Des responsables des technologies au sein d’organisations, des dirigeants d’entreprises de l’industrie des TIC et des observateurs répondent à trois questions liées à la thématique de notre dossier qui porte sur 2010 et l’année à venir.
Sylvie Gagnon Directrice générale TechnoCompétences | Andrian Dafinei Président du conseil d’administration de l’AQIII | François Gratton Premier vice-président, marché affaires Télus Québec |
Quelles ont été les bonnes nouvelles de 2010 ?
Sylvie Gagnon: On a vu de beaux produits informatiques québécois comme le Protocole AdPod d’Eloda pour l’analyse du contenu des pauses publicitaires, Antidote HD de Druide, pour éviter les « fotes » même sur nos iPhone, Edigita fabriqué par De Marque en Italie, la solution mobile MSDS de Maerix pour les pictogrammes des produits dangereux, la SAQ satisfaite de son ZeroSpam, le jeu Tank Battle de l’ENDI distribué par l’App Store, le système d’autoévaluation de conduite automobile réalisée par iXmédia pour la SAAQ, Assassin’s Creed: Brotherhood d’Ubisoft réalisé à Montréal et le petit FormationRH.ca, produit eLearning de TechnoCompétences.
Il y a aussi eu des nominations importantes, notamment Daniel Blanche et Lidia Divry, le nouveau directeur général du CRIM et la nouvelle directrice générale de TechnoMontréal. Finalement, CGI a remporté le concours des meilleurs rapports d’entreprise dans le secteur Sciences de la vie / Technologie de l’ICCA.
Adrian Dafinei: L’utilisation des technologies émergentes et disruptives, notamment du web social et mobile, a continué à prendre de l’ampleur de façon exceptionnelle en 2010. Ce changement des paradigmes a favorisé, jusqu’à présent, les entreprises dynamiques qui ont su lancer rapidement de nouveaux produits et services. Pour la première fois depuis 25 ans, les PME, même les compagnies fondées dans un garage, sont à nouveau capables de rivaliser avec les multinationales.
Par chez nous, le verdict favorable obtenu en cour par Savoir-Faire Linux dans la cause qui l’opposait à la Régie de Rentes du Québec constitue un exemple concret des effets du vent du changement. Ce jugement oblige les donneurs d’ouvrage qui dépensent l’argent public à analyser sérieusement l’ensemble des fournisseurs sur le marché et de ne plus octroyer des contrats uniquement aux géants de l’industrie. Tout en rappelant l’impartialité de l’AQIII, ce jugement constitue une excellente nouvelle pour les micro-entrepreneurs en TIC.
François Gratton: Le but de notre industrie est vraiment d’améliorer la productivité, que ce soit pour des gens ou des entreprises. Un changement fondamental qui s’est opéré au Québec dans la dernière année est l’introduction des réseaux HSPA. On est passé à un nouveau niveau de rapidité dans l’accessibilité au réseau mobile. Si on regarde ce qui se passait jusqu’à cette année, surtout en région, les particuliers et les entreprises n’avaient pas accès à Internet haute vitesse. Mais avec l’introduction de ces réseaux, il y a une augmentation de productivité énorme des entreprises qui n’étaient pas connectées au reste du monde à la bonne vitesse. C’est bien pour les particuliers aussi, bien sûr, mais c’est surtout bien pour les entreprises. Elles avaient besoin d’aide afin d’être concurrentielles à l’échelle mondiale et avoir accès à Internet haute vitesse à travers la mobilité était primordial pour ces entreprises.
Quels sont vos «prix citrons» pour 2010 ?
Sylvie Gagnon: Toutes les mauvaises nouvelles fortement publicisées de dépassement de coûts et d’échéanciers défoncés des projets informatiques ! On parle de nombreux retards et de coûts beaucoup plus élevés qu’initialement projetés. Malheureusement, c’est surtout vrai pour les secteurs publics et parapublics puisque ce sont des secteurs d’activité sous haute surveillance. En tant que contribuable, nos taxes doivent être bien gérées et il faut dépenser à la hauteur de nos capacités. Les échecs, comme dans le Dossier de santé électronique, donnent mauvaise réputation à notre industrie des TIC.
