Un consortium composé d’Apple, EMC, Ericsson, Microsoft, RIM et Sony remporte l’enchère des brevets de Nortel, pour lesquels Google avait offert initialement 900 M$ US. Compte-rendu d’une enchère chaudement disputée.
Nortel Networks, qui a été longtemps un fleuron de l’industrie canadienne des télécommunications, cède ainsi ses actifs en propriété intellectuelle à six grands joueurs de l’industrie des TIC en échange d’une somme cinq fois supérieure à la mise initialement proposée par l’éditeur Internet Google dans le cadre d’une enchère de type stalking horse.
La transaction entre Nortel et le consortium composé d’Apple, EMC, Ericsson, Microsoft, Research in Motion et Sony doit être approuvée par des tribunaux du Canada et des États-Unis lors d’une audience conjointe qui aura lieu le 11 juillet 2011. La vente devrait être complétée durant le trimestre qui est en cours.
« La taille et la valeur en dollars de cette transaction sont sans précédent, tout comme l’intérêt à l’égard de notre portfolio était significatif de la part d’entreprises majeures du monde entier », a déclaré George Riedel, le responsable de la stratégie et président des unités d’affaires chez Nortel, dans le communiqué laconique qui annonce le résultat de l’enchère.
En avril 2011, Nortel avait annoncé la tenue le juin dernier d’une enchère consacrée à son portefeuille de quelque 6 000 brevets, où Google jouerait le rôle du lièvre avec une mise initiale de 900 millions de dollars américains. (Lire : Google veut obtenir le portefeuille de brevets de Nortel L’enchère, qui devait débuter le 20 juin, avait finalement été amorcée le 27 juin.
Enchère corsée
Un billet du site Web AppleInsider, à partir d’informations publiées par l’agence Reuters, raconte que l’enchère a débuté avec le 27 juin dernier avec cinq participants, soit Apple, Google, Intel, un consortium formé par EMC, Ericsson, Microsoft, Research in Motion et Sony et un autre consortium, nommé RPX, qui était mené par le fabricant chinois de téléphones mobiles Huawei.
L’enchère aurait été amorcée avec une mise de 1,5 milliard de dollars américains de la part d’Intel. Le consortium RPX se serait retiré de l’enchère après la première ronde et aurait tenté d’en venir à une entente avec une autre entreprise qui participait encore au processus, sans succès.
Le mardi 28 juin, le consortium formé par Ericsson, EMC, Microsoft, RIM et Sony se serait retiré de la course, puis aurait choisi de joindre ses forces à celles d’Apple. Le mercredi 29 juin, Intel se serait retirée à son tour du processus et aurait amorcé d’intenses négociations avec les deux participants restants, soit Google et le consortium mené par Apple, pour finalement jumeler ses efforts à ceux de Google.
Selon une source non identifiée, les deux consortiums auraient enchéri rapidement à coups de 100 millions de dollars américains jusqu’à l’atteinte de la somme de trois milliards de dollars américains. Google aurait alors demandé la permission afin de miser davantage d’argent, jusqu’à ce la somme misée atteigne 4 milliards de dollars américains.
Google et Intel auraient jeté les armes lorsque le consortium concurrent a misé 4,5 milliards de dollars américains pour l’imposant portefeuille de brevets de Nortel.
Selon un billet du blogue I, Cringely, qui est évoqué par AppleInsider, Apple aurait versé 2 milliards de dollars américains pour les brevets de Nortel qui ont trait à la réseautique mobile de quatrième génération LTE (Long Term Evolution) et pour d’autres brevets qui seraient d’intérêt pour son système d’exploitation mobile iOS.
Microsoft et Sony auraient contribué ensemble la somme d’un milliard de dollars américains, alors que EMC aurait versé 400 millions de dollars américains afin d’obtenir la propriété d’un sous-ensemble de brevets.
Research in Motion et Ericsson auraient versé 1,1 milliard de dollars américains afin d’obtenir une licence d’utilisation du portfolio de brevets. De plus, Research in Motion prendra en charge certaines pertes d’exploitation de Nortel, en échange de crédits d’impôt. En fin de compte, cette dernière mesure pourrait permettre à RIM d’atteindre le seuil de rentabilité dans sa participation à l’enchère de Nortel.
Lorsque le processus de vente de ses brevets de Nortel sera complété, il ne restera plus d’actifs majeurs dans le portefeuille de produits de l’entreprise canadienne, sinon quelques commutateurs et composantes de réseautique mobile. Tout porte à croire que Nortel cessera définitivement ses activités au cours des prochaines semaines, sinon des prochains mois, pour ainsi mettre fin à 116 années d’existence dans le créneau de l’industrie des télécommunications.
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Jean-François Ferland est rédacteur en chef adjoint au magazine Direction informatique.