Un compendium d’indicateurs de l’Institut de la statistique du Québec illustre l’importance accordée aux TIC au sein de l’activité scientifique et technologique, autant en chiffres qu’en recommandations pour l’établissement de nouveaux indicateurs. Survol.
L’Institut de la statistique du Québec a publié l’édition 2009 du Compendium d’indicateurs de l’activité scientifique et technologiques dont le thème est Quels seront les indicateurs de la science, de la technologie et de l’innovation du XXIe siècle? Ce document, qui est surtout destiné aux spécialistes du domaine de la statistique, traite d’une façon très détaillée d’un large éventail de sujets qui ont trait au domaine de la science, de la technologie et de l’innovation (STI).
Toutefois, ce document contient bon nombre d’observations et de tableaux qui sont consacrés aux technologies de l’information et des communications, ce qui démontre en quelque sorte le rôle important et croissant des TIC dans le paysage québécois.
Pour de nouveaux indicateurs
Dans une partie nommée Le nouveau cadre de l’innovation, l’évolution et la pertinence des indicateurs de STI, une observation de Peter Hanel, professeur au département d’économique à Université de Sherbrooke et au Centre interuniversitaire de recherche sur la science et la technologie (CIRST), illustre la présence intensifiée et l’omniprésence des TIC, tout comme le constat que ces dernières, en évolution, mériteraient de nouveaux indicateurs :
« […]L’apparition de nouvelles technologies d’usage universel comme les technologies d’information et de communication, les biotechnologies et les nanotechnologies transcende la classification sectorielle et industrielle utilisée par les agences statistiques pour leur collection et publication de données. Les phénomènes qui échappent encore complètement aux regards des statisticiens de STI sont les innovations par les usagers et les diverses formes de la science et de l’innovation ouverte. En informatique, les utilisateurs développent et perfectionnent des logiciels (LINUX, STAT)[…] »
D’ailleurs, en préambule du compendium, une importante partie des recommandations est consacrée à l’obtention de nouveaux indicateurs, de nouvelles mesures pour les TIC à propos des résultats ou comportements sociaux (santé et bien-être, emploi, modes de communication, réseaux sociaux, etc.), des fractures numériques des TIC (rural/urbain, sexe, âge, revenu, scolarité), des résultats économiques (incidence de la large bande, efficacité du commerce électronique, etc.) et des compétences en TIC qu’on identifie par l’expression « alphabétisation numérique ».
Le rapport recommande aussi la poursuite de l’élaboration d’outils et d’analyse, la poursuite de l’accroissement des capacités et des échanges d’information par le biais de groupes de travail internationaux ainsi que la construction à partir de liens et d’associations afin de comprendre des changements de comportement, des prises de décision, des résultats et des incidents à l’aide de types de données, d’approches analytiques et de techniques d’analyse différentes.
Quelques données
Le compendium de l’Institut de la statistique du Québec contient plusieurs données qui ont trait aux TIC.
Dans certains cas, les évocations aux TIC sont d’ordre général. Par exemple, pour les dépenses totales de recherche et développement de 51 industries au Québec entre 1999 et 2006, un tableau (pp.208-209) fournit des données pour les industries du matériel informatique et périphérique, du matériel de communication, des semi-conducteurs et autres composantes électroniques, des instruments de mesure et médicaux, des autres produits informatiques et électroniques et de la conception de systèmes informatiques et des services connexes.
Toutefois, un autre tableau qui est consacré aux dépenses en R&D intra-muros de 13 industries (p.214) donne un portrait un peu plus précis du secteur des TIC. Les données, qui proviennent d’une enquête de Statistique Canada, font état d’une progression en dent de scie des dépenses entre 2000 (3,6 G$) et 2006 (4,5 G$). Par contre, on remarque l’absence de quelques données annuelles pour certaines des industries.
Un tableau qui traite des incubateurs soutenant les entreprises en fonction des secteurs industriels (p.299) démontre également que les secteurs qui ont trait aux TIC sont multiples. Ce sujet a fait l’objet d’un article récemment dans Direction informatique.
Également, un chapitre complet (pp. 301) est consacré à l’utilisation d’Internet par les Québécois. On y compare le recours au Web au Québec avec la situation dans les autres provinces et à l’échelle canadienne à plusieurs égards, alors que les données traitent du branchement à domicile, de l’utilisation de la large bande, des activités en ligne et des commandes en commerce électronique.
Un tableau est notamment consacré à la préoccupation relative à la protection des renseignements personnels et de la sécurité sur Internet en 2005 et 2007 (p.314), où on remarque une diminution du nombre de personnes étant « très préoccupées » par certains des enjeux.
Les TIC et le capital de risque
Enfin, dans le dernier chapitre du compendium, dont le titre est Essentiel pour la commercialisation du savoir – Le capital de risque (p.316), Pascasie Nikuze de l’Institut de la statistique du Québec constate que le secteur des TIC a repris la première place au sein du capital de risque qui est investi au Québec. En 2008, les 157,5 M$ qui auraient été consacrés à cette industrie auraient constitué 45,1 % du total du capital de risque. Cette première place aurait été ravie au secteur des sciences de la vie (32,2 % du total du capital de risque), qui a trôné au sommet des investissements en 2006 et 2007.
Les investissements dans l’industrie de l’électronique et du matériel informatique, qui auraient fait l’objet d’une progression de 86 % entre 2007 et 2008 (23,4 M$ à 43,6 M$) expliqueraient cette remontée des TIC.
Toutefois, un graphique (p.321) démontre clairement que le capital de risque investi en TIC en 2008 serait de beaucoup inférieur à celui qui avait été investi entre 2000 et 2002 (51,5 M$, 53 M$, 50,2 M$). On y constate aussi que les investissements relatifs aux logiciels ainsi qu’à la communication et au réseautage sont moindres qu’au cours des belles années des TIC.
Jean-François Ferland est journaliste au magazine Direction informatique.