Monique Lefebvre, qui a oeuvré durant plus d’une vingtaine d’années dans l’industrie des TIC au Québec, est décédée le 8 août dernier.
Selon l’avis de décès qui a été publié dans un quotidien, Mme Lefebvre a été traitée pour un cancer par le département d’oncologie d’un hôpital montréalais au cours des cinq dernières années. Elle avait 65 ans.
Selon un billet de blogue qui a été publié par le regroupement d’intérêt Réseau Action TI, Monique Lefebvre a étudié en psychologie à l’Université de Montréal. Elle a amorcé sa carrière professionnelle dans le milieu universitaire où elle a oeuvré en enseignement et en recherche en psychologie et occupé des postes de direction à l’Université du Québec à Montréal. C’est en 1991 qu’elle a joint l’industrie québécoise des technologies de l’information et des communications à titre de présidente-directrice générale du Centre de recherche informatique de Montréal (CRIM), un centre de recherche et développement, de transfert technologique et de formation. Sous sa gouverne, le CRIM a établi le Centre de génie logiciel appliqué (CGLA) et le Centre d’expertise et de services en applications multimédias (CESAM), un consortium de 25 entreprises qui oeuvraient dans le secteur du multimédia.
Claude Robitaille, le directeur corporatif du service des Ressources humaines et matérielles au CRIM, a côtoyé Mme Lefebvre lorsqu’elle a dirigé l’organisme.
« Mme Lefebvre était une battante, une personne extrêmement influente dans le domaine des TI à Montréal. J’étais toujours impressionné de voir que les gens connaissaient tous Mme Lefebvre, que ce soit dans les conseils d’administration ou dans les activités à caractère social. Elle a joué un rôle important pour mettre en valeur les TI dans ces années », indique M. Robitaille.
Influente pour Internet
Monique Lefebvre a joué un rôle important dans la promotion d’Internet au Québec à plusieurs égards.
Outre sa contribution, dans le cadre de ses fonctions au CRIM, à la progression du Réseau interordinateurs scientifique québécois (RISQ) qui avait été établi en 1989, elle a été une membre fondatrice du conseil d’administration de l’organisme canadien CANARIE (Canadian Network for the Advancement of Research Industry and Education), qui exploite un réseau de télécommunications à haut débit qui fédère les réseaux scientifiques provinciaux.
En 1996, elle a été la coprésidente de la conférence annuelle INET’96 de l’Internet Society, un organisme mondial de coordination et de développement de la Toile, qui eu lieu en juin de cette année au Palais des Congrès à Montréal.
Également, Mme Lefebvre a agi à titre de conseillère auprès des gouvernements du Canada et du Québec à propos du développement des services gouvernementaux en ligne. Elle a notamment participé au pilotage au développement des services gouvernementaux par le biais d’Internet lorsqu’elle a siégé de 1997 à 2007 de au conseil d’administration de la Fondation canadienne pour l’innovation, un organisme fédéral qui réalise des investissements dans des projets de R-D technologique.
« Mme Lefebvre était très influente auprès des gouvernements, où elle “avait ses entrées”. C’est certain qu’elle a eu une influence importante dans le cheminement d’Internet au Québec », estime M. Robitaille.
Patrice-Guy Martin, le président-directeur général du Réseau Action TI, était rédacteur en chef du magazine Direction informatique quand Monique Lefebvre oeuvrait au sein de l’industrie québécoise des TIC. Il qualifie Mme Lefebvre de « défricheuse » et de « pionnière » pour ses efforts de sensibilisation et de promotion à l’égard de l’adoption d’Internet au Québec.
« Je pense que c’était le type de personne qu’il fallait pour mettre Internet sur la carte au Québec. Elle a été une actrice importante à l’époque où Internet se développait, alors que le CRIM a joué un rôle dans l’augmentation de la pénétration d’Internet au Québec », estime M. Martin.
Parcours unique
De 1996 à 1998, Monique Lefebvre a été présidente de l’entité Quebecor Multimedia (aujourd’hui Nurun) au sein du conglomérat québécois du secteur des communications Quebecor.
De 1998 à 2001, elle a occupé le poste de vice-présidente pour le Québec et le Canada atlantique chez le fabricant d’équipements de télécommunications Ericsson Canada. Durant ces trois années, elle a été la présidente du conseil d’administration de la Société Innovatech du Grand Montréal, un organisme gouvernemental québécois qui aidait les entrepreneurs en technologies à se lancer en affaires.
Mme Lefebvre a quitté l’industrie des TIC en 2001 lorsqu’elle a accepté la présidence d’un comité de transition dans le cadre de la fusion de plusieurs municipalités de l’île de Montréal.
En 2003, elle a été nommée parmi les 25 bâtisseurs de l’industrie des TIC dans le cadre du 25e anniversaire du Réseau Action TI. Elle était l’une des deux femmes à faire partie de ce groupe, aux côtés de Monique Charbonneau, l’ancienne dirigeante du CEFRIO. En 2011, Mme Lefebvre a obtenu le titre de chevalière de l’Ordre national du Québec.
Si la feuille de route de Monique Lefebvre est impressionnante par la diversité des postes qu’elle a occupés au fil des années, ce cheminement est encore plus impressionnant lorsqu’on considère qu’il a été accompli par une femme au sein de l’industrie des TIC.
« Mme Lefebvre avait une personnalité de dirigeante où elle était capable de mener et d’amener des gens qui avaient les qualités nécessaires pour réussir des projets, souligne Patrice-Guy Martin. L’industrie des TIC n’est pas une industrie où il n’y a pas beaucoup de femmes et où il n’y en a pas beaucoup qui se rendent à des niveaux supérieurs. »
« On demande beaucoup plus aux femmes, et en particulier en TI, pour percer le “plafond de verre”, ce qui n’est pas toujours facile. Monique Lefebvre, à cet égard, est un exemple de réussite et un exemple à suivre », ajoute-t-il.