Des projets du laboratoire vivant de la Société des arts technologiques et du Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine ont recours à des technologies immersives et interactives pour la prestation de traitements thérapeutiques aux enfants malades.
La Société des arts technologiques (SAT), un centre transdisciplinaire de recherche et création, de production, de formation et de diffusion de la culture numérique et le Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine de Montréal ont donné le coup d’envoi à la phase deux d’un laboratoire vivant dont les activités de recherche et développement visent à établir de nouvelles approches thérapeutiques, au moyen des technologies artistiques et immersives, au bénéfice des enfants malades.
Ce laboratoire vivant, voué à l’humanisation des soins de santé pédiatriques en milieu hospitalier, serait le premier du genre au monde.
Sur un des étages du complexe de la SAT qui est situé boulevard Saint-Laurent, une chambre d’hôpital pour enfants, semblable à celles du CHU Sainte-Justine, a été aménagée afin de mettre à l’essai des dispositifs technologiques. Dans un coin on y retrouve une station de création de films d’animation par prise de vue image par image (stop motion en anglais) pour le projet Toonloop de création d’oeuvres artistiques à l’aide de technologies numériques portables et adaptées. Le long d’un mur se trouve une installation technologique pour le projet Marionnect qui permet à un enfant d’interagir avec un avatar à échelle humaine de son choix.
Éventuellement, des projecteurs seront installés dans la pièce et les murs, le plafond et le plancher seront recouverts d’écrans afin d’afficher du contenu visuel d’ambiance dans le cadre du projet Vidéo mapping et projection immersive. Par exemple, au moyen d’images et de projections, la pièce pourrait donner l’impression d’être dans une forêt imaginaire, avec des nuages au plafond et du gazon sur le sol.
Le laboratoire vivant de la SAT et du CHU Sainte-Justine oeuvre aussi à un quatrième projet, soit un gym immersif et interactif qui sera établi à l’hôpital Sainte-Justine. Les enfants pourront y développer leur motricité et faire de l’activité physique, malgré leurs limitations, au moyen de jeux qui impliqueront des technologies de l’information et des communications.
Phases préparatoires
De janvier 2011 jusqu’à la fin de l’hiver dernier, ce laboratoire vivant a fait l’objet d’une phase initiale de cocréation de la part de la SAT et de sept départements du CHU Sainte-Justine (centre de réadaptation Marie Enfant, enseignement, gestion de la douleur, hémaoncologie, humanisation des soins, promotion de la santé et psychiatrie).
Ces travaux préparatoires ont permis aux organisations d’établir un sens commun face à l’utilisation du modèle de laboratoire vivant, d’initier un processus de dialogue et d’identifier les chantiers et les projets prioritaires. Parmi quarantaine de projets étudiés, 31 projets ont été répartis dans les sept départements cliniques du CHU Sainte-Justine et les travaux des quatre projets initiaux ont été amorcés en vue de la phase deux de l’initiative.
Durant la deuxième phase du laboratoire vivant, les organisations participantes devront faire approuver les chantiers majeurs auprès d’un comité d’éthique, mettre en place une structure de gouvernance et établir des infrastructures d’expérimentation. Également, les instigateurs de l’initiative devront signer des ententes de partenariats avec des organisations, des associations et des entreprises. Notamment des fournisseurs de solutions technologiques ont déjà manifesté leur intérêt à participer aux travaux du laboratoire vivant.
Les dispositifs technologiques qui seront développés dans le cadre du laboratoire vivant de la SAT et du CHU Sainte-Justine serviront à la diminution de l’anxiété et à la gestion de la douleur, au développement de l’autonomie, à la socialisation ainsi qu’à l’expression des émotions de la part de l’enfant. Ces dispositifs serviront aussi à la dédramatisation du complexe médical et au développement de nouveaux protocoles thérapeutiques.
Arts, technologies et thérapies
Lors de la présentation des installations du laboratoire vivant, la directrice générale de la SAT, Monique Savoie, a expliqué que l’initiative transdisciplinaire avait vu le jour à la suite d’une discussion avec le Dr. Fabrice Brunet, chef de la direction du CHU Sainte-Justine, lors d’un événement de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. Elle a expliqué que le travail de design de cocréation ainsi que l’innovation sociale et ouverte du laboratoire vivant permettraient à la fois la création de nouvelles formes d’arts technologiques et la création de nouveaux moyens de prestation des soins de santé.
Mme Savoie a relaté que les participants des deux organisations avaient démontré un intérêt et un plaisir manifeste à réaliser les premiers travaux requis pour ce laboratoire vivant. « Parmi nos employés plusieurs sont des parents. Ils travaillent ainsi pour le bien d’enfants qui, plus tard, fréquenteront la SAT », a-t-elle observé. Mme Savoie a indiqué que le savoir-faire fondé sur les TIC qui émanera ce laboratoire vivant sera exporté au bénéfice d’autres établissements de prestation de soins de santé pédiatriques à travers le monde.
Dr. Fabrice Brunet, pour sa part, a indiqué qu’il était extraordinaire de réunir ainsi les équipes des organisations participantes dans le but de faire une « vraie différence » au niveau de l’expérience de prestation des soins de santé pour les enfants, mais aussi pour les parents de ces enfants.
« Les gens de la SAT sont des gens sérieux qui ne sont pas simplement des créateurs, car ils font une évaluation rigoureuse des impacts de l’utilisation des technologies de l’information. Une chimie s’est installée rapidement et nous avons été émerveillés par la qualité de la méthode développée », a souligné Dr. Brunet.
« Quelle est la place de l’art dans le traitement? Lorsqu’on lui prodigue des soins, l’enfant a peur, a mal, est anxieux et ne voit pas ses amis. Comme il a besoin d’être mis en condition pour recevoir ses traitements, l’enfant se rend plus disponible lorsque la prestation de soins est facilitée par l’art », a-t-il ajouté.
Initiative encourageante
Trois femmes âgées dans la vingtaine qui travaillent pour le CHU Sainte-Justine, qui se sont identifiées seulement par leurs prénoms et qui n’ont pas précisé leurs fonctions autrement que par le titre de « participantes », ont pris part à un premier atelier dans la chambre d’expérimentation la veille de l’inauguration officielle du laboratoire vivant.
Ces participantes, qui ont grandi en constatant la progression du recours aux technologies de l’information, ont fait état d’une impression de continuité quant à l’utilisation des TIC, de l’art et de l’immersif pour la prestation des soins pédiatriques. « Nous avons été élevées avec les TIC et c’est amusant qu’il y ait des débouchés positifs de la sorte. On regardait peut-être parfois [l’utilisation des TIC] d’un oeil craintif, mais il y a un potentiel de retombées positives avec ce projet. C’est rassurant, c’est beau et c’est encourageant », ont-elles indiqué.
« Nous travaillons avec des adolescents qui sont entourés des TIC depuis qu’ils sont nés. Pour eux, c’est rassurant et il y a un climat de confiance. Il sera intéressant de faire un suivi auprès de leurs parents afin de voir quelles sont leurs craintes. Avec les projets pilotes, qui sont exploratoires, nous verrons de quelle façon nous pourrons faire en sorte ce que soit rassurant et bien fait aux yeux de tout le monde », ont-elles ajouté.
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Jean-François Ferland est rédacteur en chef adjoint au magazine Direction informatique.