomanie, un directeur au ministère de la Santé publique et la directrice d’un centre de réadaptation. Également, le comité comptera sur l’implication de Mark Griffith, un expert en jeu en ligne de la Nottingham Trent University en Angleterre.
Moratoire rejeté
Au cours des derniers mois, les intentions d’établissement d’offres de jeu en ligne de Loto-Québec ont suscité des inquiétudes de la part de spécialistes de la médecine et de groupes de défense de consommateurs et de joueurs pathologiques au Québec. Selon ces intervenants, l’accès facilité aux jeux de hasard par le biais d’Internet pourrait avoir des conséquences regrettables auprès de certains citoyens.
Dans le communiqué annonçant la création du comité de suivi, le ministère des Finances indique qu’il n’a pu concéder à la demande de moratoire sur l’offre de jeu en ligne par Loto-Québec, en déclarant que ce moratoire ne pourrait stopper la croissance de l’offre de jeu « illégale » qui est déjà à la portée des Québécois. Québec estime que quelque 2 000 sites de jeu en ligne sont à la portée des citoyens.
« Contrairement à la situation prévalant actuellement sur certains sites illégaux, Loto-Québec offrira des taux de retour stables, des jeux honnêtes, un accès contrôlé et limité aux personnes majeures, de même que des mesures de contrôle du temps et des montants joués », affirme le ministre des Finances, Raymond Bachand, dans un communiqué.
Le ministère ajoute que plusieurs pays d’Europe ont amorcé l’offre de jeu en ligne au cours des derniers mois.
Le ministère des Finances affirme que le taux de prévalence des joueurs pathologiques au Québec était de 0,8 % en 2002. Le ministère souligne aussi que Loto-Québec a versé 1,2 G$ en dividendes au gouvernement du Québec en 2009-2010.
Jean-François Ferland est rédacteur en chef adjoint au magazine Direction informatique.