PRIMEUR – Dans quelques semaines, celui qui occupait depuis quinze ans le poste de rédacteur en chef du magazine Direction informatique relèvera de nouveaux défis à titre de président-directeur général de l’association industrielle Réseau Action TI. En entrevue, il partage ses intentions futures et fait un bilan du passé.
NDLR Il y a quelques jours, le rédacteur en chef du magazine Direction informatique, Patrice-Guy Martin, annonçait qu’il quitterait son poste sous peu. Après une période d’attente, il a dévoilé qu’il avait accepté l’offre d’un poste de président-directeur général au Réseau Action TI, une association de professionnels de l’industrie des technologies de l’information du Québec.
Avant de partir, M. Martin a accepté de nous accorder une entrevue à propos du nouveau mandat qu’il occupera, tout comme du mandat qu’il terminera dans quelques jours. Voici l’entretien.
Direction informatique (DI)Est-ce que l’offre du poste de président-directeur général du Réseau Action TI vous a surpris? Quels facteurs vous ont incité à accepter le poste?
Patrice-Guy Martin (PGM) Cela été une surprise dans un certain sens, parce que je n’étais pas à la recherche d’un emploi: on m’a approché pour me proposer ce nouveau défi. Le [Réseau Action TI] a pris un virage l’an dernier pour essayer d’ajouter beaucoup plus de contenu à ses positions, de prendre des positions publiques, d’être un outil pour valoriser la profession. Des articles ont été écrits dans Direction informatique à ce sujet. C’était une partie qui m’intéressait. Quand on m’a sollicité pour occuper le poste, ce sont ces éléments qui m’ont attiré. Je crois beaucoup en l’industrie des TI – cela fait une vingtaine d’années que je couvre cette industrie comme journaliste – et je pense que je retrouve dans cette organisation ce même intérêt pour l’industrie des TI qui constitue une pierre angulaire de l’avenir et du développement de l’économie du Québec.
Ce qui m’a attiré le plus est de permettre à l’industrie de prendre une meilleure place, de se développer, de valoriser la profession et de pouvoir prendre des positions publiques dans des dossiers qui sont importants pour le développement de l’industrie et de l’économie.
DI Le Réseau Action TI a fait récemment l’objet d’un repositionnement. Quelles sont les priorités sur lesquelles vous avez l’intention d’oeuvrer à court terme, dans le rôle de président-directeur général de l’organisation?
PGM Une des choses qui change avec ma nomination est que le directeur général est aussi le président de l’organisation, alors qu’avant il y avait un président du conseil général, qui était le président et le premier porte-parole. Maintenant, le président du conseil général devient comme un président de conseil d’administration, alors que j’occuperai le poste de président-directeur général. Ce que cela change est que le PDG de Réseau Action TI sera celui sur la première ligne: c’est moi qui prendrai des positions publiques, qui serai un intervenant plus présent sur la scène.
Comparativement à un directeur général qui serait plus à gérer l’organisation, le PDG sera sous les feux de la rampe. Cela concrétise le virage qu’a voulu prendre le réseau l’an dernier: quand on parle de prise de position publique, il faut un porte-parole qui soit toujours disponible, qui est prêt à prendre ces positions.
Au niveau des priorités, c’est un peu difficile [de me prononcer] parce que je ne suis pas encore en poste. Certes, je connais cette organisation parce que nous l’avons suivi comme média et que Direction informatique a été un partenaire dans un certain nombre d’activités, mais c’est certain qu’il y a des sujets avec lesquels je suis plus sensible. Par exemple, la relève en TI : le Réseau Action s’est récemment associé à des événements comme les Journées Carrières Technos. C’est le genre de dossier qui me tient beaucoup à coeur et qui tient à coeur l’organisation. C’est un dossier qui est dans le haut de ma liste.
DI Le Réseau Action TI veut prendre des positions publiques dans certains dossiers. Quelles audiences seront visées et quelle intention générale sera la plus profitable pour l’industrie des TI: la revendication, la sollicitation, la coopération ou bien toutes ces réponses?
PGM Personnellement, je vois mon rôle comme celui d’un catalyseur. Le réseau a des membres dans toutes les régions du Québec, qui sont en général des dirigeants des services informatiques et des professionnels qui sont d’ailleurs certifiés, puisque le réseau gère ce titre. Dans un premier temps, je pense que nous allons rassembler l’énergie des membres et voir quels sont les sujets principaux.
Quelle forme est-ce que cela prendra? Ça reste à voir. Mais quand on parle de prise de position publique, cela veut dire qu’on va se permettre d’intervenir dans des dossiers et des débats quand ça sera pertinent pour notre industrie.
On ne prendra pas des positions sur tout et n’importe quoi: ce sera ciblé. L’exemple de la relève des TI [en est un] où nous prendrons position. Il est sûr que le message ira dans le sens de favoriser la relève. Quelles actions poserons-nous particulièrement? Cela reste à définir. Parmi d’autres thématiques qui nous intéressent [il y a] la valorisation professionnelle. On entend très peu parler des informaticiens et de leur contribution stratégique à l’économie. Pour moi, je crois beaucoup que l’avenir de l’économie est numérique et le rôle des informaticiens et des professionnels en TI est de contribuer à cela. Nous prendrons des positions, sans doute, qui appuieront la valorisation du métier d’informaticien et de sa contribution à l’économie.
