Les entreprises doivent d’abord réfléchir aux besoins d’affaires qu’elles ont à combler avant de se lancer aveuglément dans l’adoption de l’informatique en nuage.
« Les entreprises doivent se demander s’il est rentable d’adopter l’informatique en nuage et dresser une liste regroupant des objectifs, l’identification des bénéfices tangibles et identifiables, les investissements requis, les embûches potentielles et l’impact sur l’organisation », selon le président de Novipro, Yves Paquette.
Une fois le projet finalisé, les entreprises doivent revenir au sommet de la liste et vérifier si les objectifs ont effectivement été atteints. Cette liste sert donc de guide afin de mesurer le rendement du capital investi des projets dans le nuage informatique.
Selon M. Paquette, les objectifs peuvent être multiples. Il peut s’agir, par exemple, de réduire les coûts opérationnels, d’assurer une meilleure sécurité de l’information, d’adopter de meilleures pratiques ou de respecter les lois sur la protection des données.
Henri Quiniou, conseiller principal, gestion des TI & infonuagique chez Telus, estime que les services TI sont actuellement concentrés à 80 % à la gestion des équipements, alors que le 20 % restant permet de réfléchir à une stratégie d’évolution à long terme. « Le besoin pour les entreprises d’accroître l’efficience de leurs infrastructures informatiques ne date pas d’hier », dit-il.
Ce dernier ajoute que pour nombre d’entreprises qui n’évoluent pas directement dans l’industrie des technologies de l’information, la gestion des TI est bien souvent un mal nécessaire. Il est alors très tentant de confier ces tâches à une entreprise spécialisée en la matière.
« Le premier pas, c’est l’impartition des services TI, qui vise souvent à combler un besoin de disponibilité de la main-d’œuvre. Les entreprises ont alors leurs propres infrastructures, mais confient la gestion des équipements à une tierce partie. L’étape suivante est de s’affranchir des équipements en les confiant à une tierce partie », explique-t-il.
L’arrivée de l’informatique en nuage
« Il y a cinq ou six ans, la virtualisation est apparue. Elle a contribué à donner plus d’efficience aux systèmes par la consolidation de l’utilisation des ressources. Il s’agit d’un modèle très robuste où les sauvegardes de données sont automatisées », dit-il.
Ce modèle permet notamment aux professionnels de se brancher à leur profil de n’importe quel poste de travail au sein d’une organisation. L’information n’est donc plus stockée dans un poste de travail, mais dans un système central.
« Depuis peu, on parle d’informatique en nuage, qui est une ‘virtualisation+’. Cela signifie que l’on peut bénéficier des vertus de la virtualisation, mais également automatiser la disponibilité des ressources informatiques », raconte-t-il.
M. Quiniou souligne que le principal avantage de l’informatique en nuage, à son avis, est la possibilité, pour les entreprises qui anticipent des périodes de pointe, de demander à ce qu’on leur alloue des infrastructures supplémentaires pour gérer adéquatement cette hausse d’achalandage. Une fois cette période passée, on relâche les ressources automatiquement, si bien que les organisations paient seulement pour ce qu’elles consomment.
Il cite en exemple le concepteur de jeux sociaux Zynga. Le jeu CityVille a connu un succès très rapide avec 100 millions d’utilisateurs en 43 jours. Bien malin qui aurait pu prévoir une telle ascension… « Dans un modèle traditionnel, dur de justifier l’investissement nécessaire pour avoir la capacité de répondre à la demande. La société a donc commencé dans le nuage informatique en utilisant des ressources à la demande. Ce modèle d’utilisation des équipements à la demande permet donc d’explorer de nouvelles opportunités d’affaires », affirme-t-il.
Le directeur des TI, un agent de changement
D’après Yves Paquette, le directeur des technologies de l’information (Chief information officer, ou CIO) doit être un agent de changement au sein de chaque entreprise : « C’est lui qui doit aider l’entreprise à réagir rapidement en mettant de l’avant les opportunités de réductions de coûts ou de standardisation », croit-il.
Si l’objectif premier lié à l’adoption de l’informatique en nuage est de réduire les pannes des systèmes informatiques, le rôle du CIO est notamment de démontrer quels sont les coûts liés à ces pannes. Il faut alors chiffrer la perte de productivité du personnel et la baisse de la performance financière de l’entreprise, sans oublier les dommages collatéraux concernant de possibles effets néfastes sur sa réputation.
Messieurs Paquette et Quiniou ont parlé de l’informatique en nuage à l’occasion de la neuvième édition de la Boule de cristal, une journée de conférences qui a eu lieu le 15 mai à Montréal. Cette journée vise à encourager le transfert des connaissances technologiques au profit des entreprises afin de mieux comprendre le potentiel et les impacts des innovations en TIC.
Les risques : la sécurisation des données
Au niveau des risques liés à l’adoption de l’informatique en nuage, Henri Quiniou soutient que le grand inconfort vient de la sécurisation des données, qui ne résident plus en totalité dans des infrastructures appartenant à l’entreprise. « Il faut toutefois voir cela avec une perspective honnête dans la mesure où les efforts de sécurisation mis en place par les opérateurs des nuages informatiques sont de loin supérieurs à ce que la majorité des entreprises peuvent se permettre », dit-il.
Il peut alors s’agir de sécurisation physique, logicielle, des processus et des certifications. M. Quiniou recommande aux organisations de bien comprendre le degré de sensibilité des données avant de les placer aveuglément dans le nuage. Le choix, à ce niveau, appartient selon lui aux dirigeants et non aux fournisseurs de services.
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