7,9 milliards de dollars ont été dépensés en ligne par les québécois en 2013, selon un rapport publié par le CEFRIO en avril 2014. Entre 72 % et 80 % de cette somme a été dépensée sur des sites étrangers, hors Québec.
C’est un constat sans équivoque : nous manquons des opportunités d’affaires en ligne chaque jour, chaque heure, chaque seconde. Imaginez le manque à gagner que cela représente. Mais pour qui est réellement ce manque à gagner?
Comme à chaque sortie du rapport du Cefrio, on invoque régulièrement dans les médias, très rapidement et parfois de façon très simpliste, que « le gouvernement perd de l’argent », comprenez ici des revenus fiscaux. Or, le gouvernement ne perd pas d’argent à proprement dit, puisque son investissement dans le commerce électronique reste très faible à ce jour. Par contre, il est vrai de dire que le gouvernement ne fait pas d’argent, puisque le consommateur québécois ne s’acquitte pas toujours d’une quelconque taxe (taxe sur la valeur, l’achat, douane, etc.) lors d’un achat sur un site étranger.
Ce qui me semble beaucoup plus préoccupant pour l’économie, c’est que les commerçants en ligne du Québec ne font pas d’argent non plus lorsque qu’un consommateur achète à l’extérieur de la province. Le chiffre d’affaires qui leur échappe est très important. Dans une economie à l’échelle mondiale où acheter un produit ou un service est faisable de partout, dans un environnement hautement concurrentiel et agressif sur les prix et les délais de livraison, il devient donc difficile pour eux d’être ou de rester compétitif.
Les enjeux opérationnels auxquels les cybercommerçants québécois sont confrontés quotidiennement constituent aussi des défis : la logistique des marchandises, le prix du transport sur l’ensemble du territoire, les moyens de paiement, le marketing, les ressources humaines, etc. Les commerçants en ligne du Québec investissent beaucoup de temps et d’argent dans leur entreprise… mais le retour sur investissement n’est pas au rendez-vous pour tout le monde.
Ces cybercommerçants sont très motivés et courageux, certes, mais le « système D » ne peut pas, voire ne doit pas durer plus longtemps, pas quand l’economie mondiale du commerce électronique est en croissance dans tous les pays et dans tous les secteurs.
Saisir les opportunités
Nous ne devons pas laisser passer plus longtemps ces opportunités d’affaires.
Les consommateurs québécois sont en ligne, prêts et confiants. L’écosystème de fournisseurs (solutions de CMS, agences, consultants marketing, systèmes de paiement, services de transport et logistique, etc.) est bien en place. Ces fournisseurs ont un rôle à jouer des plus importants. Ils doivent comprendre et anticiper ce que peut devenir le commerce électronique au Québec demain, et prendre des risques aujourd’hui.
Ce qui manque? Des offres. En effet, il nous faut offrir aux consommateurs québécois une alternative complète, puissante et compétitive aux sites étrangers afin de leur proposer, a minima, plus de choix et la possibilité d’acheter ici.
Pour cela, il nous faut « plus » d’entrepreneurs en commerce électronique.
Récemment sont sortis les chiffres de la Fondation de l’entrepreneurship, avec « L’indice entrepreunarial québécois 2014 ». On remarque une progression de l’activité entrepreneuriale au Québec, ce qui est très encourageant, même si c’est à un rythme moins élevé qu’ailleurs. On remarque aussi que de plus en plus de jeunes sont sensibles à la relève d’entreprise.
Cela permet un optimiste certain, mais prudent. Les défis de financement et de gestion ne sont pas insurmontables, mais ils sont bel et bien présents.
Nous devons donc arrêter de nous comparer à nos voisins américains et européens et nous devons agir. Il faut soutenir nos marchands, pour favoriser leur développement économique sur leur marché local. Aussi, il faut les aider dans leur expansion internationale, le cas échéant, et inciter à l’entrepreunariat en commerce électronique en sortant de nos zones de confort « same old thinking, same old results ».
Il faut se doter, pourquoi pas, d’une vraie « stratégie d’affaires numériques », ce qui n’est pas dans les habitudes actuelles des entreprises – et encore moins de nos gouvernements.
L’avenir du commerce électronique du Québec passe par les points évoqués ci-dessus. La croissance de la population va aussi entrainer une hausse des acheteurs potentiels avec des marchés cibles. Aussi, la mobilité est actuellement en plein essor et un grand nombre de québécois disposent de trois « écrans » (l’ordinateur, la tablette numérique et le téléphone intelligent).
Le commerce électronique doit prendre sa place dans le paysage économique du Québec et les commerçants en ligne d’ici, en devenir les acteurs principaux.