L’intégration des TI, le nouveau parcours de l’automobile

Pour l’ajout des technologies dans les habitacles, les constructeurs automobiles cherchent encore l’équilibre entre la convivialité et la sécurité.

Les constructeurs automobiles poussent l’intégration des TI dans les habitacles des véhicules aux fins de la communication et du divertissement. Sur le tableau de bord de plusieurs modèles, un écran tactile donne accès à la radio et au contenu des disques optiques compacts, des lecteurs multimédias portatifs et des téléphones évolués, à la navigation par GPS et au contrôle du climat.

Des ports audio/vidéo, des ports USB, des fentes pour cartes de mémoire et les technologies sans fil Bluetooth et Wi-Fi permettent d’intégrer le contenu ou les applications des appareils portatifs à la console. Un véhicule peut même servir de point d’accès sans fil à la Toile pour les appareils mobiles des passagers.

Avec la reconnaissance vocale et la voix synthétisée, en mode mains libres, un conducteur peut utiliser la téléphonie, consulter un carnet d’adresses, dicter et écouter des messages textes, obtenir un trajet, entendre des bulletins de circulation ou de météo et effectuer une recherche dans Internet.

En parallèle, un système embarqué de communication permet d’obtenir de vive voix de l’assistance routière, de l’aide en cas d’urgence et des services d’orientation. Il sert aussi à localiser un véhicule, à effectuer des diagnostics et à immobiliser un véhicule volé.

Au Salon international de l’auto de Montréal, la tendance à l’intégration était manifeste : chez certains fabricants un service radio embarqué lit à haute voix le contenu des réseaux sociaux Facebook et Twitter, via un téléphone évolué; certains modèles de Chrysler recueillent des données de performance qu’on consulte à l’écran et qu’on téléverse ensuite dans un site Internet privé; des véhicules ont des écrans tactiles dont les dimensions s’approchent de celles des tablettes numériques.

Virage mobile

Une autre tendance est le recours au téléphone évolué pour interagir avec l’automobile. Certaines servent à contrôler à distance des fonctions de base, comme le démarrage ou le déverrouillage des portes, mais d’autres offrent déjà des fonctions poussées.

Application mobile de FordPar exemple, Ford et Nissan offrent pour leurs modèles électriques des applications mobiles qui fournissent l’état de la charge et l’autonomie de déplacement. Elles servent aussi à programmer une recharge en fonction des tarifs d’électricité ou le démarrage du chauffage selon l’heure prévue du départ.

Steve Ross, le directeur, Marketing des produits, développement durable et électrification chez Ford du Canada, donne l’exemple d’un assistant de freinage qui quantifie les performances du système de récupération d’énergie au freinage lors d’un d’arrêt. Lorsque le véhicule est éteint, des statistiques sont affichées sur la console et l’application mobile, selon l’approche de la ludification. « En tenant compte des habitudes de conduite qui affectent la consommation d’essence, on obtient un pointage. Le conducteur essaie alors d’améliorer ses performances et adapte sa façon de conduire », explique M. Ross.

Intégration prudente

À part quelques berlines de grand luxe, roadsters et sous-compactes, la plupart des modèles au Salon de l’auto de Montréal étaient dotés d’un écran tactile, qui sert à commander le système, et parfois d’un deuxième écran qui affiche de l’information essentielle au milieu du tableau de bord ou derrière le volant.

Toutefois, on est loin de l’informatisation intégrale : un bouton de contrôle, accessible « à tâtons », sert à naviguer dans les fonctions du système, alors que des boutons conventionnels sont encore présents pour des fonctions de base comme le chauffage et la climatisation.

Les technologies de l’information occupent une place croissante dans l’habitacle, mais elles doivent jouer un rôle secondaire en rapport à la conduite. Selon le chroniqueur automobile Gabriel Gélinas, réussir l’intégration des TI pour les communications et le divertissement constitue « la prochaine étape » d’importance pour les constructeurs.

« Les procédés de fabrication, les matériaux et la mécanique de la voiture sont assez bien maîtrisés par les constructeurs, mais les technologies c’est tout nouveau, alors que les gens passent plus de temps dans leurs voitures et veulent être connectés », observe-t-il.

« Le gros défi des constructeurs est d’intégrer les technologies sans que ça devienne une distraction pour le conducteur », ajoute M. Gélinas en mentionnant que le gouvernement américain commence à étudier sérieusement l’enjeu. D’ailleurs, pour réduire les distractions, certaines fonctions des consoles sur les tableaux de bord sont limitées ou désactivées lorsque le véhicule est en marche, comme l’affichage des fils des réseaux sociaux ou la lecture des films.

« On peut parfois trouver que notre système [Uconnect] est simpliste, mais c’est le but recherché, explique Daniel Labre, le directeur des communications chez Chrysler Canada. Beaucoup de fonctions nécessitent qu’on soit à l’arrêt pour qu’elle soient accessibles. Plus il y a de technologies, plus il y a de distractions, mais on essaie de garder ces dernières au minimum. »

Enjeux

L’intégration des TI s’effectue sous l’oeil critique des consommateurs qui sont familiers avec les technologies. Dans Internet, ils ne se gênent pas pour manifester leur insatisfaction envers des interfaces encombrées, des boutons tactiles trop petits, des fonctions complexes et des bogues. Les constructeurs n’ont d’autres choix que d’apporter des correctifs par de mises à jour, au moyen de clés USB ou de CD envoyés par la poste ou lors d’une visite chez le concessionnaire.

« S’il y a des améliorations à apporter en cours de route, c’est maintenant plus facile de mettre à jour les nouveaux systèmes comme on le fait avec son ordinateur ou son téléphone. Auparavant, il fallait changer des composantes matérielles. Nous pouvons réagir plus rapidement et offrir un meilleur service », reconnaît M. Ross de Ford du Canada.

« On obtient rapidement du soutien en ligne si on a un bogue lors de l’achat d’une chanson à 99 sous. Le même service à la clientèle devrait s’appliquer pour un véhicule qui coûte 25 000 ou 60 000 dollars », note Gabriel Gélinas.

D’autre part, l’intégration des TI dans les véhicules varie d’un marché à l’autre. Des fonctions offertes aux États-Unis ne le sont pas au Canada pour des raisons de disponibilité d’un service auxiliaire ou de rentabilité. Certaines sont interdites en raison de dispositions réglementaires. D’autres, activées par la voix ne sont pas disponibles, parce qu’elles n’ont pas été francisées par les manufacturiers.

Mais l’intégration des TI dans l’automobile est loin d’être terminée, comme le démontrent des prototypes tels que le système interactif pour les fenêtres à l’arrière Window to the World de Toyota – pour dessiner du doigt, évaluer les distances, traduire des pancartes ou agrandir par la vidéo un objet dans le paysage…

À lire en ligne : Les TIC dans l’automobile au service des affaires

Jean-François Ferland
Jean-François Ferland
Jean-François Ferland a occupé les fonctions de journaliste, d'adjoint au rédacteur en chef et de rédacteur en chef au magazine Direction informatique.

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