La crise économique prend fin. La relance montre le bout de son nez. Les investissements en TI devraient se montrer moins fri-leux. Investir ouéconomiser, en cette période de disette ? Est-ce la relance qui initie de nouveaux investissements ou bien les investissements consentis qui soutiennent la relance ? Un autre casse-tête pour les TI, qui ne peuvent y échapper.
La problématique
La crise a ralenti de beaucoup l’activité économique des organisations. Cela c’est reflété sur l’activité des TI et sur les moyens mis à sa disposition. Malgré une autre période d’investissements au ralenti, les TI se doivent d’être plus performantes, plus efficaces, plus efficientes, plus à l’écoute de leur organisation, générer des économies mesurables, s’aligner sur les objectifs stratégiques et participer à créer de la valeur.
Les faits
Les TI sont maintenant au cœur même de l’activité économique de toutes les entreprises, incluant les PME. Les signes de la relance économique sont de plus en plus probants. L’implication des TI dans cette relance ne peut être négligée par aucune organisation. La pression sur les TI est forte, mais des outils existent. Les TI semblent vouloir coordonner réflexion, intelligence et bonnes pratiques. Personne ne peut être contre la vertu.
Évolution et solutions
Une pandémie de serveurs
Depuis au moins deux décennies, les organisations ont procédé sans retenue au remplacement de leurs ordinateurs. Cela a donné lieu à une frénésie d’acquisitions de serveurs. Compte tenu des prix abordables et de la puissance en pleine croissance des serveurs, les TI en ont multiplié de façon exponentielle leur nombre, sans jamais en rationaliser l’architecture. Il s’est alors développé un suréquipement des organisations, en termes de nombre de machines et de puissance disponible. Les serveurs n’opèrent pas de façon indépendante pour autant. Aussi, parallèlement, les TI ont acquis une quantité phénoménale de systèmes d’archivage, de réseaux, de routeurs, de commutateurs, etc. Une certaine obésité technologique des organisations s’est développée durant cette période.
La virtualisation, le mot magique
La virtualisation, dont le développement déferle sans cesse, a déjà depuis quelques temps proposé un outil permettant aux TI de faire des économies significatives, d’accroître leur performance et de soutenir la relance économique des entreprises qui l’ont adopté. Certes, la virtualisation n’est pas nouvelle, mais l’accélération de son déploiement est beaucoup plus récente et se positionne comme une des solutions pour les TI à soutenir la relance économique. La virtualisation est devenue un véritable mot magique en la circonstance.
La virtualisation des serveurs. Qu’il s’agisse pour les TI de devenir plus performantes, plus efficaces, plus efficientes, plus économiques, plus vertes ou mieux alignées avec les objectifs corporatifs, les machines virtuelles semblent être le remède universel. Elles envahissent jour après jour les architectures technologiques. Mais, si « sciences sans conscience n’est que ruine de l’âme » comme eut dit Rabelais, « virtualisation sans rationalisation n’est que ruine de l’architecture technologique ». Aussi, tout bon épisode de virtualisation des serveurs devrait être précédé par une étape de rationalisation. Dans certaines organisations plus sceptiques, il est impératif que la rationalisation démontre d’abord et avant tout la faisabilité, la simplicité, l’économie et les bénéfices anticipés par une virtualisation ultérieure. Les TI devront ensuite s’appuyer sur ces résultats pour faire valoir l’intérêt pour l’organisation d’une phase de virtualisation.
Dans le même esprit, il est à noter que bon nombre d’applications, achetées « toutes faites » pour ne pas avoir à les développer en interne, sont livrées avec une procédure d’installation qui exige de les placer sur un nouveau serveur. En fait, généralement l’application ne requiert pas fonctionnellement cette exigence. Mais son manufacturier, pour être certain que l’installation se déroule correctement et ne rencontre aucun imprévu, préfère recommander l’utilisation d’un nouveau serveur exclusif. Cela permet de minimiser les risques qui nuiraient à l’image de son produit. Pourtant, cette application pourrait être installée et fonctionner en partageant un serveur commun avec d’autres applications du portefeuille de l’organisation, sans qu’il y ait de dysfonctionnement pour autant. Cela pourrait représenter une première étape sur le chemin de la rationalisation et être à la fois une économie importante et une preuve de faisabilité.
La virtualisation de l’architecture. Si la virtualisation des serveurs est une option acquise, les organisations dont les TI sont plus avant-gardistes tentent de dépasser ce stade. Pour cela, elles tentent d’étendre l’idée de virtualisation à l’ensemble de l’architecture technologique. Un nouveau pas important est en train d’être franchi, avec la virtualisation des routeurs qui, outre le fait de relier les serveurs virtuels à l’architecture technologique, leur permet d’être indépendants du serveur physique sur lequel la machine virtuelle est hébergée. Un autre levier technologique devient alors disponible.
Les économies de l’autorecyclage
Maintenant, il est impossible pour les organisations qui disent être de « bons citoyens corporatifs » de se départir de leurs équipements informatiques sans aucune considération de sécurité et de pollution. Environnement, développement durable et informatique verte obligent…
Les coûts engendrés par les restrictions budgétaires corporatives n’ont fait que rendre ces contraintes encore plus exigeantes pour les TI. Relation de cause à effet ou simple coïncidence, la pratique du recyclage des éléments technologiques a pris un essor significatif, d’autant que la virtualisation des serveurs a rendu nombre d’équipements obsolètes. Mais le recyclage ne consiste pas seulement à faire utiliser par d’autres les serveurs dont l’entreprise ne veut plus. Actuellement, les TI considèrent de plus en plus l’option de recycler les équipements en interne. Tant lors de la mise en route d’un épisode de virtualisation ou au moment de faire des choix technologiques, l’option de l’autorecyclage des équipements en interne devrait être une étape obligée. C’est souvent la quantité disponible de mémoires RAM et cache qui fait la différence. C’est une réalité qui en plus adhère parfaitement aux visions du virage vert des TI, pour les organisations qui s’y engagent. C’est une nouvelle façon de voir et de vivre les TI de l’intérieur, et d’être technologiquement responsable.
Conclusion
Compte tenu de leur implication, les TI ne peuvent plus être dissociées des soubresauts économiques de la planète. En cette fin de crise et en ce début de relance économique les TI, qui ont dû faire profil bas comme tout le monde, recommencent à prendre des couleurs. Les TI doivent plus que jamais participer à l’effort collectif. Le mouvement s’accélère, le temps presse et toute erreur sera fatale. Voila les TI qui pourraient bien prendre encore une fois des allures de coquille de noix lâchée dans les rapides.
Gérard Blanc est associé principal d’une firme conseil en gestion et en systèmes d’information.