Andy Kulakowski, président et directeur général de Speedware, est la personnalité du mois d’avril 2011 en TI au Québec.
L’histoire qui suit est une démonstration de persévérance, de détermination et de patience. Grâce à la volonté d’un homme et à son refus de laisser l’entreprise qu’il dirigeait entre les mains de propriétaires étrangers, indifférents à sa survie, l’industrie québécoise des TI a pu conserver un élément de valeur, une firme établie à Montréal depuis 35 ans.
Au fil des ans, cette entreprise – Speedware – a acquis diverses expertises, dont le langage 4GL, l’intelligence d’affaires, les progiciels de gestion intégrés (ERP), les applications sans fil et, son cheval de bataille actuel, la modernisation et la migration de systèmes patrimoniaux. L’histoire racontée ici est celle de son PDG, Andy Kulakowski. Il s’est joint à cette organisation en 1986 en tant que directeur de produit puis a été vice-président du soutien au client et directeur de l’exploitation avant d’en devenir le président, en 2003. Fortement attaché à l’entreprise, il a entamé en 2007 des démarches pour qu’elle retourne à des intérêts québécois.
Organisation en péril
Deux ans auparavant, Activant Solutions, une société américaine de TI qui affiche des revenus annuels de 400 millions de dollars, avait fait l’acquisition de Speedware, dont le chiffre d’affaires était alors de 60 millions de dollars. Devenu directeur général de la division Speedware au sein de cette société, Andy Kulakowski constate un an plus tard qu’Activant ne s’intéresse pas à la modernisation des systèmes patrimoniaux, mais davantage aux produits ERP et aux filiales de Speedware. « Il était évident que la maison mère ne se préoccupait pas de la pérennité de Speedware et qu’elle ne souhaitait pas faire les investissements nécessaires pour assurer sa survie », souligne-t-il.
À ses yeux, la vente de Speedware représentait l’unique solution pour sauver l’entreprise. Lorsqu’il en parle à ses patrons d’Activant, ils se montrent réceptifs et font appel à un courtier afin de sonder les investisseurs potentiels aux États-Unis. Appelé à participer à ce processus et craignant la répétition du même scénario advenant la vente à des intérêts américains, M. Kulakowski suggère fortement d’élargir l’étude aux marchés québécois et canadien. Il offre même de présenter une offre d’achat provenant de l’équipe de direction de Speedware. On lui fait alors comprendre que la vente à des Canadiens ne fait pas partie des plans d’Activant et qu’il devrait abandonner son propre projet d’acquisition.
Solution québécoise recherchée
Ignorant ces recommandations, il cherche néanmoins des investisseurs potentiels au Québec. « Le Québec offre un environnement très attrayant aux entreprises de TI, dit-il. Il s’agit sans doute de l’endroit le plus économique du monde pour développer des logiciels. » En 2007, l’équipe de Speedware est en mesure de présenter à Activant une proposition d’achat engageant la participation d’institutions financières québécoises. Cependant, M. Kulakowski se voit répondre que Speedware n’est plus à vendre. Non seulement essuie-t-il une autre fin de non-recevoir, mais il est placé sous haute surveillance par les autorités d’Activant.
Il ne s’avoue pas vaincu pour autant. Il continue à marteler son message : les meilleurs propriétaires que l’on puisse trouver pour Speedware sont les membres de son équipe de direction. Crise économique aidant, l’idée chemine peu à peu dans l’esprit des dirigeants d’Activant qui, en 2009, font volte-face et remettent Speedware en vente. Ils demandent même à M. Kulakowski de présenter de nouveau son offre d’achat. Cette fois, il a obtenu le concours de Fondaction, le fonds des travailleurs de la CSN. La structure financière permet une participation combinée de 59 % de la direction et des employés de Speedware, et de 41 % de Fondaction. La structure et la lettre d’intention ont été arrêtées en décembre 2009, et la transaction finale a eu lieu quelque quatre mois plus tard.
« Il s’agit d’un beau succès pour le Québec, se félicite M. Kulakowski. Nous avons lutté et refusé d’accepter les réponses négatives. Sans cette intervention, nous aurions assurément perdu beaucoup d’emplois et fermé Speedware. » Sa détermination lui a valu d’être finaliste au Prix PDG de l’année SGF. Son entreprise renoue avec le succès, ayant fait une acquisition dans les mois suivant son rachat. Dès la première année, ses revenus se sont accrus de 25 %.
Pour Andy Kulakowski, le travail, la chance et la capacité à faire les choses quelque peu différemment composent la recette de la réussite. Si le rachat de Speedware comporte sans doute une certaine dose de chance, le travail et l’originalité n’ont certainement pas manqué dans la démarche.
*Le choix de la Personnalité du mois en TI au Québec est le fruit d’une collaboration entre le Réseau ACTION TI, Direction informatique et de nombreux partenaires de l’industrie.