DI Il existe plusieurs associations et regroupements qui oeuvrent dans l’industrie des TI. Est-ce que l’interaction entre ces divers acteurs est optimale? Est-ce que le Réseau Action TI peut jouer un rôle fédérateur, en chapeautant les autres dans une structure, ou est-ce que ce rôle en est plutôt un d’interaction, sur un pied d’égalité, en incitant les autres à interagir davantage au sein d’un nuage?
PGM Il faut se rappeler que le Réseau Action TI s’appelait autrefois la Fédération de l’informatique du Québec. Dans les mots, il y a une différence d’approche: la “fédération” était peut-être un organisme fédérateur, alors que pour le “réseau” le rôle qu’on veut y donner, je crois, est beaucoup plus organique. C’est beaucoup plus “2.0” : je crois que le réseau peut jouer ce rôle de rassembler les énergies au moment opportun et participer à des initiatives à d’autres moments. Pour les Journées Carrières Technos, le réseau est partenaire de l’événement dont le “lead” a été pris par TechnoMontréal. Inversement, avec une initiative comme celle de la Personnalité du mois en TI au Québec, on rassemble d’autres organisations et associations professionnelles pour arriver à déterminer ensemble une personne dont les activités ont été marquantes au cours des derniers mois.
Je pense que le réseau va continuer d’assumer ce genre de rôle, alors que des partenariats se créent avec d’autres organisations. Les rôles sont assez complémentaires: nous représentons les professionnels des TI, alors que d’autres associations représentent les entreprises qui exportent ou développent les technologies, les informaticiens et informaticiennes indépendants […]. C’est certain qu’on peut voir le Réseau Action TI comme [une organisation qui] s’implique et travaille de concert avec d’autres organisations.
DI Vous avez travaillé durant quinze ans à titre de rédacteur en chef à Direction informatique. Si vous comparez la situation de l’industrie des médias dans le domaine des TIC à l’époque et maintenant, qu’est-ce qui a changé?
PGM En quinze ans, il y a eu beaucoup de consolidation. Il y a probablement moins de médias qui couvrent les technologies aujourd’hui qu’il y en avait à l’époque. J’ai touché à plusieurs des publications qui ont existé dans le monde des technologies de gestion. La plupart sont disparues sauf Direction informatique. Même en informatique des produits technologiques de consommation, il n’existe plus beaucoup de magazines qui couvrent ce secteur. C’est vrai qu’il y a de plus en plus de sites Web et de services Web qui couvrent ces sujets et l’accès à des milliers de sites qui nous permettent d’avoir de l’information.
Comme le reste des médias, on a probablement subi la “crise” des médias bien avant les autres, mais on était bien placés comme médias en technologies – Direction informatique comme d’autres, à prendre ce virage parce nous connaissions ces phénomènes. Direction informatique a été un des premiers magazines à avoir son site Web en 1995, tout de suite après Québec-Science et un paquet d’autres publications en technologies ont fait de même au cours des années qui ont suivi. […] Je pense que les médias verticaux sont mieux placés que les médias généralistes pour tirer leur épingle du jeu dans la situation que l’on traverse.
DI Quels sont les meilleurs souvenirs dont vous garderez de votre travail dans le domaine de l’édition, plus précisément à Direction informatique?
PGM [longue pause] Ce n’est sans doute pas particulier au monde des publications en informatique, mais l’aspect qui est le plus intéressant est que c’est en constant changement. Ce n’est pas quelque chose de statique, les technologies. Cela demande de travailler avec des personnes qui sont sensibles à cela, qui sont capables de suivre le changement et de s’en passionner. Pour suivre et comprendre, il faut travailler avec des gens de qualité pour pouvoir remplir le mandat, la mission qu’on s’est donné comme magazine, comme média, qui est utile pour nos lecteurs. Au cours des quinze, vingt ans que j’ai travaillé en technologies, en technologies d’affaires surtout, j’ai toujours travaillé avec des gens de qualité. […]
Je ne quitte pas Direction informatique parce qu’il y avait quelconque danger ou quoi que ce soit: après quinze ans, j’ai fait le tour et j’ai vu tout ce qu’on pouvait faire dans les médias en TI. Les défis sont intéressants, mais c’est surtout les gens qui animent une publication. Probablement le meilleur souvenir que j’en ai, c’est les gens avec qui j’ai travaillé.
L’auteur de ces lignes, par la présente, souhaite bonne chance à M. Martin quant aux défis qui s’offriront à lui dans son nouveau poste. Tant au niveau personnel que professionnel, il a joué un rôle déterminant dont l’appréciation est inestimable. Un grand merci!
Jean-François Ferland est journaliste au magazine Direction informatique.