À L’ESSAI Ces derniers mois, Rogers puis Bell et Telus ont offert l’accès Internet par l’entremise de clés USB reliées aux réseaux cellulaires. Toutes n’offrent cependant pas les mêmes performances.
En déplacement ou dans des zones où le réseau téléphonique câblé est déficient, les services de téléphonie cellulaire restent le meilleur choix pour rejoindre Internet, à moins d’être obligé de passer par les satellites. La dernière technologie, qui gagne rapidement en popularité, est l’utilisation de clés USB Internet, autrement dit des modems Internet haute vitesse sans fil sur réseau cellulaire. Nous en avons essayé plusieurs ces dernières semaines pour voir ce que cela donnait, mais il y a déjà de nouvelles clés qui s’ajoutent aux autres.
Un petit rappel historique
D’abord, il faut savoir que la clé Internet USB n’est pas une nouveauté en soi. Avant même Internet, on a pu profiter des cellulaires pour accéder aux réseaux de données. Je me souviens que, déjà en 1991, je rejoignais le réseau Datapac et, par là, CompuServe et The Source, deux des premiers services télématiques mondiaux, en me servant de mon téléphone cellulaire Radio Shack avec une interface de modem dans laquelle je branchais le modem de mon ordinateur portatif. Dans ce temps-là, on communiquait à 300 bauds, ce qui était pas mal lent, mais rendait quand même bien des services. Ensuite, j’ai eu un téléphone Motorola MicroTAC 650 avec, là encore, une interface dans laquelle on pouvait brancher un modem analogique. De tout endroit avec une couverture cellulaire analogique, il suffisait de brancher le petit boîtier de l’interface au cellulaire, puis le câble du modem entre l’autre bout de l’interface et l’ordinateur portatif. On établissait ensuite la communication de la même façon qu’avec un ordinateur de bureau branché au réseau téléphonique.
Puis vinrent les téléphones cellulaires numériques et les ordinateurs à ports USB. Il ne suffisait plus que d’ajouter un câble pour relier le téléphone à un port USB et d’installer sur l’ordinateur un pilote qui lui permettait de voir le téléphone cellulaire comme un modem. Sont apparus ensuite les téléphones intelligents sur lesquels on pouvait faire de la transmission de données, aller chercher ou envoyer son courrier électronique, naviguer sur Internet ou même accéder à un réseau privé virtuel (VPN). Il y a eu beaucoup de tâtonnements au début parce, même si ce service était disponible, le personnel des compagnies de téléphonie cellulaire n’était pas formé pour cela et il fallait souvent trouver les informations de configuration directement sur Internet.
Mais les choses ont changé : en faisant plus ample connaissance avec cette technologie, ces compagnies ont découvert là un filon à exploiter, et elles l’ont fait au maximum, si bien que le Canada est devenu un des pays au monde où la transmission de données par cellulaire est la plus coûteuse.
Des essais indispensables
Chacune des compagnies de téléphonie cellulaire canadiennes utilisant des clés USB Internet disant que la sienne est la meilleure, il fallait que j’en aie le cœur net. La firme Rogers m’a prêté deux clés différentes et Telus une, ce que j’ai beaucoup apprécié, même si cela a pris des mois pour obtenir ces prêts. La première clé que j’ai pu tester m’a permis de mieux comprendre le mode de fonctionnement de ces modems haute vitesse sans fil. En fait, ces clés se comportent un peu comme les modems ADSL ou câble. Le système d’exploitation ne fait à peu près pas la différence entre les autres modems haute vitesse et ceux-ci, à part pour quelques réglages liés à la vitesse de transfert des données et à la latence, lorsque la communication est moins bonne ou lors du passage d’une cellule à une autre. Dans tous les cas, un forfait de transmission de données est nécessaire. Ce qui est le plus difficile à trouver avec ces modems sans fil, c’est où les placer. En effet, si on les déplace de quelques centimètres seulement, la vitesse de téléchargement peut diminuer beaucoup, passant par exemple de 2,5 Mb/s à 1,2 Mb/s à quelques centimètres de là, puis à 4,5 Mb/s vingt centimètres plus loin seulement. Il est donc important de vérifier ce que donne le débit à un point donné avec un test de vitesse en ligne, comme celui de Speakeasy à http://www.speakeasy.net/speedtest/, puis de faire des tests tout autour pour déterminer le meilleur emplacement pour la clé. C’est d’ailleurs à cause de cette difficulté à trouver le meilleur emplacement que les clés sont habituellement fournies avec une rallonge de câble USB et une attache pour les fixer en haut d’un écran d’ordinateur ou ailleurs.
