On avait promis le Dossier de santé de Québec pour 2010, puis pour 2015. Voilà qu’il faudra finalement attendre une année de plus pour que le projet soit finalisé, sans que les budgets soient encore une fois revus à la hausse.
Le ministre de la Santé et des Services sociaux du Québec, Yves Bolduc, a fait le point sur le Dossier de santé de Québec (DSQ) le 22 mars à Montréal, affirmant que le développement de la plupart des composantes du dossier est parvenu à maturité et qu’elles commenceront à être déployées au cours des prochaines années.
M. Bolduc a alors annoncé que Québec allait également prendre sous son aile l’arrimage du DSQ avec les systèmes de dossiers cliniques informatisés (DCI) des hôpitaux et avec les dossiers médicaux électroniques (DMÉ) dans les cliniques.
« Nous revoyons la gouvernance. Plutôt que de parler de DSQ, il est à présent question de trois niveaux d’informatisation du réseau de la santé qui sont interconnectés », a révélé le ministre en conférence de presse dans les locaux du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM).
Le Québec se dirige donc vers un réseau de santé et de services sociaux à trois paliers, soit ceux des cliniques, des hôpitaux et du DSQ, ce dernier constituant la banque centrale dans laquelle il sera possible de regrouper tous les examens de laboratoire et de radiologie, et même d’avoir accès aux banques de données des médecins.
Du côté des laboratoires, des centres de radiologie et des médicaments, Yves Bolduc assure que le Québec est déjà informatisé à 100 % au niveau local. « Le défi, c’est l’interconnexion, pour que tous les systèmes puissent se parler entre eux », dit-il.
Le ministre de la Santé soutient que déjà au Québec, 3 500 médecins (sur 6 000) ont accès à un dossier électronique en clinique. « Ce sont des médecins qui sont dans des groupes de médecine de famille. Au Québec, 220 groupes de médecine de famille sont informatisés et ce nombre devrait passer à 300 d’ici deux ans », précise-t-il.
Tous les hôpitaux du Québec sont d’ailleurs équipés du PACS (
DSQ en quatre temps
Au niveau des hôpitaux, quatre grands systèmes d’informatisation sont implantés à travers le Québec: Oacis à Montréal, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, dans Lanaudière et en d’autres régions du Québec, Ariane en Estrie, Cristal-Net à Québec et Purkinje à Trois-Rivières et Lévis. « Ils sont tous fonctionnels », assure le ministre.Le Dossier de santé de Québec comporte quatre grands chantiers, soit ceux des médicaments, de l’imagerie diagnostique, des résultats de laboratoire et de la télésanté.
« Au niveau des médicaments, les fonctions de base qui permettent le partage des informations sont opérationnelles. Toutes les pharmacies au Québec sont informatisées. Le projet de déploiement dans la région de Québec sera terminé à l’automne. Par la suite, on va faire un déploiement progressif ailleurs en province, ce qui est préférable, en raison de la formation requise pour que les professionnels de la santé puissent utiliser leurs outils », explique Yves Bolduc.
Du côté de l’imagerie diagnostique, tous les établissements de santé de la province sont équipés du PACS, ce qui permet, par exemple, à plusieurs médecins de consulter un même film en même temps. Le ministre souhaite que tous les établissements de santé au niveau national puissent partager des données dès cet automne.
Comme l’informatisation des laboratoires est également finalisée, il ne reste que des travaux de normalisation à effectuer, afin de permettre le transfert des examens entre tous les établissements. Ces travaux devraient durer encore un an.
Le 4e grand chantier est celui de la télésanté. Le ministre de la Santé insiste sur le fait que ce volet permettra, à terme, de mieux soigner les patients habitant les régions éloignées en leur fournissant des soins à distance. « Ceux-ci n’auront plus à se déplacer à Montréal, Québec ou Sherbrooke pour recevoir des soins professionnels », illustre-t-il.
Il est question de télévisite, de télépathologie, de télésoins, de téléassistance pour le traitement des plaies… Yves Bolduc est d’avis que la téléconsultation générale sera disponible à l’été 2012.
« Pour les professionnels de la santé, la téléconsultation permettra l’établissement d’un diagnostic plus rapide auprès des patients, de même qu’un meilleur suivi grâce à l’accès à l’historique des dossiers et à l’élimination de la multiplication des tests, ce qui permettra une optimisation du travail », explique-t-il.
Pas de dépassement de coûts
Yves Bolduc affirme que le projet du DSQ sera finalisé en 2016 sans dépassement de coûts supplémentaire. Le budget demeure, pour le moment, à 563 millions de dollars, dont 303 millions de dollars proviennent d’Inforoute santé du Canada, et 260 millions de dollars sont fournis par Québec.À ce jour, le fédéral a versé 111 millions de dollars. « Inforoute santé du Canada débourse à mesure que l’on procède au déploiement à travers la province. Il y a donc des jalons à atteindre. À terme, nous sommes sûrs d’aller chercher le montant maximum du fédéral », révèle M. Bolduc.
Projet de loi prévu pour l’automne
Le DSQ fera l’objet du dépôt d’un projet de loi cet automne, afin de corriger des « failles » dans le système de santé au Québec. Yves Bolduc raconte, par exemple, que deux hôpitaux ne peuvent pas partager d’informations en ce moment, une situation qui doit être modifiée pour permettre des services plus fluides.Nouvelle gouverne pour assurer le déploiement du DSQ
Québec affirme que la majorité des travaux de développement du DSQ sont pour la plupart arrivés à maturité et que le projet entre dans une période « d’accélération de la phase de déploiement », ce qui commande l’arrivée d’une nouvelle gouvernance, qui sera dirigée par la sous-ministre associée Lise Verreault.« On reprend le contrôle du DSQ pour en faire un dossier de déploiement. Au départ, il ne fallait pas juste penser en fonction des trois grands chantiers (laboratoires, radiologie et médicaments) mais bien penser en fonction de l’informatisation du réseau », a concédé Yves Bolduc.
Ce dernier a également annoncé la création de quatre organismes consultatifs pour épauler l’équipe de Lise Verreault :
– Un Bureau de programmes pour encadrer, superviser et coordonner les ressources relevant de Mme Verreault;
– Un Conseil de gouvernance qui sera composé de huit membres, représentant tous les partenaires dans le projet (MSSS, Régie de l’assurance-maladie du Québec (RAMQ), Société de gestion informatique du réseau, centres hospitaliers et agences régionales de la santé et des services sociaux);
– Un Comité consultatif des besoins cliniques, composé des fédérations médicales et pharmaceutiques et de l’Association québécoise d’établissements de santé et de services sociaux;
– Une Table permanente d’interopérabilité, relevant de la RAMQ, pour assurer l’arrimage et l’intégration du DSQ avec le DCI et le DMÉ.
La RAMQ sera également chargée du volet de la sécurité informatique dans le projet.
M. Bolduc soutient qu’il répond ainsi aux préoccupations du Vérificateur général du Québec, Renaud Lachance, qui, en mai 2010, avait consacré un chapitre de son rapport annuel au DSQ, se disant « préoccupé » par la façon dont le MSSS gérait le projet d’implantation du dossier de santé électronique. M. Lachance s’inquiétait alors de l’absence d’une stratégie d’arrimage entre le DSQ, le DCI et le DMÉ.
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