Alors que l’intérêt envers la vidéo en 3D s’est emballé en 2010, puis amoindri en 2011, Technologies Sensio a poursuivi le développement de ses technologies et de ses alliances. Le cofondateur Richard LaBerge fait le point sur le positionnement de l’entreprise.
L’entreprise montréalaise Technologies Sensio, qui conçoit des technologies pour la diffusion de contenu télévisuel en trois dimensions sur des canaux traditionnels n’a pas chômé au cours des deux dernières années.
L’entreprise a poursuivi l’implantation de ses composantes technologiques de retransmission d’événements en direct dans des salles de cinéma dans plusieurs marchés de la planète, notamment aux États-Unis et en Europe. Également, l’entreprise a signé une entente d’intégration technologique avec le fabricant montréalais d’équipement de télédiffusion Miranda Technologies, ainsi qu’un premier contrat d’intégration dans les téléviseurs avec l’entreprise américaine VIZIO.
En parallèle, Sensio a établi des ententes d’intégration technologiques avec plusieurs fabricants de systèmes sur puce et avec des éditeurs de logiciels en informatique et en jeu vidéo. L’entreprise a annoncé des produits nouveaux ou améliorés et obtenu des brevets pour ses propriétés intellectuelles.
Au niveau du contenu, Technologies Sensio a participé au processus de diffusion en direct et en 3D de parties de championnats sportifs, de concerts et de spectacles. Au début de 2011, Sensio a annoncé l’établissement d’une banque de vidéo en 3D dont le contenu sera accessible par le biais de fournisseurs de vidéo à la demande sur diverses plateformes, en plus d’amorcer ses propres activités de distribution de contenu en 3D.
Lire : Distribution du contenu 3D : La proaction derrière l’écran
Flottement de marché
Toutefois, Technologies Sensio a rencontré certains défis au cours de cette période dans le marché résidentiel. Il y a eu une hésitation des fabricants de téléviseurs à intégrer la technologie de l’entreprise québécoise à leur appareils, ce qui a suscité des interrogations de la part d’actionnaires lors de l’assemblée annuelle de l’entreprise.
Surtout, il y a eu en 2011 une période de flottement de la part du marché envers la télédiffusion en direct de contenu en trois dimensions.
Richard Laberge, qui est le vice-président exécutif, le chef de la commercialisation et le cofondateur de Technologies Sensio, reconnaît qu’il y a eu moins d’engouement envers la télédiffusion de contenu en 3D en direct. Toutefois, il souligne que son entreprise n’envisageait pas une réelle possibilité commerciale de cette avenue à court terme.
« La guerre du contenu en 3D se fera du côté du côté de la vidéo à la demande, soit par Internet, soit par le biais des télédistributeurs, affirme-t-il. La production de contenu se poursuit à Hollywood – la 3D est très présente dans les salles de cinéma – et divers événements ont été produits en direct dans le monde du divertissement cette année. C’est là où ça se passera au cours des deux prochaines années. »
M. LaBerge indique que l’accalmie qui est survenue en 2011 dans le marché de la consommation serait attribuable à une carence dans la disponibilité de contenu en 3D, à une expérience utilisateur mitigée (guerre des formats actif et passif et confort des lunettes, reconfiguration des téléviseurs selon le contenu, etc.) ainsi qu’à une certaine déception quant à la qualité du rendu en 3D du contenu à l’écran. Toutefois, M. LaBerge assure que l’industrie n’est pas restée inactive durant cette période.
« Ces éléments ont fait en sorte que les gens ont dit : “c’est amusant et c’est intéressant, mais…”. Toutefois, comme l’année 2011 a été consacrée à l’apport d’améliorations, l’année 2012 beaucoup sera plus intéressante. Il s’agit d’une évolution technologique standard qui a eu lieu aussi dans l’audio et dans la télévision haute définition », indique M. LaBerge.
La qualité de la 3D en évolution
Alors qu’environ 20 millions de téléviseurs compatibles à la 3D auraient déjà été vendus à l’échelle mondiale, le déploiement commercial de la technologie Hi-Fi 3D de Sensio dans le marché résidentiel reste à faire. Pour l’instant, une seule entente commerciale a été paraphée avec un fabricant de téléviseurs.
M. LaBerge indique que la technologie de l’entreprise est embarquée dans certains téléviseurs qui sont installés dans les foyers, en raison d’ententes établies avec les fabricants de puces, mais la technoloie n’est pas encore activée, faute d’ententes avec les fabricants des appareils. Après la conclusion d’une telle entente, un micrologiciel activerait la fonction dans les téléviseurs. Mais dans d’autres cas, il faudra attendre que les adhérents de la première heure renouvellent leurs téléviseurs afin qu’ils puissent bénéficier de la technologie québécoise.
M. LaBerge souligne que l’adoption de la télévision en 3D par les consommateurs en est encore « au début de la courbe ». Il indique que les divers formats d’encodage du contenu vidéo en 3D qui existent ne sont pas dans une situation de compétition, comme le furent les formats HD-DVD et Blu-Ray, mais plutôt dans une situation d’évolution en terme de qualité.
« Pour l’instant, les fabricants ont lancé la 3D de base avec un format du domaine public, soit du côte à côte avec 50 % de résolution… C’est un peu comme l’image SD en télévision. Mais vu que les consommateurs qui ont une télé VIZIO ont une plus belle image parce qu’il a un décodeur de meilleure qualité dans leurs téléviseurs et qu’ils ont accès à du contenu, cela aura un effet sur les compétiteurs », affirme M. Laberge.
Dans les salles de cinéma, la quantité de films présentés en 3D en 2011 a été remarquable, mais la qualité de l’adaptation en postproduction de certains films en 3D laissait à désirer. Le cofondateur de Sensio prévoit que le rendu en 3D des productions à venir sera grandement amélioré.
« Au début de 2011, on avait le film Avatar comme référence, mais [en voyant les nouveaux films] on s’est dit “Non, non, non…” Or, selon les premiers feedbacks du film Hugo de Scorcese, la 3D est belle. On comprendra la valeur de la 3D. La qualité du cinéma en 3D va s’améliorer, et le marché du cinéma en salle va continuer à croître… », ajoute-t-il.
D’ailleurs, M. LaBerge dit espérer que des ententes d’intégration des technologies de diffusion de Sensio seront conclues sous peu avec des exploitants de salles du Québec.
3D mobile?
Interrogé quant à l’éventualité de la visualisation de contenu en 3D sur les tablettes électroniques – qui font concurrence en quelque sorte au petit et au grand écran – M. LaBerge envisage que le concept sera concrétisé un jour. Toutefois, il ne se risque pas à suggérer quand ni comment l’idée deviendra une réalité.
« Le monde du mobile en 3D s’en vient, mais voudra-t-on porter des lunettes pour y regarder du contenu? Aussi, l’infrastructure nécessaire doit être en place pour offrir du contenu 3D sur une tablette, car plus on réduit l’écran, plus le 3D devient “plat”. Des moyens permettront d’y arriver, ça s’en vient… », avance-t-il.
Entre-temps, M. LaBerge s’attend à ce que 2012 soit l’année où les labeurs que son entreprise a réalisés au cours des dernières années porteront fruit.
Vidéo : Diffusion de contenu vidéo en 3D : Sensio fait le point
Pour consulter l’édition numérique du magazine de novembre 2011 de Direction informatique, cliquez ici
Jean-François Ferland est rédacteur en chef adjoint au magazine Direction informatique.