Adrian Dafinei: Les effets de la crise économique perdurent et les gouvernements de partout dans le monde doivent trouver de nouvelles sources de revenus pour combler les déficits qui continuent à gonfler.
Malheureusement, au Québec, le Ministère du Revenu(MRQ) cherche de l’argent dans les poches de ceux qu’il aurait dû aider: les micro-entrepreneurs. Le MRQ conteste leur statut d’entrepreneur, leur refuse les facilités accordées normalement aux petites entreprises, et facture de lourdes pénalités. On déplore cette situation parce que la position du gouvernement risque de faire peur aux informaticiens-micro-entrepreneurs potentiels et par conséquent de tuer dans l’oeuf l’effervescence qui doit se trouver à la base d’une économie du savoir fleurissante.
François Gratton: Ce sont tous les changements sur l’intégration verticale dans le monde des technologies de l’information. Si on regarde les différents achats faits par certains de nos concurrents et l’intégration verticale du contenu exclusif avec des entreprises des technologies de l’information, on constate un changement radical dans notre industrie qui aura des répercussions, potentiellement, dans le futur. Je décris ça comme un bogue, car on ne croit pas qu’il faille intégrer le contenu verticalement afin de donner accès à une diversité de contenu à nos clients. L’exclusivité du contenu va porter atteinte à la diversité et aux choix des consommateurs ainsi qu’aux objectifs du système canadien de radiodiffusion.
Que nous réserve 2011 ?
Sylvie Gagnon: Il y aura, en 2011, 7 500 postes de professionnels en technologies de l’information et des communications au Québec à combler. Il y aura beaucoup d’appelés et beaucoup d’élus! Dans ce sens, TechnoCompétences prépare pour 2011 pour la promotion des carrières en technologies un site revampé MaCarriereTechno.com. Nous allons offrir des activités auprès des différentes clientèles. Les professionnels formés à l’étranger en technologies de l’information et des communications sont aussi une cible très importante. Ils sont très présents dans le secteur et ont une intégration souvent plus forte que dans plusieurs autres secteurs. Mais comme l’emploi est là, TECHNOCompétences travaille très fort avec ses partenaires pour en intégrer davantage.
Adrian Dafinei: J’ai confiance que l’année 2011 va apporter des opportunités d’affaires aux travailleurs autonomes dans le domaine des TIC. Avec la reprise économique, les entreprises qui ont pris du retard depuis deux ans dans leurs projets informatiques d’envergure se lanceront dans une course afin de rattraper le temps perdu et pour mieux se positionner face à la concurrence. Ceci générera beaucoup d’opportunités, notamment pour les travailleurs autonomes hautement qualifiés, qui sont typiquement appelés à aider les entreprises dont le carnet de projets déborde lors d’une relance économique.
Un autre facteur qui joue en faveur des travailleurs autonomes est bien sûr la pénurie de main-d’œuvre spécialisée dans le domaine des TIC.
Le rôle de plus en plus important que les TIC jouent dans notre vie, le manque d’intérêt des jeunes pour les métiers TIC, et la retraite des baby-boomers font en sort que la crevasse numérique ne cesse de s’élargir entre les besoins de l’industrie pour des spécialistes en TIC et la capacité de la société à répondre à cette demande. Alors, ceux qui détiennent des compétences pointues et qui sont prêts à se consacrer au travail autonome seront les grands gagnants de la reprise économique.
François Gratton: Le système de santé à un besoin criant au niveau de la technologie. Les patients n’ont pas accès à leur dossier et j’espère le lancement d’une plateforme web confidentielle destinée au grand public. Cette plateforme devra permettre aux citoyens d’accéder à leurs renseignements personnels.