Des questions clés sur la réponse de Google au projet de loi C-18 et les implications pour les Canadiens et les médias d’information locaux sont restées largement sans réponse lors de la réunion du comité du Patrimoine canadien, la semaine dernière.
Sabrina Geremia, vice-présidente et directrice nationale de Google Canada, a réitéré que la décision de Google de limiter temporairement l’accès au contenu des nouvelles en réponse au projet de loi C-18 n’est qu’un « test de produit » tout au long des deux heures pendant lesquelles elle a dû faire face à un interrogatoire rigoureux de la part des membres du comité.
Le responsable des politiques publiques de Google, Jason J. Kee, était le pilier technique de soutien de Geremia, mais les membres du comité n’avaient aucune envie de l’entendre.
À mi-chemin de la réunion, Kee et Geremia ont été assermentés, alors que les membres du comité devenaient visiblement plus frustrés par leurs réponses floues.
Les tests, cependant, sont restés la solution miracle de Geremia. Elle a révélé que les tests sont standards et normaux, et que Google effectue plus de 11 500 tests chaque année, affectant moins de 4 % des Canadiens chaque année. Elle a également reproché au projet de loi C-18 d’être vague, d’imposer un prix indéterminé sur les liens accessibles aux Canadiens et d’obliger Google à payer un grand nombre d’organismes qui ne produisent même pas de nouvelles. « Cela crée une incertitude maximale, décourage les accords volontaires et nous éloigne de l’objectif commun de soutenir les États-Unis et le Canada. »
Dans un échange plutôt gênant, Kee a ajouté que le projet de loi favorisera les grands éditeurs, car Google se penchera naturellement vers ceux qui pratiquent le « journalisme d’investigation réfléchi » et non le « journalisme de mauvaise qualité ». À quoi un membre du comité a demandé : « Vous suggérez que Google est la source de tout ce qui est du journalisme de mauvaise qualité ? »
Geremia a soutenu que les nouvelles sont toujours généralement accessibles aux Canadiens et que le test n’est effectué qu’en réponse au changement radical du paysage juridique au Canada.
Mais la banalisation des soi-disant tests a irrité davantage les membres du comité, qui ont affirmé que 4 % équivaut à 1,2 million de Canadiens qui ont été touchés par ces tests.
« Aujourd’hui, nous apprenons que 4 % de la population a vu ses droits démocratiques mis de côté. Vous m’avez peut-être testé sur Google, je suis peut-être l’un des 1,2 million de personnes qui, tout d’un coup, ne peuvent pas faire de recherche sur Google. Est-ce juste pour moi ? Ou d’autres Canadiens ? Je ne pense pas que ce soit juste. Vous êtes une entreprise de 1,3 billion de dollars. Et je pense que vous avez dépassé vos limites », a déclaré le député conservateur Kevin Waugh.
Le député libéral Anthony Housefather a également souligné que le fait que la haute direction de Google soit au courant du test indique que le test est très inhabituel et loin d’être « ordinaire » ou dans le cours normal des affaires. Lorsqu’on lui a demandé si ces tests seraient divulgués, Geremia a répondu que « l’équipe répondra ».
Cependant, dès le début de l’audience, Google a publié une lettre ouverte, écrite sans surprise par Geremia, pour aider les Canadiens à comprendre en quoi consistent les tests. La lettre stipule : « Google exécute chaque année des milliers de tests en situation réelle afin de comprendre les nouvelles fonctionnalités et les changements. Les tests actuels explorent les impacts potentiels sur les résultats de recherche et de découverte si le projet de loi C-18 devenait loi dans sa forme actuelle. »
De plus, bien que Geremia ait réussi à esquiver la plupart des questions car ce n’était pas son domaine d’expertise, elle a nié avec confiance les affirmations de l’Association canadienne des journalistes et du Conseil des médias d’Unifor selon lesquelles les travailleurs des médias ont été touchés de manière disproportionnée par ces tests, a souligné Martin Champoux du Bloc québécois.
Les membres du comité ont également interrogé Geremia sur l’incapacité de Google à produire toutes les communications internes et externes à ce sujet, auxquelles elle a répondu que la demande était très large et à court terme. À ce jour, Google ne produit que des documents accessibles au public.
Le test national controversé devrait se terminer cette semaine.
Adaptation et traduction française par Renaud Larue-Langlois.