Plus d’adultes québécois auraient fait des achats en ligne en 2009, mais la valeur moyenne de ces achats serait moindre qu’en 2008. Alors que le cyberachat s’incruste dans les habitudes, on déplore encore l’absence de commerçants locaux sur la Toile.
Selon le bilan pour l’année 2009 de l’Indice du commerce électronique du Québec, qui est produit par le Centre francophone d’informatisation des organisations (CEFRIO) et l’agence Web Phéromone, la proportion moyenne d’acheteurs qui auraient réalisé un achat au cours d’un mois serait de 20 %, ce qui équivaudrait à une moyenne de 1,2 million d’adultes québécois.
Les mois où les proportions d’acheteurs auraient été égales ou supérieures à la moyenne sont février (21 %), avril (20 %), juillet (23 %), août (22 %), novembre (20 %) et décembre (21 %). Les achats relatifs aux voyages, à la rentrée scolaire et à la période des Fêtes, respectivement, expliqueraient ces pics. C’est en juin que la proportion d’acheteurs aurait été la plus faible (17 %).
En 2008, la proportion moyenne des cyberacheteurs était de 15 %, avec une proportion maximale de 25 % en décembre et une proportion minimale de 11 % en janvier. Ainsi, la proportion de cyberacheteurs a augmenté de 33 % d’année en année.
Najoua Kooli, la directrice de projet au CEFRIO, fait état d’une hausse des proportions des mois où l’activité a été moindre en 2009, mais aussi d’une réduction des écarts d’un mois à l’autre. Cette plus grande régularité des proportions de cyberacheteurs démontrerait une prise d’habitude des consommateurs envers les achats en ligne.
Volume croissant
En matière de volume d’achats en ligne, les dépenses totales en 2009 auraient été de 3,4 G$, soit 200 M$ de plus qu’en 2008. C’est lors des mois de décembre (375 M$), août (368 M$) et juillet (328 M$) que les dépenses des cyberacheteurs auraient été les plus élevées, alors que c’est en janvier 2009 (180 M$) que le volume des achats aurait été le moins élevé.
Mme Kooli du CEFRIO souligne la progression de 60 % qui aurait eu lieu entre les mois de novembre (233 M$) et décembre 2009, qu’elle explique par les achats retardataires des consommateurs pour la période des Fêtes.
Panier rétréci
Toutefois, la valeur moyenne du panier d’achats de 270 $ pour l’année 2009 constitue un recul de 6,8 % en comparaison avec la valeur moyenne de 290 $ du panier d’achats en 2008. Les extrêmes se situeraient en décembre 2009 (349 $) et en janvier 2009 (185 $). Selon Mme Kooli, une diminution des dépenses et la recherche d’aubaines, notamment par le biais d’outils de comparaison des prix, expliqueraient cette diminution de la valeur moyenne du panier d’achats.
Au niveau sociodémographique, le profil type de l’acheteur en ligne demeure presque inchangé. Ce sont les hommes (24 %), les ménages avec enfants (28 %), les ménages qui ont un revenu annuel supérieur à 80 000 $ (37 %), les professionnels (33 %) et les diplômés universitaires (31 %) qui auraient été les plus grands acheteurs en ligne.
Toutefois, ce sont les personnes du groupe d’âge des 25-34 ans (32 %) qui auraient réalisé le plus d’achats sur la Toile. Selon Mme Kooli, les gens qui sont inclus dans ce groupe d’âge auraient une vie économique plus active, en raison de leur arrivée sur le marché du travail.
L’Indice du commerce électronique est produit chaque mois à l’aide d’un sondage téléphonique qui est réalisé auprès de 1 000 adultes québécois par la maison de sondages Léger Marketing.
Portrait de crise
Selon Philippe Le Roux, le président de l’agence Web Phéromone, ces résultats illustrent l’impact de la crise économique sur les achats en ligne des Québécois en 2009. La pression exercée sur les revenus des ménages fait en sorte que les achats bon marché ont été privilégiés. Également, le pouvoir d’achat des consommateurs n’a pas augmenté de façon radicale. D’autre part, M. Le Roux rappelle que la crise économique a incité plusieurs annonceurs à transférer leurs budgets publicitaires sur la Toile.
M. Le Roux évoque l’importance accordée au prix et à la gratuité de la livraison par les consommateurs. Il note également l’amorce du « commerce social » en 2009, où des entreprises font des promotions d’une durée limitée sur les réseaux sociaux.
Opportunités manquées
Enfin, M. Le Roux répète qu’une importante proportion d’achats effectués par les Québécois sur la Toile étaient réalisés hors du Québec et du Canada, soit de 30 % à 50 % d’un mois à l’autre. La seule composante locale qui profite de ces achats extraterritoriaux, souligne-t-il, est celle des réseaux de livraison par la poste ou la messagerie.
M. Le Roux souligne aussi l’absence de nombreux commerçants sur la Toile, alors que seulement 12 % des PME québécoises offriraient la possibilité d’acheter sur Internet. Il estime qu’un commerçant qui n’est pas présent sur la Toile perd ainsi des ventes en ligne potentielles, mais aussi des impacts sur ses ventes dans ses canaux traditionnels.
Autres tendances
Par ailleurs, selon l’édition 2009 de l’étude NETendances du CEFRIO, 38 % des adultes québécois auraient indiqué que la Toile avait constitué leur principale source d’information avant d’effectuer un achat physiquement en magasin en 2009. En 2008, c’est 32 % des personnes sondées qui avaient répondu favorablement à cet énoncé.
Selon Najoua Kooli, les consommateurs n’achèteraient pas systématiquement en ligne tous les produits pour lesquels ils s’informent par le biais de la Toile parce qu’ils aiment voir, toucher et constater la qualité d’un produit avant d’ouvrir leur portefeuille.
D’autre part, 27 % des adultes québécois auraient déclaré qu’ils consultaient les offres promotionnelles qu’ont reçu par courriel en 2009.
Jean-François Ferland est journaliste au magazine Direction informatique.