Les autorités réglementaires canadiennes ont l’habitude d’y aller lentement et prudemment lorsqu’il s’agit de mettre en œuvre de nouveaux services financiers tels que le système bancaire ouvert.
Bien qu’il soit actuellement déjà disponible dans une multitude de pays, dont les États-Unis, l’Australie, le Royaume-Uni et le Brésil, il semble que la compréhension des Canadiens pourrait être assez faible, selon les résultats d’une étude menée par l’Agence de la consommation en matière financière du Canada (ACFC) sorti en juin.
L’ACFC, qui définit le système bancaire ouvert comme « un cadre dans lequel les consommateurs et les entreprises peuvent autoriser des fournisseurs de services financiers tiers à accéder à leurs données de transactions financières, en utilisant des canaux en ligne sécurisés », a entrepris l’étude pour déterminer à quel point les Canadiens sont avertis à ce sujet.
Les conclusions de l’agence gouvernementale fédérale, chargée de protéger les droits et les intérêts des consommateurs de produits et services financiers, ont révélé que « la plupart des Canadiens ne connaissent pas le système bancaire ouvert, et ceux qui en ont entendu parler ne le comprennent pas pleinement ou en ont une conception erronée. Cependant, les Canadiens s’attendent à être protégés en cas de problème et supposent souvent que les protections sont les mêmes parmi les fournisseurs de services financiers.
« Les résultats de cette étude indiquent que les protections des consommateurs intégrées dans un éventuel cadre bancaire ouvert ont le potentiel d’influencer la volonté des Canadiens de participer au système bancaire ouvert, et donc le succès d’un cadre bancaire ouvert lui-même. »
Dans ce qui a été défini comme une « interprétation des résultats », le cabinet d’avocats d’affaires McMillan LLP a déclaré dans un bulletin de services financiers publié fin juin qu’en termes de résultats, « il est important de garder à l’esprit que les données de l’enquête ont été recueillies Il y a plus d’un an. Compte tenu de la récente couverture médiatique, les consommateurs sont probablement beaucoup plus conscients du système bancaire ouvert qu’ils ne l’étaient l’année dernière. »
« De plus, les consommateurs n’ont pas nécessairement besoin d’avoir en tête une définition du système bancaire ouvert ou de comprendre les subtilités du fonctionnement du système bancaire ouvert pour en bénéficier. »
« La recherche indique que le succès du système bancaire ouvert peut être influencé par la disponibilité de protections des consommateurs intégrées dans un cadre bancaire ouvert. »
C’est le retard du gouvernement fédéral dans la mise en œuvre du cadre qui a dominé les discussions plus tôt cette année lors de la conférence Open Banking Expo Canada à Toronto, car sans cadre, il n’y a pas de système bancaire ouvert.
Parmi les intervenants figurait Anmol Grover, responsable du secteur bancaire ouvert au sein de la société de services technologiques et de conseil Wipro, responsable de la mise en œuvre des programmes de conformité et de monétisation du système bancaire ouvert pour les clients de la société.
Le Canada, a-t-il déclaré, peut apprendre beaucoup d’autres marchés comme le Royaume-Uni et l’Australie. Lors d’une présentation liminaire, son conseil aux personnes présentes était le suivant : parlez avec vos homologues de ces pays et d’autres pour comprendre ce qu’ils ont accompli et comment ils s’y sont pris.
Au Royaume-Uni, par exemple, l’aventure du système bancaire ouvert a commencé en 2017, lorsque l’Autorité de la concurrence et des marchés (CMA), qui réglemente la concurrence dans toute la Grande-Bretagne, a ordonné à neuf des plus grandes institutions financières du pays de fournir des services bancaires ouverts.
S’en est suivi le lancement de l’Open Banking Implementation Entity (OBIE), un organisme privé financé par les banques et supervisé par la CMA, qui a créé une feuille de route que chacune des banques doit suivre. En janvier de cette année, un communiqué de presse du gouvernement britannique déclarait que « les six plus grands prestataires bancaires ont pleinement mis en œuvre les normes requises par la CMA pour offrir un système bancaire ouvert, contribuant ainsi à fournir des services innovants à des millions de titulaires de comptes, en toute sécurité ».
Quant aux trois fournisseurs restants – Allied Irish Bank, Bank of Ireland et Danske Bank – la CMA a déclaré qu’elle s’attend à ce qu’ils fassent de même dès que possible, ajoutant qu’elle prendra « des mesures coercitives pour garantir que cela se produise en temps opportun ».
L’approche adoptée au Royaume-Uni, a déclaré M. Grover, pourrait être appliquée ici.
« De nombreuses organisations impliquées dans le système bancaire ouvert au Canada », a-t-il déclaré, « perdent un peu patience et souhaitent des résultats accélérés. J’estime que l’accélération du cadre de travail devrait se produire dans un avenir proche ».
« La raison d’être du système bancaire ouvert », a-t-il déclaré, « est de donner plus de choix aux consommateurs et de leur faciliter la vie ».
Dans un article de blog publié en mars, Grover a écrit que « le système bancaire ouvert est un paysage dans lequel les banques permettent à des fournisseurs tiers d’accéder aux clients via des API (avec le consentement du client). Les moteurs exacts de cette transformation diffèrent selon les zones géographiques.
« Au Royaume-Uni, par exemple, la transformation a commencé par un effort descendant des décideurs politiques pour accroître la concurrence sur un marché bancaire très concentré. Aux États-Unis, en revanche, la transformation a été organique et dictée par le marché, dans la mesure où les startups et les marques de fintech travaillent de manière indépendante et avec des banques partenaires/commanditaires pour décomposer et reconstituer le paysage bancaire. »
« Le système bancaire ouvert continue de gagner du terrain partout dans le monde, et le Canada sera l’un des prochains pays à adopter une réglementation bancaire ouverte, après que son organisme de réglementation et son groupe de travail sectoriel se seront entendus sur les normes exactes du système bancaire ouvert. »
Adaptation et traduction française par Renaud Larue-Langlois.