Toutes les clés que j’ai testées avaient un point commun : le logiciel d’installation, les pilotes et l’utilitaire de gestion des communications sont sur la clé elle-même et on n’avait pas besoin de rien d’autre ni sous Windows, ni sous Mac OS. Il suffit de brancher la clé à l’ordinateur et d’attendre que tout s’installe de soi-même. Dans de rares cas, où la clé n’est pas détectée correctement par le port USB, on nous indique qu’il faut faire exécuter manuellement le logiciel de démarrage (setup.exe sous Windows).
La clé MD400G de Sony sur le réseau de Rogers La clé multifonction de Sony se fait remarquer par son design un peu plus complexe qui est dû à une antenne extérieure en forme de poignée. La poignée sert aussi à faire entrer et sortir l’extrémité de la clé USB, de façon à la protéger durant les déplacements. En plus, la clé MD400G comporte un système de positionnement GPS et une prise de cartes de mémoire flash biformat (M2 Memory Stick Micro et microSD), ce qui permet d’y enregistrer des données. Le modem USB est compatible HSPA, EDGE et GPRS. Il peut atteindre des vitesses de transfert des données de 7,2 Mb/s en descendant et de 2 Mb/s en montant. Un voyant DEL multicolore permet de connaître l’état de la communication. Il est à noter que le GPS intégré permet de profiter de Google Earth en ligne ou d’autres services de navigation qui nécessitent de payer des frais de transmission de données. Il faut donc suivre de près cette utilisation qui peut être coûteuse rapidement et gruger le forfait de données. Néanmoins, le GPS peut aussi être utilisé avec un logiciel de navigation installé sur l’ordinateur portatif, comme Streets & Trips de Microsoft ou CoPilot d’ALK Technologies. Un modem haute vitesse, un GPS et une fente pour cartes de mémoire, tout cela dans une clé de 28 grammes, ce n’est pas si mal. Néanmoins, question bande passante, j’ai obtenu de moins bons résultats (10 à 15 %) aux mêmes emplacements qu’avec les autres clés USB Internet de Rogers. Je recommanderais donc à ceux qui n’ont pas besoin d’un GPS sur clé USB de se tourner plutôt vers la clé MF636 offerte avec les mêmes forfaits.
La clé modem MF636 USB de ZTE sur le réseau de Rogers La clé de ZTE offre à peu près les mêmes caractéristiques que celle de Sony, à part le GPS, bien entendu. Le modem MF636 est compatible HSPA, EDGE et GPRS. Il peut atteindre des vitesses de transfert des données de 7,2 Mb/s en descendant et de 2 Mb/s en montant. Un voyant DEL multicolore permet également de connaître l’état de la communication. C’est une clé droite de 7 cm de long. Avec ses 40 grammes, elle est un peu plus lourde que la précédente, mais ce n’est pas grave. Partout où je l’ai testée aux mêmes points que la clé MD400G, j’obtenais des résultats légèrement supérieurs, par exemple 1500 Mb/s quand j’avais 1250 Mb/s avec l’autre. C’est aussi la clé modem avec laquelle j’ai obtenu des meilleurs résultats qu’avec toutes les autres, celle de Telus comprise. Même en me déplaçant en voiture sur 25 km, entre Sainte-Marie de Beauce et Lévis, j’ai pu télécharger à une vitesse constamment supérieure à 5 Mb/s, atteignant même parfois 5,7 Mb/s, et je dois dire que cela m’a impressionné. La clé MF636 semble être la meilleure des clés de Rogers pour la transmission de données seule. C’est sûr que si on veut disposer aussi d’un GPS, il vaut mieux choisir la clé MD400G. On peut aussi se procurer la nouvelle clé ZTE HSPA+ MF668, que nous n’avons malheureusement pas pu tester. La principale différence est la vitesse de téléchargement qui passe à un maximum de 21 Mb/s, mais juste sur le nouveau réseau HSPA+ qui ne couvre encore que quelques villes au Canada. Attention aux frais de transmission de données à cette vitesse-là; avec des forfaits de moins de 6 Go, les quotas risquent d’être vite atteints.
La clé modem USB 598 de Sierra Wireless sur le réseau de Telus Après avoir offert durant près d’un an le modem Compass USB 587 de Sierra Wireless, dont la vitesse de téléchargement se limitait à un maximum de 800 Kb/s, Telus a choisi en mai dernier un autre modem cellulaire de Sierra Wireless pour pouvoir offrir aussi un accès Internet haute vitesse sans fil à sa clientèle.
Techniquement parlant, il s’agit d’un modem du même type que les autres mentionnés ici, mais qui dispose d’un émetteur-récepteur sur des longueurs d’onde différentes. La clé USB 598 de Sierra Wireless ne fonctionne donc que dans les zones de couverture EVDO/3G, pas sur les réseaux de Rogers ni de Fido. On peut trouver la carte de la zone couverte à http://www.telusmobility.com/ fr/QC/Coverageandtravelling/canadavoicemaps.shtml
Le logiciel de gestion des communications s’installe automatiquement au départ, comme sur les clés de Rogers. Selon Sierra Wireless, la clé modem USB 598 peut atteindre une vitesse de téléchargement descendant maximale de 3,1 Mb/s et de téléchargement montant de 1,8 Mb/s, comparativement à des vitesses de 7,2 Mb/s et de 4,5 Mb/s pour la clé MF636 de Rogers. Ces différences de vitesse nous ont été confirmées par des tests. La meilleure vitesse de transfert de données que nous ayons pu obtenir avec la clé de Sierra Wireless a été de 2,28 Mb/s, les deux fois à moins de 500 mètres d’une tour cellulaire de Telus. En roulant, la vitesse de transmission était à peu près stable à 1,28 Mb/s comparativement à plus de 5 Mb/s pour la clé MF636 de Rogers. La clé de Telus que j’ai pu tester va relativement bien, juste moins vite que celles de Rogers à cause de la technologie de communication différente. Il faut juste être un peu plus patient lors des téléchargements. Néanmoins, l’arrivée du réseau GSM/HSPA de Telus et Bell, début novembre, a changé bien des choses puisque Telus propose depuis la clé Internet Sierra 306, de même catégorie que la clé ZTE MF668 que propose Rogers, mais qui ne fonctionnera au départ qu’en HSPA, comme les autres clés de Rogers. Au Québec, on devrait avoir la même vitesse de transfert maximale sur les deux réseaux dès avril prochain, quand le réseau HSPA de Telus sera mis à niveau vers HSPA+. D’ici là, Rogers est le plus rapide, mais seulement dans quelques grandes villes canadiennes.
Des résultats assez positifs J’ai pris le temps de tester les clés modems dans une dizaine d’endroits différents : chez moi, dans la région de l’Amiante, en Beauce, à Saint-Henri de Lévis, dans la région de Lévis et à Québec. Partout, on arrivait à communiquer sur Internet, mais pas nécessairement à haute vitesse. Tout dépend d’où on se trouve et de tous les obstacles qui se situent entre la tour cellulaire et la clé modem. À certains endroits, on est plus près de tours de Rogers et c’est avec le service de Rogers qu’on a le meilleur résultat. Ailleurs, la réception est meilleure avec la clé de Telus. À d’autres endroits, la réception est mauvaise avec toutes les clés. En fait, le mieux serait de pouvoir essayer avant d’acheter, car ce n’est pas évident, mais on peut également faire un test avec un téléphone intelligent pour lequel on a un forfait de données. Finalement, le seul endroit où ne fonctionnent que les clés de Telus pour l’instant, c’est en Gaspésie et sur la Côte-Nord, bien entendu, puisque Rogers n’y a pas de tours de transmission.
Question prix, c’est à peu près la même chose chez les différents fournisseurs de services, soit environ 30 $ à 35 $ pour un gigaoctet et 60 $ pour trois gigaoctets en plus de frais d’antenne et des taxes. Ce n’est pas donné, loin de là même, mais quand on n’a pas de choix plus économique, c’est relativement bon. Habituellement, pour un contrat de 2 ans, on n’a pas à payer pour la clé elle-même.
Nous vous recommandons de bien lire les termes des contrats des compagnies de téléphonie cellulaire et les restrictions, qui ne sont pas toujours faciles à trouver et souvent dans des pages Web où l’on ne va pas. Nous avons remarqué, par exemple, qu’un téléphone intelligent avec un forfait de 500 Mo de données sur le réseau de Rogers se voit bloquer la possibilité de servir de modem pour un ordinateur (ce qui est pourtant permis avec tous les forfaits supérieurs), mais qu’il n’y a aucune limite avec une clé de Rogers qu’on utilise comme modem avec le même forfait de 500 Mo. Où est la logique là-dedans? Ce n’est qu’un cas parmi d’autres et chaque compagnie a ses petites particularités de fonctionnement plus ou moins évidentes.
François Picard est journaliste et éditeur du magazine Atout Micro.